En France, l'exception culturelle tant mise en avant permet une liberté quasi sans égale. Mais épinglée au sein de cette liberté choyée, la violence sous toutes ses formes est à nouveau au centre de toutes les discussions. Dans Le Parisien du 2 juin, au milieu d'une double page autour du thème de l'exposition aux enfants de la violence, on apprenait qu'Aurélie Filippetti avait volé au secours de Ryan Gosling et du film Only God Forgives, permettant au long-métrage de Nicolas Winding Refn d'être à nouveau réexaminé, à la demande du distributeur et de la ministre de la Culture. Au final, "d'un cheveu", nous dit-on, Only God Forgives héritera d'une interdiction aux moins de 12 ans, et non 16 ans comme décidé à la première réunion de la Commission de classification des oeuvres cinématographiques. "C'est une oeuvre d'art, où la violence est stylisée", se défend le distributeur du film, Wild Side.
Toujours dimanche, sur France 5, Ségolène Royal s'est insurgée contre cette décision de la Commission et l'engagement d'Aurélie Filippetti auprès d'Only God Forgives. "Je regrette qu'Aurélie Filippetti ait fait déclasser un film ultraviolent, qui était interdit au moins de 16 ans [...] sous la pression des producteurs", a accusé l'ex-candidate à l'Elysée. La présidente du conseil régional de Poitou-Charentes va encore plus loin, assurant qu'on ne "peut pas à la fois faire les bénéfices liés à des films familiaux et en même temps polluer les jeunes avec des scènes d'une extrême violence". "On n'a pas le droit de faire des choses pareilles et maintenant, c'est interdit aux moins de 12 ans !", s'est exclamée Ségolène Royal, qui a notamment par le passé été ministre déléguée de l'Enseignement, puis à la Famille et à l'Enfance.
Du côté de la rue de Valois, on se défend d'avoir épaulé le film reparti bredouille de la compétition officielle du Festival de Cannes. "La ministre n'est en l'occurrence aucunement intervenue pour faire changer le visa donné par l'assemblée plénière de la Commission de classification des oeuvres cinématographiques le 23 avril lors du premier examen", argue le ministère, contrant ainsi les propos rapportés par Le Parisien.
La polémique enfle et pourrait faire connaître à Nicolas Winding Refn un nouvel affront, lui qui avait déjà vu son Drive frappé d'une interdiction aux moins de 16 ans après une étude du CSA dans le cadre de sa diffusion à la télévision.