Jean-Michel Muglioni est un homme en colère. La faute en incombe à Rama Yade, ancienne secrétaire d'État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l'homme, puis du Sport.
Mais qu'a donc fait la jeune femme pour mettre en colère le professeur de philosophie et vice-président de la Société Française de Philosophie, qui se dit aujourd'hui "scandalisé" ? Dans son dernier ouvrage, Plaidoyer pour une instruction publique, dont les bonnes feuilles avaient été publiées dans Marianne du 5 novembre, Rama Yade aurait plagié des pans entiers de textes de Jean-Michel Muglioni...
L'homme s'en est rendu compte dès la sortie de l'hebdomadaire et a pris contact avec ce dernier. Auteur de plusieurs publications et de nombreuses analyses sur la crise de l'école de la République publiées sur le site Mezetuelle.net, il dénonce avec force le procédé employé par Rama Yade. Et après analyse, il apparaît en effet qu'au moins à six reprises des extraits de son oeuvre apparaissent mot pour mot dans le livre Plaidoyer pour une instruction publique. "Du copié-collé", comme il l'a expliqué ce samedi sur France Inter. Le site Marianne.fr a également reconnu le procédé et donné la parole au plagié : "Il n'est pas seulement question d'un mot, d'une expression ou d'une tournure... mais de phrases entières qui ont été recopiées mot pour mot, sans guillemets !" Les extraits que dévoile Le Parisien ne laissent pas penser autrement...
De son côté, Rama Yade récuse les accusations de plagiat, arguant d'une "erreur de forme", affirmant "s'être trompée en rédigeant la bibliographie", confondant l'auteure du blog-revue Mezetuelle.net et les contributeurs. Elle aurait donc indiqué que Catherine Kintzler était l'auteure des lignes incriminées en faisant référence à son unique ouvrage, Condorcet, l'instruction publique et la naissance du citoyen paru en 1984 ! Par ailleurs, elle estime "qu'il n'est pas possible de citer tous les textes trouvés sur Internet" et "est persuadée que l'on peut reprendre à son compte une idée, une tournure de phrase ou une expression", comme l'explique Marianne. Certes. Mais en introduisant les guillemets, ce qui est loin d'être le cas dans son livre...
Ce matin sur France Inter, l'ancienne secrétaire d'État a une fois de plus tenté de se justifier. "Je pensais que l'auteur du blog était l'auteur des écrits", a-t-elle expliqué, tout en proposant de réparer l'erreur dans la prochaine édition.
Une proposition rejetée par Jean-Michel Muglioni, qui, mercredi 9 novembre, demandait à la maison d'éditions Grasset de retirer le livre de la vente...