Tout ça pour ça. Si les intéressés doivent être bien satisfaits d'avoir trouvé un terrain d'entente après des mois d'un pénible imbroglio judiciaire, les adeptes de sport automobile devraient ressasser encore quelque temps l'issue du Crashgate.
Le scandale du Grand Prix de Singapour 2008, qu'on désigne désormais sous ce nom éloquent de Crashgate, avait incriminé Flavio Briatore et Pat Symonds, les deux patrons (respectivement directeur et diecteur technique) du Team Renault F1, reconnus coupables d'avoir commandité l'accident volontaire de la monoplace du Brésilien Nelson Piquet Jr. afin de modifier l'issue de la course - manoeuvre machiavélique qui avait effectivement permis un retournement de situation, concrétisé par la victoire improbable de Fernando Alonso (ce qui a eu des répercussions, à la fin de la saison, sur l'attribution du titre de champion du monde).
Radié à vie - pour le premier - et banni pour cinq ans - pour le second -, les deux hommes avaient assigné en justice la Fédération Internationale du sport Automobile (FIA), dénonçant l'irrégularité de la décision prise à leur encontre par le Conseil International du sport Automobile saisi par la FIA, et avaient été entendus par le tribunal de grande instance de Paris, lequel avait annulé cette décision.
La FIA avait alors indiqué qu'un appel "s'impos[ait]", d'autant que le TGI, s'il s'était estimé compétent pour juger de la régularité de la décision de la FIA, s'était en revanche avéré incompétent pour évaluer "la responsabilité de Flavio Briatore et Pat Symonds" dans le Crashgate.
Pourtant, ultime rebondissement et point final à toutes procédures, la FIA a décidé de renoncer à son appel en cours, suite à un marché proposé par Briatore et Symonds ! Quelques excuses et une pénitence de quelques mois, et voilà l'affaire liquidée ! "Après discussions entre leurs avocats et ceux de la FIA, messieurs Flavio Briatore et Pat Symonds ont chacun fait une offre transactionnelle au président de la FIA en vue de mettre un terme immédiat aux procédures judiciaires, indique un communiqué de la FIA. Reconnaissant chacun sa part de responsabilité dans l'accident provoqué du pilote Nelson Piquet Jr. au Grand Prix de Singapour 2008, en tant que "team principal" de Renault F1 concernant monsieur Flavio Briatore, ils ont exprimé leurs regrets et présenté leurs excuses à la FIA".
Et voici le deal qu'ils ont proposé en échange de l'abandon de toute poursuite : "Ils se sont engagés à s'abstenir de toute fonction opérationnelle en Formule 1 jusqu'au 31 décembre 2012, ainsi que dans toutes les autres compétitions inscrites aux calendriers de la FIA jusqu'à la fin de la saison sportive 2011. Ils ont aussi renoncé à toutes les mesures de publicité et dispositions financières du jugement du 5 janvier 2010, ainsi qu'à toute autre action contre la FIA au sujet de cette affaire". Le jet-setteur italien, qui a eu récemment un enfant de sa jeune femme Elisabetta, va donc pouvoir élaborer de nouveaux plans à court terme s'il le souhaite, et même s'investir dans d'autres domaines sportifs de façon immédiate (il semblait avoir quelque intérêt pour le football anglais...).
La FIA doit, quant à elle, "renoncer à la procédure d'appel en cours".
Epilogue : "Le Président de la FIA a estimé qu'il est dans le meilleur intérêt de la FIA de ne pas laisser perdurer des contentieux judiciaires fortement médiatisés qui, quelle qu'en soit l'issue, sont très préjudiciables pour l'image de la FIA et du sport automobile, et donc d'accepter cette solution transactionnelle qui met ainsi un point final à cette affaire". Pas glorieux...
On osera faire remarquer que l'attitude de la FIA aurait peut-être été bien différente si Jean Todt n'avait pas succédé il y a quelques semaines à Max Mosley à sa présidence.