La justice polonaise a tranché. Le tribunal régional de Cracovie a refusé vendredi l'extradition depuis la Pologne de Roman Polanski aux États-Unis, en dépit de l'absence du cinéaste franco-polonais. Ce dernier, accusé de viol sur mineure et qui fait l'objet d'une nouvelle tentative d'arrestation dans le cadre d'une affaire de moeurs remontant à 1977, ne répondra pas de ses actes devant la justice américaine. "Le tribunal a conclu à l'inadmissibilité d'extradition aux Etats-Unis du citoyen polonais et français Roman Polanski", a déclaré devant la presse le juge Dariusz Mazur. Ce verdict n'est toutefois pas immédiatement applicable. Le parquet polonais qui représente la requête américaine pourra saisir encore une fois la cour d'appel.
Depuis 1977, la justice américaine n'a de cesse de traquer le réalisateur du Pianiste et auteur du Bal des Vampires. Lors de la dernière tentative américaine d'appréhender Polanski, le cinéaste avait été entendu par un procureur polonais à la demande des États-Unis, mais avait ensuite été libéré. En Pologne, où il s'était rendu pour assister à l'inauguration du Musée d'Histoire des Juifs de Pologne, Roman Polanski avait manqué de se faire arrêter.
En somme, à chaque fois que le réalisateur Roman Polanski quitte le territoire français dont il est citoyen, où il est protégé de toute extradition, il risque une arrestation. Le mari de l'actrice Emmanuelle Seigner est recherché par la police américaine qui l'accuse d'avoir eu des relations sexuelles illégales avec une mineure, Samantha Geimer, 13 ans au moment des faits. "À cette époque, il m'a été très difficile de me persuader que c'était mal, avait-il avoué en 2009 à ABC. Je pensais que personne n'en avait souffert. Plus tard, j'ai réalisé que ce n'était pas bien de faire ça, mais il n'y avait aucune préméditation, c'est juste arrivé comme ça..."
Même s'il avait avoué à demi-mot, Roman Polanski n'a jamais voulu se rendre à la justice américaine, malgré les demandes répétées de Samantha Geimer, elle qui a déclaré que "tout homme, même lui, a droit à un procès équitable". La victime avait notamment sorti un livre choc intitulé La Fille. Ma vie dans l'ombre de Roman Polanski, où elle racontait sa vie depuis ce moment-là. Quant au réalisateur de The Ghost Writer et Rosemary's Baby, il avait été arrêté en 2009 à Zurich, où il était allé recevoir un prix, puis assigné à résidence en Suisse pendant quelques mois, mais il n'avait pas été extradé. En 2010, le procureur général polonais avait déjà assuré que Roman Polanski ne pourrait être extradé, car le geste qui lui est reproché est dans la loi polonaise couvert par la prescription.