Le Festival de Cannes a perdu l'une de ses figures emblématiques... Son ancien président, Pierre Viot, est décédé jeudi 6 août à l'âge de 95 ans.
L'ancien conseiller à la Cour des comptes avait dirigé pendant plus de dix ans le Centre national de la cinématographie (CNC) de 1973 à 1984, avant d'être élu en 1985 à la présidence du Festival de Cannes, en remplacement de Robert Favre Le Bret. "J'ai vécu une grande passion, et cette passion ne me quitte pas", disait-il seize ans plus tard à l'AFP lors de son dernier Festival en juin 2000. Cannes, c'est d'abord "les films et les artistes", insistait-il alors avant de passer la main à Gilles Jacob, qui était jusqu'alors délégué général.
"De 1984 à 2000, j'ai travaillé avec Pierre Viot tous les jours. Il était notre président et mon cher complice. Protecteur d'une équipe soudée, il a apporté au Festival noblesse, élégance morale et sens de l'Etat", a réagi jeudi Gilles Jacob auprès de l'AFP. "Sa hauteur de vue, sa lucidité souriante, sa classe ont laissé une trace indélébile", a-t-il ajouté.
Gilles Jacob a également partagé son immense peine sur Twitter. "Pierre Viot n'est plus : je pleure un homme épatant et un ami cher. 15 ans de complicité à la tête du Festival de Cannes, il m'a soutenu avec une confiance, une connaissance des gens, une élégance morale. Dans les moments durs, il avait deux phrases : 'Ça ne se fait pas' et 'Hop ! On continue'. (...) Pierre Viot, c'était l'exigence morale, la droiture, le sens de l'Etat et du bien public, une puissance de travail, une compréhension des problèmes, une fidélité en amitié, un chef de bande dans le sens noble du mot : il obtenait le maximum de ses équipes. Adieu, Pierre et merci", a notamment écrit, avec beaucoup d'émotion, Gilles Jacob.
"Son histoire a croisé l'Histoire : de la Résistance en passant par l'ENA jusqu'à la Cinéfondation, ses dernières fonctions", a déclaré à l'AFP son fils François Viot.
A Cannes, il était le "garant juridique, économique, moral du Festival et en même temps la liberté d'esprit à Gilles Jacob pour faire passer le festival presque déjà dans le XXIe siècle", a de son côté commenté l'actuel président du Festival Pierre Lescure, saluant un homme d'une "modernité insensée". Mais "Pierre Viot, ça dépasse le Festival de Cannes. C'est 75 ans au service de la culture", a-t-il ajouté, soulignant son travail "phénoménal" au CNC, où "il a présidé à la nouvelle dynamique du financement du cinéma".
Pierre Lescure a également rendu hommage à Pierre Viot sur Twitter dans la soirée du 6 août. "Pierre Viot nous a quittés. Pendant plus de soixante ans, Pierre a été un acteur essentiel de la Culture française, pour le cinéma comme pour l'Opéra. Au CNC, puis au Festival (1984-2000), il a été le symbole, libre et généreux, de ce que la Haute Fonction publique a de meilleur. Il y a ce soir des milliers de créateurs, de gens de cinéma qui savent que l'avoir croisé leur a donné plus de liberté et d'élan. Pierre a joué un rôle majeur dans son beau duo avec Gilles Jacob. Thierry Frémaux, le Festival et moi le saluons. Toutes nos pensées à ses enfants", a écrit Pierre Lescure.
"C'est avec affection que je rends hommage à Pierre Viot, l'un de ceux qui avec un engagement public jamais démenti ont fait l'Histoire du Festival de Cannes", a salué le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux.
Dans les années 1980, Pierre Viot, énarque passé par la haute fonction publique, avait également présidé le conseil d'administration de l'établissement public chargé de construire l'Opéra Bastille.
La Palme d'Or est l'un des emblèmes du Festival de Cannes. Elle a été créée par Pierre Viot, comme le rappelle Chopard sur son site internet : "Tout a commencé en 1997, lorsque Caroline Scheufele rencontre Pierre Viot, alors directeur du Festival de Cannes. Tandis qu'elle examine avec beaucoup d'intérêt le trophée exposé dans son bureau, Pierre Viot lui propose d'en imaginer une nouvelle interprétation. Cette cinéphile se lance alors avec ferveur dans ce nouveau défi, mettant son inspiration et sa créativité sans limites au service d'une des récompenses les plus courues du septième art. Dès l'année suivante, lors de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes de 1998, la nouvelle Palme d'or est dévoilée sous sa forme actuelle." Depuis 1998, Chopard conçoit la Palme d'or dans ses ateliers, véritable pièce de joaillerie qui est une "référence directe aux palmiers de la célèbre Croisette et aux armoiries de la ville de Cannes évoquant la fameuse légende de saint Honorat, elle est constituée de 118 grammes d'or jaune 18 carats éthique, certifié Fairmined."