Le maire Jacques-Alain Bénisti (UMP), de Villiers-sur-Marne, a surpris son monde en décidant de retirer de l'affiche du cinéma municipal le film Timbuktu d'Abderrahmane Sissako pour éviter toute "apologie" du terrorisme quelques jours après le massacre de Charlie Hebdo et de l'épicerie casher de Porte de Vincennes. Il vient désormais de modifier sa position en reprogrammant plus tard le long métrage.
"Compte tenu des événements, et du fait que Hayat Boumeddiene [la compagne d'Amedy Coulibaly, le responsable de la tuerie de l'Hyper Casher et de l'assassinat de la policière de Montrouge, NDLR] soit originaire de Villiers, je ne voulais pas que le sujet du film soit dévoyé et que les jeunes puissent prendre comme modèle les djihadistes. Nous allons reprogrammer le film dans une quinzaine de jours, et organiser un débat, avec des responsables de trois grandes religions, des représentants d'associations, et pourquoi pas, s'ils le souhaitent, des membres de l'équipe du film", a déclaré Jacques-Alain Bénisti, comme l'indique Le Monde.
Dans un premier temps, le maire avait déclaré au Parisien que Timbuktu pouvait "faire l'apologie du terrorisme" : "C'est une mesure de sécurité eu égard aux événements. Je n'ai pas reçu de menace mais j'ai peur que ce film ne fasse l'apologie du terrorisme. (...) Ce n'était juste plus possible de le diffuser maintenant. Nous le repasserons plus tard, j'attends de voir comment évolue la situation." Manifestement, l'édile ne semble pas avoir vu le long métrage, qui nous emmène dans un village malien tombé dans les mains de djihadistes et montre leur folie barbare. L'oeuvre est nommée aux Oscars, après avoir été acclamée au dernier Festival de Cannes.
Face à cette situation, le chef de l'opposition Frédéric Massot (PS) a utilisé les réseaux sociaux pour s'insurger. Et au téléphone, il a expliqué au Monde : "Suite aux attentats, nous nous sommes rassemblés à plusieurs reprises. Le maire avait décidé de maintenir ses voeux, avec l'idée, à laquelle j'adhère entièrement, qu'il ne fallait céder sur rien. Lorsque j'ai appris que le film Timbuktu était déprogrammé, j'ai tout de suite exigé qu'il revienne sur cette décision, qui n'est pas une démonstration de courage à l'égard de ce qui nous menace, de ce djihadisme qui menace en premier lieu les musulmans. Or ce film délivre, justement, un message d'union."
La reprogrammation du film ravit le distributeur du film, Jean Labadie : "La responsable de la communication de la mairie m'a appelé pour me dire que le maire et son équipe vont voir Timbuktu ce week-end. Ils vont bien voir ce que c'est, et ils le reprogrammeront ensuite. (...) Ce qui m'importe, c'est que ce film, qui présente un islam tolérant, un islam de paix, soit montré au maximum, et en particulier aux lycéens et aux collégiens."