C'était Navarro, Raymond Bettoun, mais aussi le fameux "beauf" de François Mitterrand. Décédé hier, mercredi 11 février, à 89 ans, Roger Hanin laisse un vide pour de nombreux Français attachés à cet acteur populaire et généreux, mais également dans la famille du défunt président socialiste, avec laquelle, en tant qu'époux de Christine Gouze-Renal (soeur de Danielle Mitterrand, née Gouze), il a passé une grande partie de sa vie. Gilbert Mitterrand lui a rendu un vibrant hommage.
"Il a beaucoup compté dans notre vie de famille"
Ces dernières années, c'est devant la justice qu'ils ont surtout échangé. Mais ces querelles sont évidemment déjà oubliées pour Gilbert Mitterrand. Le fils cadet de François, âgé de 66 ans, préfère aujourd'hui se remémorer les nombreux moments de bonheur partagés autour de l'ancien président. "C'est une nouvelle triste parce que Roger Hanin a beaucoup compté dans notre vie de famille : on a beaucoup de souvenirs, il était très présent", a-t-il dit à l'AFP.
Comme beaucoup des gens ayant côtoyé Roger Hanin, Gilbert Mitterrand se souvient d'un homme charismatique, mais surtout chaleureux. "Il était dans la vie quotidienne, en famille, à l'image de ce qu'il était était dans son image publique", poursuit le frère de Jean-Christophe (68 ans), touché par ce décès qui le renvoie à sa tante Christine Gouze-Renal : "[elle] comptait beaucoup pour nous et était indissociable de ma mère, Danielle Mitterrand : c'était fusionnel entre elles."
L'adieu à Mitterrand et au PS
Entré dans le clan Mitterrand en 1959, en se mariant avec Christine Gouze-Renal, Roger Hanin était devenu une figure du mitterrandisme. Parmi les plus anciens du PS, comme Claude Bartolone, on a ainsi salué "le compagnon discret de François Mitterrand" et un "grand acteur" réprésentant la "chaleur, la vivacité et l'élégance des caractères méditerranéens". "C'était aussi cela, la saveur du monde de la Mitterrandie : c'était des personnages finalement très différents et qui réussissaient à composer un tableau très solidaire", a poursuivi le président de l'Assemblée nationale.
Entre le PS et Roger Hanin, les relations seront toutefois plus que tumultueuses après la mort de François Mitterrand. L'acteur pied-noir adhérera en effet au Parti communiste, pour lequel il appelera à voter aux présidentielles de 1995, 2002 et 2007. La raison ? Lionel Jospin, auquel le mythique Navarro ne pardonnera jamais son fameux appel au "droit d'inventaire" du parti. "J'ai aimé, j'aime toujours, je vénère François Mitterrand et quand je vois comment le PS s'est conduit avec François Mitterrand, qui l'a inventé, de manière aussi ignoble avec la notion de l'inventaire... L'inventaire, c'est grave, c'est quand quelqu'un est en faillite, c'est ce qui reste en magasin quand quelqu'un s'apprête à mourir et c'était le cas de François", dénonçait-il.
Roger Hanin attaque les fils Mitterrand
Au cours des deux septennats du président, Roger Hanin faisait partie du cercle très fermé des proches de Mitterrand, qui adorait les histoires du comédien et sa verve unique. Visage incontournable des années 1980 et 90, le mari de Christine Gouze-Renal, productrice au cinéma et à la télévision, réalisera même la fameuse cérémonie d'investiture de son beau-frère au Panthéon en mai 1981, avec Serge Moati.
Quelques années plus tard, la rupture se fera également avec les fils de François Mitterrand. La cause ? En 2013, en proie à de sérieuses difficultés financières, il les attaque pour obtenir le remboursement de 300 000 euros prêtés par son épouse à sa soeur Danielle afin de payer la caution de Jean-Christophe, emprisonné dans l'affaire de l'Angolagate en 2001. Il y a un an, le verdict du tribunal de grande instance de Paris avait condamné ce dernier à verser 38 112 euros de dommages et intérêts au comédien.
Les Bettoun, l'autre famille
Dans les années 1980 et 90, c'est une autre famille qui fera de Roger Hanin un acteur encore plus populaire : la famille Bettoun du film Le Grand Pardon (1981). Alexandre Arcady, réalisateur de ce Parrain à la française, qui connaîtra une suite en 1992, se souvient d'un acteur "de la même trempe que Gabin et Belmondo", mais aussi d'un homme particulièrement attachant. "Roger, c'était tous les héros de mes films, un homme entier, sans réserve, qui donnait à profusion, avec appétit de la vie à tous les niveaux. Il était gourmand de la vie", a ajouté le cinéaste, qui a également annoncé que l'acteur serait inhumé aujourd'hui à Alger, au cimetière israélite Saint-Eugène où repose déjà son père.