Selon plusieurs médias polonais, le réalisateur et metteur en scène Roman Polanski, 81 ans, aurait fait l'objet d'une tentative d'arrestation dans le cadre d'une affaire de moeurs remontant à 1977. Depuis cette date, la justice américaine n'a de cesse de traquer l'artiste polonais et auteur du Bal des Vampires (dont la comédie musicale se joue actuellement au Théâtre Mogador) et aurait à nouveau essayé cette semaine de faire arrêter Roman Polanski, information que l'AFP a reprise du quotidien Gazeta Wyborcza, avant de préciser que le cinéaste a été entendu par un procureur polonais à la demande des États-Unis, mais a ensuite été libéré.
C'est un cercle vicieux qui semble interminable. À chaque fois que le réalisateur Roman Polanski quitte le territoire français, où il est protégé de toute extradition, il risque une arrestation. En Pologne, où il s'était en rendu pour assister à l'inauguration du Musée d'Histoire des Juifs de Pologne – lui qui a signé l'un des plus beaux films sur cette communauté, Le Pianiste –, Roman Polanski a manqué de se faire arrêter.
Le prolifique réalisateur, époux de l'actrice Emmanuelle Seigner, est recherché par la police américaine pour des relations sexuelles illégales avec une mineure, Samantha Geimer, 13 ans au moment des faits. "À cette époque, il m'a été très difficile de me persuader que c'était mal, confiait-il en 2009 à ABC. Je pensais que personne n'en avait souffert. Plus tard, j'ai réalisé que ce n'était pas bien de faire ça mais il n'y avait aucune préméditation, c'est juste arrivé comme ça..." Constamment rattrapé par cette affaire, Roman Polanski n'a jamais voulu se rendre à la justice américaine, malgré les demandes de Samantha Geimer, elle qui assurait que "tout homme, même lui, a droit à un procès équitable", alors qu'elle sortait à l'automne dernier un livre intitulé La Fille. Ma vie dans l'ombre de Roman Polanski. Se confiant alors sur cette histoire passée à Vanity Fair, le cinéaste assurait : "Je la regrette. Mais elle me rattrape sans cesse."
Le réalisateur de The Ghost Writer et dernièrement de La Vénus à la fourrure avait été arrêté en 2009 à Zurich, où il était allé recevoir un prix, puis assigné à résidence en Suisse pendant quelques mois, mais il n'avait pas été extradé. En 2010, le procureur général polonais avait déjà assuré que Roman Polanski ne pourrait être extradé, car le geste qui lui est reproché est dans la loi polonaise couvert par la prescription. Venu incognito en Pologne en 2011 sans être inquiété, Roman Polanski aurait pu penser pouvoir désormais mener une vie normale. Récemment, c'est pourtant bien une demande d'interpeller Polanski qui a été formulée au procureur général de Pologne, lequel a tout d'abord refusé car celle-ci ne remplissait pas l'un des critères de base, à savoir être formulée en polonais. Quand bien même Roman Polanski viendrait à être sérieusement inquiété en Pologne par l'action des États-Unis, il pourrait regagner rapidement la France, où il réside, avant même que la procédure d'interpellation n'aboutisse en Pologne.
Entendu ce jeudi à Cracovie, Roman Polanski a été laissé en liberté, confirme un porte-parole du parquet. L'intéressé a donné des garanties suffisantes concernant son lieu de séjour et la possibilité de le contacter pour que son interpellation ne soit pas jugée nécessaire. "Le procureur a entendu Roman P., qui a refusé de répondre à ses questions concernant l'acte", alors que le réalisateur s'est lui "engagé à se présenter à chaque demande du parquet et du tribunal", évitant ainsi la détention provisoire. "M. Polanski est un citoyen libre et peut voyager librement" a souligné ce porte-parole, précisant aux journalistes que le parquet n'avait pas reçu officiellement de demande d'extradition de la part des Américains, et ajoutant que, formellement, "l'extradition est possible" malgré la prescription en Pologne.