De ses soixante années d'une carrière éclectique sur les écrans et les planches, le grand public se souvient surtout de quelques répliques devenues cultes : lorsque Marius est entré dans le chalet des Bronzés font du ski, il est aussi entré dans le coeur des Français.
Décédé le 2 juillet 2012 à l'âge de 88 ans, le comédien Maurice Chevit, récompensé en 2002 et 2005 du Molière du meilleur comédien dans un second rôle pour ses performances dans Conversation avec mon père de Herb Gardner et Brooklyn Boy de Donald Margulies, recevra probablement un hommage et un adieu très émus lors de ses obsèques, qui se dérouleront vendredi 5 juillet à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne), comme indiqué mardi par son fils Frédéric Chevit : "Une messe sera célébrée à 14h30 en l'église Saint-Pierre de Charenton-le-Pont où il vivait depuis 49 ans. Il sera inhumé au cimetière de Valmy", a précisé le fils du défunt.
Né à Paris le 31 octobre 1923, Maurice Chevit avait fait ses débuts face à la caméra au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans Le Père tranquille de René Clément, et avait enchaîné durant les deux décennies suivantes les petits rôles pour des cinéastes tels que Henri Decoin, André Cayatte, Costa-Gavras, Guy Lefranc ou Claude Berri. Ce faisant, le comédien étoffait intensivement son CV artistique sur les planches : de ses débuts au théâtre à la fin des années 1940 à sa dernière performance sur scène, en 2004 dans Brooklyn Boy de Donald Margulies, six décades et plus d'une cinquantaine de pièces (Miller, Shakespeare, Giraudoux, Brecht...) ont fait la démonstration de son talent multiple. Reconnu au cinéma alors qu'il a déjà la cinquantaine, à la faveur de son rôle du général Bauvergne dans Le Coup de Sirocco d'Alexandre Arcady et, surtout, de celui du truculent Marius, improbable petit ami, vétéran, marié et blagueur, de Christiane (Dominique Lavanant) dans Les Bronzés font du ski (1979) : spécialiste des perruques, postiches et toupets, il régala les convives avec ses révélations sur Marilyn Monroe, chauve "comme un oeuf" (elle tenait ça de sa mère), et le général de Gaulle, pour lequel il réalisa "un très joli bouc-roux", un peu moins avec sa blague vedette ("Quelle est le comble pour un fabricant de perruques ?") et son tour pendable du fil dentaire dans la fondue savoyarde... Un classique. On le retrouvera par la suite dans l'univers de Patrice Leconte pour Le Mari de la coiffeuse (1990), Ridicule (1995), La Veuve de Saint-Pierre (1998) et L'Homme du train (2002). On le voit encore chez Robert Enrico (De guerre lasse, 1987), Gérard Oury (Lévy et Goliath, 1987), Ariel Zeitoun (XXL, 1997), Emmanuel Finkiel (Voyages, présenté au Festival de Cannes 1999). Il avait fait en 2006 sa dernière apparition au grand écran, dans Le Pressentiment de Jean-Pierre Darroussin. Une collection de rôles attachants ou pittoresques qui se double de nombreuses participations en télévision, notamment à des épisodes des Cinq dernières minutes, mais aussi, plus récemment, à des téléfilms originaux (Les chiens ne font pas des chats, d'Ariel Zeitoun ; Haute Coiffure, de Marc Rivière ; En marge des jours d'Emmanuel Finkiel) ou sagas (Maigret, Joséphine, ange gardien).