

Quatre heures, c'est long, très long. Tellement long, quand il s'agit des Victoires de la Musique, que cela a le don de faire ressortir les défauts et d'affadir les qualités. Mais si on peut discuter l'humour potache et la gouaille, un peu redondants et vains, adoptés pour la cérémonie des 27e Victoires, samedi 3 mars 2012 au Palais des Congrès de Paris, on ne peut en revanche remettre en cause l'engagement d'Alessandra Sublet, maîtresse de cérémonie inédite de l'événement.
Enceinte et néanmoins survoltée, l'animatrice en vogue du groupe France Télé a littéralement fait les 400 coups. Si elle a parfois accusé le coup, de manière flagrante, de ses lacunes certaines en termes d'expertise musicale, on ne peut lui reprocher son manque d'implication tant elle a été au four et au moulin, s'ingéniant à mettre en scène sa grossesse de bout en bout, quitte à la comparer en live à celle de Coeur de Pirate. A se mettre en scène. Peut-être même un peu trop, d'ailleurs... Mais qui peut le plus peut le moins, et la grand-messe de la scène musicale française avait besoin d'audace.
Pour son baptême du feu, Alessandra Sublet a donné le ton d'emblée : une séquence enregistrée la montrait en train de répéter ses imitations de Robert de Niro en vue de présenter les... César, jusqu'à ce qu'Antoine de Caunes, l'habituel serviteur de cette cause, furibond, la remette à sa place. S'inspirer de l'impertinence chic d'Antoine de Caunes aux César pour donner un souffle nouveau aux Victoires, rendez-vous en déliquescence ? Un programme intéressant. Sauf que les traits d'humour créés avec ou par Jérémy Michalak, les numéros avec Thomas VDB ou encore le sketch avec François Xavier-Demaison (voir notre compte-rendu détaillé de la cérémonie des Victoires) n'ont pas forcément été à la hauteur du modèle...
Qu'à cela ne tienne, Alessandra Sublet a sorti toute sa panoplie de déguisements ! Superbement glamour dans une robe au décolleté plongeant ou dans une combinaison noire épaules et dos nus moulant ses rondeurs maternelles, elle disparaissait pour ressurgir... dans une robe de chou vert ! Une parodie "végétarienne" de la robe faite de 23 kilos de viande que portait Lady Gaga lors des MTV Video Music Awards en septembre 2010. L'animatrice de C à vous poussait même le pastiche jusqu'à avoir sa propre troupe de danseurs pour la porter, s'affichant sur des compensées et avec des collants déchirés.
Plus tard, c'est dans la peau et l'habit rétro de Peppy Miller, le personnage de Bérénice Bejo dans The Artist, qu'on la découvre. Mais pas pour un rôle de figuration ! Alessandra Sublet, qui avait honoré le phénomène The Artist à sa manière dans C à vous, y va d'un ballet de claquettes très honorable, au point de finir essoufflée et de s'asseoir face à son public le temps de se remettre.
Viendront ensuite une improbable tenue de sumo digne d'Intervilles ou de Menu W9, un pantalon en cuir et un T-Shirt de rockeuse avec option hairbanging pour la Victoire d'Izia, ou encore une tunique colorée pour s'incruster dans une revue "do Brasil". Une vraie kermesse, un peu sans queue ni tête, à elle toute seule. Au total, pas moins de sept tenues. Et rien que ça, ça ne s'était jamais vu aux Victoires.