Il y a dix ans, il glanait, après 55 ans de carrière sur les planches et les écrans, son premier Molière, distingué en 2002 meilleur comédien dans un second rôle pour Conversation avec mon père de Herb Gardner. L'acteur et dramaturge français Maurice Chevit, dont le grand public se souvient certainement au travers de ses rôles dans Le Coup de sirocco (1979) d'Alexandre Arcady et, la même année, Les Bronzés font du ski de Patrice Leconte, est mort à l'âge de 88 ans à Saint-Maurice (Val-de-Marne), indique l'AFP selon une annonce faite lundi par son fils Frédéric Chevit, ancien patron des sports de France Télévisions.
Né à Paris le 31 octobre 1923, Maurice Chevit avait fait ses débuts face à la caméra au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans Le Père tranquille de René Clément, et avait enchaîné durant les deux décennies suivantes les petits rôles pour des cinéastes tels que Henri Decoin, André Cayatte, Costa-Gavras, Guy Lefranc ou Claude Berri. Ce faisant, le comédien étoffait intensivement son CV artistique sur les planches : de ses débuts au théâtre à la fin des années 1940 dans plusieurs pièces de Jacques Audiberti, mais aussi dans Pepita ou Cinq cents francs de bonheur, une comédie en trois actes co-écrite avec Henri Fontenille et jouée avec Jacqueline Maillan et Pierre Mondy, à sa dernière performance sur scène, en 2004 dans Brooklyn Boy de Donald Margulies, pour laquelle il reçut en 2005 son second Molière du meilleur acteur dans un second rôle, six décades et plus d'une cinquantaine de pièces (Miller, Shakespeare, Giraudoux, Brecht...), des classiques comme des comiques, ont fait la démonstration de son talent multiple.
Reconnu au cinéma alors qu'il a déjà la cinquantaine, à la faveur de son rôle du général Bauvergne dans Le Coup de Sirocco et, surtout, de celui du truculent Marius, improbable petit ami, vétéran et blagueur, de Christiane (Dominique Lavanant) dans Les Bronzés font du ski (1979), on le retrouvera par la suite dans l'univers de Patrice Leconte pour Le Mari de la coiffeuse (1990), Ridicule (1995), La Veuve de Saint-Pierre (1998) et L'Homme du train (2002). On le voit encore chez Robert Enrico (De guerre lasse, 1987), Gérard Oury (Lévy et Goliath, 1987), Ariel Zeitoun (XXL, 1997), Emmanuel Finkiel (Voyages, présenté au Festival de Cannes 1999). Il avait fait en 2006 sa dernière apparition au grand écran, dans Le Pressentiment de Jean-Pierre Darroussin. Une collection de rôles attachants ou pittoresques qui se double de nombreuses participations en télévision, notamment à des épisodes des Cinq dernières minutes, mais aussi, plus récemment, à des téléfilms originaux (Les chiens ne font pas des chats, d'Ariel Zeitoun ; Haute coiffure, de Marc Rivière ; En marge des jours d'Emmanuel Finkiel) ou sagas (Maigret, Joséphine, ange gardien).