Mary Kennedy repose-t-elle bien en paix ? Dans le monde des vivants, sa disparition, le 16 mai 2012 à l'âge de 52 ans, a ajouté un nouveau chapitre tortueux à l'histoire maudite du clan Kennedy ; et les conclusions du rapport d'autopsie n'arrangent rien à l'affaire, tandis que sa dépouille change de sépulture...
Les doigts pris dans la corde : un revirement de dernière minute ?
Retrouvée pendue dans le garage de sa propriété de Mount Kisco (Bedford, Etat de New York), l'épouse de Robert F. Kennedy Jr. (fils de RFK - Bob Kennedy - et neveu de JFK), mère de quatre enfants (Conor, Kyra, Finn, et Aiden) avec lui, a-t-elle cherché, trop tard, à faire machine arrière et échapper à la corde qu'elle avait nouée pour mettre fin à ses jours ? C'est l'hypothèse que soulève une journaliste du New York Daily News, Joanna Molloy, après avoir eu accès aux résultats de l'autopsie, publiés mercredi. "A-t-elle changé d'avis ? S'est-elle rendu compte, aussi pénible que puisse être le divorce engagé en 2010 par Robert Kennedy Jr., que c'était une erreur ?", s'interroge-t-elle, encline à répondre positivement en découvrant que la défunte avait les doigts entre sa gorge et le noeud de la corde, un noeud du pendu à neuf boucles (qu'elle avait appris à faire grâce à Internet...), au moment de sa mort. "Les doigts de ses deux mains se trouvaient entre la corde et le cou, les ongles étaient cyanosés du fait de la compression des doigts, pris entre la corde et le cou", a confirmé dans un mail à Joanna Maloy le Dr. Ashar, expert médico-légal du comté de Wetchester, qui a pratiqué l'autopsie et fait les constatations d'usage. Le spécialiste, qui a révélé par ailleurs que les doigts étaient contusionnés et que l'auriculaire de la défunte avait subi une abrasion, avance que la position des mains au moment de la mort pourrait indiquer que Mary Kennedy essayait d'ajuster la corde autour de son cou. "Et quoi ? Elle est tombée ?", conteste la journaliste, qui rappelle que le rapport toxicologique était négatif concernant l'alcool et positif mais normal concernant les sustances médicamenteuses (dépressive, Mary Kennedy suivait un traitement et un dosage normal a été retrouvé dans son organisme après son suicide), et fait intervenir sur ce point deux autres experts réputés, qui ont eux aussi étudié le rapport d'autopsie.
"J'ai enquêté sur beaucoup, beaucoup de suicides par pendaison, mais je n'ai jamais vu cela", affirme le Dr. Ribowsky, anciennement en poste à New York et responsable des opérations lors des attentats du 11 septembre. "Peut-être a-t-elle tenté d'enlever la corde. Peu de gens pourraient y arriver. Il faudrait s'accrocher au lien de la corde. Si elle avait changé d'avis mais était déjà suspendue, alors il y avait assez de pression pour la tuer. Dans le cas d'une pendaison, la personne perd connaissance en 15 secondes." Quant à l'hypothèse de son confrère, l'expert estime que "si ses doigts étaient autour du noeud au moment où elle a sauté, ils ont pu se retrouver pris dedans", répétant qu'elle pourrait bien avoir tenté d'enlevé la corde. "Impossible à dire avec certitude", ponctue-t-il.
Même son de cloche du côté du Dr. Baden, intervenu notamment dans les procès O.J. Simpson et Claus von Bulow ainsi que dans les morts de John Belushi et... JFK, également consulté, affiche la même prudence : "On ne peut pas être dans la tête des autres. Cela a l'air d'un suicide par pendaison, mais que la personne ait les mains sous la corde, cela ne se voit que très rarement. Peut-être voulait-elle ne pas laisser de marques sur son cou, mais il faut alors se demander 'est-ce que la personne a changé d'avis ?'. A partir du moment où les pieds d'une personne qui se pend ne touchent plus le sol, la perte de conscience peut survenir en dix secondes. Si elle s'est dit 'Je ne veux pas me pendre'", on ne le saura jamais."
