Après une soirée hollywoodienne à Toronto orchestrée par Lady Monika Bacardi, une soirée James Bond au Portugal avec un couple princier. Samedi 26 septembre 2015, le prince Albert II de Monaco ressortait son noeud papillon du côté d'Estoril pour répondre à l'aimable invitation du prince Charles-Philippe d'Orléans et de sa femme la princesse Diana, membre de la Maison royale du Portugal.
Le duc d'Anjou et la duchesse de Cadaval, qui se sont mariés en 2008 à Evora, organisent chaque année à cette période un week-end d'activités à des fins caritatives, dont le Bal de la Riviera est le point culminant. Après avoir accueilli en 2014 le prince et la princesse Michael de Kent autour d'un hommage à l'auteur Ian Fleming, c'est le souverain monégasque et sa Fondation Prince Albert II de Monaco qui étaient cette fois à l'honneur de la grande soirée de bienfaisance, dimanche soir au Casino d'Estoril. La journée avait été largement dédiée à la préservation du milieu marin, préoccupation première de l'organisme du prince Albert, puisqu'une conférence sur le thème des océans et leur rôle dans l'équilibre de la planète au cours de laquelle il intervenait se tenait dans la matinée au Musée de la Mer de Cascais, suivie d'un déjeuner au Fort de la Croix, à Estoril, résidence de Diane de Polignac, marraine du prince héréditaire Jacques de Monaco. "C'est un enfant mignon, Albert m'a montré des photos parce que cela fait longtemps que je ne l'ai pas vu", a-t-elle confié.
Le Bal de la Riviera 2015, axé sur la passion commune pour la mer d'Albert et du roi Charles Ier de Portugal (1863 - 1908), rassemblait pas moins de 420 invités de marque de diverses nationalités et a permis de lever, notamment grâce à une vente aux enchères, 250 000 euros au profit des actions de la Fondation Prince Albert II de Monaco. Le prince a par ailleurs reçu des mains de l'artiste Joana Vasconcelos un prix en reconnaissance de son engagement en faveur de l'environnement, sous le regard de Marie-Gabrielle de Savoie (fille du roi Umberto II), Michel de Yougoslavie, la princesse Lea de Belgique, le prince Gueorgui Romanov (fils de la grande-duchesse Maria Vladimirovna de Russie), la princesse Ira von Furstenberg, ou encore le designer Philippe Starck, avec sa femme Yasmine, Adel Kachermi (ex-2Be3 reconverti dans la conciergerie de luxe), la princesse Isabella Orsini et le prince Edouard Lamoral de Ligne-La Trémoille et l'incontournable Stéphane Bern.
Le prince Albert II de Monaco réitère et développe sa profession de foi dans le nouveau numéro de Paris Match, en kiosques ce jeudi, dont il fait la couverture : on l'y voit en famille, le prince Jacques dans les bras et la princesse Charlene à ses côtés avec la princesse Gabriella dans les siens, contemplant un aquarium lors d'une visite au Musée océanographique de Monaco. Dans un entretien exclusif avec l'hebdomadaire, le souverain monégasque plaide gravement en faveur de l'environnement, à l'orée d'une Conférence sur le climat à Paris - COP21 - dont il sera l'un des 196 signataires et qu'on espère (enfin) décisive : "C'est l'une des dernières opportunités qui se présentent pour prendre des mesures et tracer une voie pour l'avenir (...) Le constat est alarmant, certes, mais nous devons garder espoir. Si tous les experts s'accordent à penser qu'il reste une chance, il faut la saisir. Sachant que si l'on ne règle pas le problème, la planète s'en chargera elle-même."
Facile à dire, plus dur à faire
Identifiant "des signaux un peu plus encourageants" en provenance de grandes puissances telles que les Etats-Unis ou la Chine, le chef d'Etat qu'il est déplore le manque de courage et l'hégémonie des considérations économiques qui freinent "le développement d'énergies renouvelables ou de nouvelles technologies environnementales [qui] peut générer de l'emploi". "Personne ne veut se lancer dans des initiatives trop impopulaires", résume-t-il, s'efforçant de croire que la COP21 n'est pas condamnée à un "échec retentissant" : "Même si l'on ne parvient pas à l'accord le plus contraignant, il faudrait au moins une lueur d'espoir, avec l'établissement de restrictions et de quotas un peu plus sévères." La principauté, pour sa part, veut atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050, et réduire de plus de la moitié ses émissions de gaz à effet de serre avant 2030.
Comme beaucoup de pionniers de la question environnementale, le prince Albert II de Monaco assène qu'il faut apprendre à "consommer différemment" : "Changer de mentalité, accepter de se priver, c'est facile à dire, plus dur à faire", admet-il. Mais le spectacle désolant qui se joue devant ses yeux, devant nos yeux à tous, devrait éveiller les consciences, comme il le suggère en prenant l'exemple des dommages décelables à l'oeil nu (acidification de l'eau de mer, surpêche) : "La mer est beaucoup moins poissonneuse que dans mon enfance (...) Ce serait triste d'être obligé d'aller dans les aquariums pour voir les derniers spécimens vivants d'espèces qui auraient disparu (...) Un tiers des aliments produits n'arrivent jamais dans notre assiette ! C'est un engrenage irresponsable. (...) On nous a laissé croire que les produits de la mer étaient intarissables. Désormais, on sait que si l'on ne fait pas l'effort de respecter des quotas, dans moins de quarante ans il n'y aura plus assez de poissons pour nous nourrir", s'insurge-t-il.
"Cent ans, c'est pratiquement demain", avertit le prince Albert, refusant de penser qu'on puisse laisser un monde de pénuries et de conflits à "nos enfants et ceux qui les suivront". Lui-même est père, et, à ce titre, c'est aussi pour le prince Jacques et la princesse Gabriella qu'il se démène : "Nous allons tout faire pour que nos enfants soient bien éduqués et informés de ces enjeux. Peut-être, au cours de leur vie, passeront-ils par différentes phases, différentes aspirations, mais j'espère que cette génération qui va nous succéder gardera toujours à l'esprit ce sujet grave et urgent", confie-t-il, signalant par ailleurs le lancement prochain, avec la fondation de la princesse Charlene et la sienne, d'une opération pour la propreté des plages.
A noter, en lien avec les merveilles du monde marin, que le prince Albert était mercredi 30 septembre de retour à Paris. Une semaine et demie après avoir été accueilli à Matignon par Manuel Valls dans le cadre des Journées du Patrimoine à l'occasion du tricentenaire du mariage de la princesse Louise-Hippolyte de Monaco et de Jacques IV de Matignon, il s'est rendu au Muséum National d'histoire naturelle de Paris pour y découvrir une nouvelle espèce de crabe trouvé en Papouasie Nouvelle-Guinée lors d'une expédition marine dirigée par Philippe Bouchet avec le soutien de la Fondation Prince Albert II de Monaco, un micro-crabe qui a été baptisé "Actaea Grimaldii".
G.J.