Après Samantha Geimer et Charlotte Lewis, c'est au tour d'une troisième femme d'accuser le réalisateur Roman Polanski d'agression sexuelle. Identifiée sous le prénom Robin, cette femme a déclaré lors d'une conférence de presse à Los Angeles mardi 15 août qu'elle avait été "abusée sexuellement" par le célèbre cinéaste franco-polonais lorsqu'elle avait tout juste 16 ans, en 1973.
"Le lendemain, j'ai dit à un(e) ami(e) ce que M. Polanski m'avait fait, a-t-elle expliqué en lisant une déclaration. Mais la raison pour laquelle j'ai gardé cela pour moi, c'est que je ne voulais pas que mon père fasse quelque chose qui aurait pu l'envoyer en prison pour le reste de sa vie", a-t-elle ajouté. L'avocate Gloria Allred, qui représente Robin, a précisé que l'agression avait eu lieu dans le Sud de la Californie, mais que sa cliente ne donnerait pas plus de détails.
Mais qu'est-ce qui a décidé cette femme à sortir de son silence plus de quarante ans après les faits ? La nouvelle accusatrice du metteur en scène de Rosemary's baby et de Chinatown a expliqué qu'elle avait été motivée par l'attitude de Samantha Geimer, la victime au centre de l'affaire de viol sur mineur, qui a enjoint, début juin, les autorités à clore le dossier. Geimer avait déjà pardonné publiquement à son agresseur mais c'est la première fois qu'elle formulait cette requête. Une demande à laquelle le procureur s'est jusqu'ici opposé.
Bien qu'il y ait prescription sur son cas, la dénommée Robin pourrait être appelée à témoigner lors d'un futur procès, a fait valoir Mme Allred, avocate spécialisée dans les affaires d'agressions sexuelles qui était aux côtés de l'actrice britannique Charlotte Lewis, lorsque cette dernière avait révélé en 2010 que le réalisateur l'avait forcée à avoir une relation sexuelle lorsqu'elle avait 16 ans.
Depuis plus de quarante ans, le cinéaste, qui aura 84 ans vendredi, est accusé d'avoir drogué Samantha Geimer quand elle avait 13 ans, et de l'avoir violée dans la maison de Jack Nicholson à Los Angeles en 1977 pendant que l'acteur était en voyage. À l'époque, Roman Polanski avait reconnu avoir eu des relations sexuelles illégales avec une mineure et, en échange, le juge avait accepté de ne pas retenir d'autres chefs d'inculpation plus graves, notamment le viol avec fourniture et usage de drogue. L'accord juridique avait été obtenu avec le consentement de la famille de la jeune victime et de ses avocats. Après 48 jours en détention pour subir un examen psychologique, il avait été libéré pour terminer un tournage. D'après des documents déposés par son avocat Harland Braun, Polanski avait obtenu par le juge en charge de l'affaire que les sept semaines qu'il avait déjà passées en détention seraient sa seule peine d'incarcération. Mais en 1978, convaincu que le juge allait revenir sur cette promesse et l'envoyer en prison, pour peut-être des décennies, il avait fui le pays pour la France. Depuis, le cinéaste qui s'est marié à l'actrice Emmanuelle Seigner avec qui il a eu deux enfants, a toujours refusé de retourner aux États-Unis sans assurance qu'il ne serait plus emprisonné.