C'est peut-être le chapitre final d'une longue histoire débutée il y a quarante ans lorsque Samantha Geimer, alors âgée de 13 ans, a été violée par le cinéaste Roman Polanski. Aujourd'hui, vendredi 9 juin, la victime se présentera dans un tribunal de Los Angeles pour demander à la justice américaine de mettre fin à l'affaire et de clore ce dossier.
Désormais âgée de 54 ans, elle compte soutenir l'argument du cinéaste franco-polonais (à qui elle a pardonné) selon lequel il a déjà purgé sa peine pour ce crime datant de 1977, a déclaré à l'AFP l'avocat de Roman Polanski, Harland Braun. "Elle vient avec son mari parce qu'elle est fatiguée de cette affaire qui dure depuis quarante ans, a déclaré Maître Braun. Elle veut en finir avec ça."
Le juge devra décider si la demande de Samantha Geimer peut être prise en compte dans cette affaire qui alimente une véritable saga depuis près d'un demi-siècle. Selon les faits, qui remontent à la fin des années 1970 après les succès critiques du Bal des vampires, Rosemary's Baby et Chinatown, le réalisateur de 83 ans avait drogué Samantha Geimer quand elle avait 13 ans avant de la violer dans la villa de Jack Nicholson, à Los Angeles.
Pour éviter un procès public, Roman Polanski avait reconnu avoir eu des relations sexuelles illégales avec une mineure et, en échange, le juge avait accepté de ne pas retenir d'autres chefs d'inculpation, notamment le viol avec fourniture et usage de drogue. L'accord juridique avait été obtenu avec le consentement de la famille et de ses avocats. Mais après 48 jours en détention, Roman Polanski a fui en France et n'est jamais plus revenu aux États-Unis, redoutant, selon sa défense, d'être lourdement condamné malgré un accord amiable.
Désormais mariée avec l'actrice Emmanuelle Seigner, avec qui il a eu deux enfants (Morgane et Elvis), l'éminent cinéaste a depuis toujours refusé de retourner aux États-Unis sans l'assurance de ne pas être emprisonné. "Il pense que cela pourrait aider", a assuré son avocat à propos de la décision de Samantha Geimer. "Victime d'une système judiciaire malhonnête qui ignorera les faits et la loi, et essaiera d'impressionner pour montrer au public qu'il est 'dur avec les criminels'" selon Braun, Roman Polanski "s'est échappé de manière compréhensible parce qu'il a fui un système judiciaire incroyablement corrompu".
Pourtant, ces dernières années, Samantha Geimer a montré à de multiples reprises qu'elle soutenait depuis longtemps le réalisateur dans sa volonté de mettre fin à cette affaire pour pouvoir avancer dans sa vie. Elle avait même écrit à la cour une lettre dans laquelle elle accusait les procureurs de vouloir faire avancer leur carrière plutôt que de résoudre ce dossier. "Les cas impliquant des célébrités ne devraient pas être utilisés à mauvais escient par ceux comme vous qui cherchent la célébrité et des promotions pour leur carrière", a-t-elle écrit dans ce courrier adressé à la procureur du comté Jackie Lacey et à son adjointe Michele Hanisee. "Vous et ceux qui vous ont précédé ne m'avez jamais protégée, vous m'avez traitée avec mépris, utilisant un crime commis contre moi pour faire avancer votre carrière", a-t-elle clamé.
Pendant ce temps-là en France, rattrapé par ce scandale, Polanski avait dû refuser de présider les César 2017...