Cette fois, le prince Harry est allé au bout. Deux ans après avoir dû écourter son périple polaire, alors en Arctique, pour pouvoir assister au mariage de son frère le prince William et sa belle-soeur Kate Middleton, le fils cadet du prince Charles a atteint vendredi 13 décembre 2013 à 12h48 le pôle Sud, objectif de son expédition au profit de l'association Walking with the Wounded qu'il soutient.
Après un démarrage ardu, entre un orteil cassé pour le prince Harry et une météo défavorable qui a différé l'arrivée des équipes en Antarctique et le départ de la course, le Virgin Money South Pole Allied Challenge 2013 s'est déroulé idéalement et s'est même achevé dans des délais plus courts que prévus (l'arrivée ayant été initialement estimée autour du 17 décembre), du fait notamment de l'abandon d'une partie du défi en raison du "terrain difficile". Mais non sans efforts opiniâtres pour couvrir les 200 kilomètres de l'expédition (au lieu des 335 prévus) dans des conditions extrêmes, par des températures moyennes autour de -35 °C et des vents incessants, et en tractant chacun un paquetage de 70 kilos.
Engagé au sein de la formation britannique, le Team Glenfiddich, aux côtés de quatre blessés de guerre amputés d'au moins un membre, le prince Harry a planté le drapeau de la Grande-Bretagne à 12h48 vendredi, ont annoncé les organisateurs. À quelques heures du dénouement, dans le blog audio qu'il tenait comme un journal de bord du trek, le petit-fils de la reine Elizabeth II déclarait mercredi : "Le vent s'est calmé, c'est une bonne chose. Je pense que tout le monde se sent un peu fatigué, mais s'adapte progressivement au rythme. On commence seulement à prendre le rythme alors que c'est presque la fin. Encore une demi-journée vendredi et nous atteindrons le pôle Sud vendredi 13, jour de malchance pour certains, mais de chance pour nous." La Team Glenfiddich et ses rivales, la Team Noom Coach (États-Unis) menée par l'acteur Alexander Skarsgard et la Team Soldier On (Commonwealth) menée par Dominic West, ont achevé ensemble ce qui était initialement pensé comme une compétition. Un aspect abandonné en raison de l'état de fatigue, physique et psychique, de certains des participants face aux conditions topographiques très difficiles. Le prince Harry a-t-il quand même payé la bière qu'il avait promise en cas de victoire de son équipe ?
Parrain de la course et admiratif envers ces douze vétérans de guerre (quatre dans chaque équipe) qui donnent une leçon de courage exceptionnelle en relevant le défi, Harry, qui a fini le trek tout barbu, a observé : "Je crois qu'une fois rentré à la maison, chacun savourera le fait que parcourir 100 kilomètres dans ces conditions quand on n'a pas de jambes est une prouesse sacrément impressionnante en soi."
L'expérience aura marqué à vie chacun des participants, comme en témoigne le dernier post en date (13 décembre) d'Alexander Skarsgard, très touchant, sur le site de l'initiative.
Dans son message final après l'arrivée, le prince Harry déclare : "Là où je me trouve, nous sommes à environ 10 mètres du pôle. Tout le monde est un peu dispersé, là, ça fait environ 20 minutes, une demi-heure peut-être, que nous sommes ici. C'est une sensation incroyable, vraiment. Chacune de ces douze personnes le mérite. Je veux dire, vous voyez, Duncan, c'est tout simplement incroyable le fait qu'un homme sans jambes ait réussi et l'ait fait dans un en temps record, sans aucun doute. Et Ivan aussi, quand je le vois se faire guider, totalement aveugle, venant d'Amérique, et qui déteste le froid, et on sait qu'il ne le fait pas pour lui, il le fait pour ses potes au pays, et c'est pareil pour tout le monde, pour tous ceux qui sont ici. Tous les douze, ils ont des raisons différentes d'être ici. (...) Cela prouvera à chacun qu'il y a tant de choses qui s'avèrent possibles quand vous pensez pourtant qu'il n'y a plus rien à espérer (...) Quel exploit ! Je crois que nous allons boire quelques whiskies ce soir, et puis chacun rentrera chez soi. Mission accomplie."