Malgré toutes les bonnes volontés qui se manifestent, les signaux ne prêtent guère à un optimisme échevelés, à huit semaines de la conférence pour le climat COP21, déterminante pour l'avenir de la planète. S'il ne cache pas son angoisse d'accords a minima qui ne seraient qu'un échec de plus dans la préservation par l'Homme de son habitat et sa mère nourricière, le prince Albert II de Monaco ne perd pas d'énergie à douter : il la consacre toute entière à cette course contre-la-montre.
Une semaine après son week-end consacré à la défense des océans à Estoril, au Portugal, à l'invitation du prince Charles-Philippe d'Orléans et de son épouse la duchesse Diane de Cadaval, et à quelques heures de son déplacement en Amérique du Sud, où il doit participer en début de semaine prochaine à Valparaiso (Chili) à la première édition de la conférence Notre océan, le souverain monégasque remettait vendredi soir (2 octobre 2015) les prix de sa Fondation Prince Albert II de Monaco dédiée à la protection de l'environnement et plus spécifiquement à celle du milieu marin.
Pas interdit de penser que nous allons gagner
Heureux de pouvoir fédérer et juguler les acteurs du changement, le prince Albert s'est réjoui de pouvoir rendre "hommage à celles et ceux qui nous inspirent et nous montrent le chemin", en distinguant cette année trois protagonistes du combat environnemental lors de la cérémonie qu'il présidait au Grimaldi Forum : Emmanuel de Merode s'est vu remettre le Prix de la Biodiversité pour son action en faveur de la protection et la survie des gorilles de montagne dans la réserve du parc de Virunga au Congo, Bill McKibben a été récompensé par le Prix du Climat, et Loïc Fauchon, président de la Société des Eaux de Marseille (Sem), a accepté le Prix de l'Eau. "Chacun de ces regards sont autant de raisons de ne pas baisser les bras et nous montrent qu'il n'est pas interdit de penser que nous allons gagner", a voulu positiver le chef d'Etat monégasque, qui a également accueilli sur scène dix jeunes chercheurs lauréats de bourses d'études. Nice-Matin rappelle que, depuis sa création en 2006, la Fondation Prince Albert II de Monaco "a soutenu 350 projets, pour environ 33 millions d'euros engagés". Dans l'après-midi précédant la cérémonie, le conseil d'administration de l'organisme avait voté un budget de 2 millions d'euros pour une quinzaine de projets environnementaux dans l'Océan Indien, au Maroc ou au Guatemala.
L'occasion était idéale pour que Jacques Perrin et Jacques Cluzaud dévoilent en avant-première leur nouveau documentaire à grand spectacle, Les Saisons. Le fameux tandem de réalisateurs auquel on doit les marquants Le Peuple migrateur (2001) et Océans (2010) - ainsi que le tout aussi indémodablement beau Voyageurs du ciel et de la mer pour le Futuroscope - se concentre cette fois sur la nature et les espèces animales des forêts, espérant provoquer "un échange et une compassion entre le sujet et le spectateur". Une expérience à vivre dans les salles obscures à partir du 13 décembre. Soit quelques jours après la COP21...
Le prince Albert II de Monaco a préparé le terrain avec une formidable tribune dans Paris Match, un long entretien qui lui a permis de développer sa vision, son message, ses attentes, ses craintes et ses colères. Au nombre de celles-ci figure notamment "l'engrenage irresponsable de la surpêche", sujet centrale de la conférence à laquelle il doit prendre part au Chili. "C'est l'une des dernières opportunités, a-t-il alerté, qui se présentent pour prendre des mesures et tracer une voie pour l'avenir (...) Le constat est alarmant, certes, mais nous devons garder espoir. Si tous les experts s'accordent à penser qu'il reste une chance, il faut la saisir. Sachant que si l'on ne règle pas le problème, la planète s'en chargera elle-même."