Le groupe britannique Muse a investi le Stade de France pour deux soirées explosives, les 21 et 22 juin, dans le cadre d'une tournée des stades pour leur sixième album, The 2nd Law. Emmenée par un Matthew Bellamy des grands soirs, la formation du Devon a enflammé l'antre francilienne où s'étaient donnés rendez-vous 160 000 fans répartis sur les deux soirs. Purepeople y était et vous raconte !
Grandiloquence à l'état pur
Trois ans après deux dates au Stade de France, Muse revient en terrain conquis. Une histoire d'amour qui perdure depuis la fin des années 1990 et le premier album de Muse, Showbiz, qui avait connu un vif et surprenant succès dans l'Hexagone. Quinze ans plus tard, le groupe est passé à une autre dimension, autrement plus spectaculaire que les intimistes concerts de la première heure. Mais les fans, eux, sont toujours aussi accro et le font savoir. Pour cette tournée intitulée "The Unsustainable Tour", les deux Stade de France ont affiché complet en quelques heures. Un exploit que le trio britannique n'avait même pas réussi à créer sur le territoire anglais.
Scène impressionnante, conduits factices menant vers des cheminées crachant flamme sur flamme, show lumineux et mise en scène millimétrée, Muse a offert un spectacle grandiloquent à la hauteur de cette réputation forgée au fil des années. Laquelle nous fait dire que Muse est probablement le meilleur groupe live. On est bien dans une toute autre conception de la musique, le pur entertainment où la musique est l'illustration d'un spectacle et non l'inverse.
En débutant son concert par Supremacy pour le terminer sur Starlight, Muse a conforté sa réputation de groupe mégalomane. Impossible de rester de marbre devant pareille débauche d'effets. Muse manie le frisson. En tête et dans son jardin, le fiancé de Kate Hudson et papa d'un petit Bingham s'annonce déjà en vainqueur. Le doigt en l'air, le leader au charme intact déclenche les cris passionnés de groupies. Mais il n'en restera pas à cette facilité. Ses doigts d'orfèvres iront tâter les cordes d'une guitare qu'il manipule comme personne, avant de pointer à nouveau vers le ciel de Saint-Denis, sous une pluie d'applaudissements.
Une pluie de tubes et d'artifices
Entre-temps, Muse aura empilé les tubes, des plus anciens (Deadstar, Plug in Baby, New Born) aux nouveaux (Madness, Follow Me), fait danser François Hollande et Barack Obama sur Panic Station, cracher de faux billets à l'effigie du groupe dans le très critique Animals, enflammé le stade avec l'épique Survival (hymne des JO de Londres 2012, NDLR), fait boire de l'essence à une femme col blanc pendant Feeling Good, jouer Blackout pendant qu'une acrobate danse gracieusement au bout d'une ampoule géante volant au-dessus de la pelouse ou encore défier un robot géant (5 mètres) en fer blanc sur la tonitruante Unsustainable. Vous pouvez reprendre votre respiration.
2h15 de concert, 27 titres égrenés à une cadence quasi-infernale, Muse aura livré la copie parfaite, n'en déplaise aux détracteurs qui ne manqueront pas de souligner le trop-plein de spectacle dénaturant l'essence même de la musique. Muse a pris un autre chemin, a renouvelé l'idée du show rock, et s'est installé comme l'un des ambassadeurs de la culture anglaise. On aura beau dire, dans une époque où le mot crise résonne quotidiennement, remplir ses stades pour servir un spectacle si abouti n'est pas donné à n'importe quel autre artiste. C'est une autre notion du plaisir mélomane, et ça, Muse la maîtrise à merveille.
Christopher Ramoné