Rest in peace ? La dépouille change de demeure éternelle !
Ces spéculations glauques seront-elles les ultimes soubresauts du dénouement brutal de la vie de Mary Kennedy, née Richardson ? Suite à son suicide, tant sa mémoire que sa dépouille ont fait l'objet de disputes entre le clan Kennedy et la famille Richardson. Les révélations de Robert F. Kennedy Jr., qui avait demandé le divorce en mai 2010 (une procédure à laquelle Mary avait violemment réagi) et vivait séparé d'elle, en Californie, avaient mis le feu aux poudres : face au portrait qu'il faisait d'une femme désespérément dépressive, à "l'agonie une grande partie de sa vie" et dont l'entourage a "tout tenté pour l'aider", le clan Richardson, très remonté, opposait une oraison hagiographique, pleurant une "soeur bien-aimée (...) généreuse, attentionnée, dotée d'un sens esthétique subtil, d'aptitudes organisationnelles géniales, d'une énergie intarissable, d'un physique solide et d'une élégance naturelle. Elle adorait se lier avec les autres, de manière totalement désintéressée, et avec beaucoup d'intelligence." Malgré le voeu pieux de "la mener à son lieu de repos éternel, avec toute la dignité et tout l'amour qu'elle mérite", ses funérailles avaient également été en proie à cette querelle familiale portée devant la justice, laquelle a décidé d'accorder à RFK Jr. et ses enfants la priorité concernant le lieu de sépulture de la défunte. Les Richardson, qui voulaient enterrer Mary dans le Vermont, ont de fait boycotté ses obsèques : un seul des sept membres de la fratrie Richardson était présent le 19 mai en l'église Saint Patrick de Bedford, en présence de quelques personnalités (Caroline Kennedy - seule survivante des enfants de JFK -, Maria Shriver, nièce de JFK, Glenn Close, Dan Aykroyd ou encore John McEnroe), puis pour son inhumation au cimetière St. Francis Xavier, tout près du domaine des Kennedy à Hyannis Port (Massachusetts). Le lundi suivant, lors d'une cérémonie de recueillement privée organisée par la famille Richardson à New York, le veuf était persona non grata, les proches de Mary ne l'ayant pas invité. Il prenait alors la direction de la Floride avec les quatre enfants nés de son mariage avec la défunte, pour les déposer à Palm Beach chez leur grand-mère Ethel, veuve de RFK Sr.
Le repos éternel est décidément bien dur à trouver, pour Mary Kennedy. Au lendemain des remous provoqués par le rapport d'autopsie, on apprenait que sa dépouille... déménageait. La défunte a été exhumée et a quitté le caveau des Kennedy, où reposent notamment Eunice et Sargent Shriver, pour une sépulture située à l'extrêmité opposée du cimetière, sur un petit promontoire à 200 mètres de là, comme le montre le New York Daily News.
Le fossoyeur, Frank Maki, qui a supervisé l'opération, explique : "Robert F. Kennedy Jr. n'avait pas réalisé, lors des funérailles, combien la zone était peuplée, et il voulait que sa femme puisse reposer auprès des autres membres de sa famille. Il a ainsi opté pour une zone du cimetière où il y a de la place pour une future expansion [la famille Kennedy serait en train de négocier 50 concessions à cet endroit, NDLR]." Sauf que, pour ce qui est de reposer auprès des siens, Mary Kennedy est pour l'instant toute seule dans sa nouvelle sépulture, près de l'entrée du cimetière. Et la manoeuvre a eu lieu sans que la famille Richardson en ait été informée.
Ce qui ne devrait rien arranger, d'autant que RFK Jr. a récemment été photographié à Cape Cod avec l'actrice Cheryl Hines, star de Curb Your Enthousiasm qu'il fréquente depuis sa séparation d'avec Mary.