Retour au format unitaire mêlant "révélations" et talents confirmés. Et retour, hélas, à un calibre indigeste : quatre heures d'émission, un véritable sacerdoce imposé au spectateur, dont l'effet le plus pervers est certainement d'annihiler la saveur des bons ingrédients - dont 40... artistes - que contient pourtant la recette.
Le très spacieux Palais des Congrès de Paris offrait de réelles possibilités techniques, plutôt bien exploitées : la profondeur de plateau a tantôt permis des mises en place d'envergure, qu'il s'agisse de l'ensemble orchestre et choeur qui accompagnait Laurent Voulzy et sa Jeanne ou de l'invitation faite à des écoliers et des fans en nombre par Skip the Use, ou bien de numéros s'installant à l'avant-scène, comme lorsque Camille, chantant son Etourderie, entra en transe et dansa frénétiquement sur une reprise impromptue de Wanna Be Startin' Somethin' de Michael Jackson. Tous les solistes n'ont en revanche pas semblé aussi à l'aise sur cette immense scène. La production avait choisi de travailler également sur une seconde scène à l'aplomb de la première : une initiative qui a causé plus de problèmes de logistique qu'elle n'en a résolus, occasionnant quelques couacs et des transitions en forme de gros blancs...
L'une des attentes majeures concernait l'animation de la soirée, qui avait pâti l'an dernier de la prestation un peu ampoulée de Marie Drucker assistée d'Aline Afanoukoé. Alessandra Sublet, figure du groupe France Télévisions qui jouit d'une cote très favorable, incarnait le désir de changement, et le ton a très vite été donné : dans un sketch enregistré et diffusé en préambule à la cérémonie, on l'y voyait, en loge, répéter (y compris ses imitations de Robert de Niro) pour présenter les... César, avant qu'Antoine de Caunes, habituel maître de cérémonie de la grand-messe du cinéma français, n'intervienne pour la remettre sur les rails. L'humour comme parti pris pour relancer les Victoires, rendez-vous aux audiences en déliquescence ? Alessandra Sublet, enceinte, a joué le jeu à fond, avec un engagement et une énergie louables, aidée de Jérémy Michalak en tant qu'auteur et le décalé Thomas VDB pendant la cérémonie. Pas toujours avec subtilité, pas toujours avec succès, mais la cérémonie y a indéniablement gagné en vitalité, même si l'humour potache et la gouaille finissent par tourner à vide. On regrettera toutefois que, si elle a eu le don de mettre en scène sa grossesse avec beaucoup de glamour (une combinaison épaules et dos nus) et d'autodérision (de multiples déguisements : Lady Gaga, Bérénice Bejo...), la jeune femme, un peu dépendante de ses fiches et de son oreillette, n'ait su mieux masquer ses lacunes en termes de culture musicale...
L'essentiel, dans cette organisation qui manque de liant et de cohérence, reste néanmoins que les grands bénéficiaires du dispositif ont été les artistes qui ont fait 2011 et font 2012, bien valorisés. Vous avez pu découvrir sur Purepeople.com l'intégralité du palmarès qui a notamment récompensé (enfin) Hubert-Félix Thiéfaine, ainsi que Catherine Ringer et Orelsan, mais a oublié Camille, et vous pouvez vous faire une idée de l'ambiance de la soirée avec le déroulé détaillé ci-après.
Le film des 27e Victoires de la Musique, le 3 mars 2012 au Palais des Congrès de Paris.
Un petit sketch en amuse-bouche. Antoine de Caunes, furieux, déboule dans la loge d'Alessandra Sublet, en train de répéter son imitation de Robert De Niro : "You fucked my wife." Elle pensait présenter les César. Déception quand l'habituel maître de cérémonie de la grand-messe du 7e Art lui parle de Victoires. "Parce que tu crois que j'y connais quelque chose en cinéma, moi ? C'est dommage, parce que tu le tenais bien, ton petit De Niro."
Du piment dans nos Victoires ?
Malgré cette entrée en matière piquante, le générique des Victoires, pompeux à souhait, n'a toujours pas changé d'un iota, puant les relents de soirées variétoche has been. Mais c'est au son d'une musique féérique très reconnaissable, estampillée Disney, qu'Alessandra Sublet fait son entrée, son petit bidon de future maman moulé dans une combinaison noire au décolleté plongeant, nue dans le dos. Et d'embrayer en live, en guise de prise de contact, sur la suite de son petit skecth : "J'avais même La citation de Jean-Luc Godard qui va bien. Jean-Claude Van Damme a dit : La musique, c'est un peu comme du cinéma, sauf qu'il n'y a pas d'images." L'humour et le glamour au rendez-vous, c'est parti.
Elle annonce : 40 artistes, 14 catégories. Un peu de nervosité palpable, mais un bel effort de dynamisme : la voix porte, l'énergie est contagieuse, le style est tonique.
Laurent Voulzy ouvre le bal avec sa Jeanne
D'ailleurs, ça ne traîne pas, et moins de trois minutes après la prise d'antenne, première incursion dans la catégorie de la chanson originale de l'année, dont la Victoire sera décernée en fin d'émission. Laurent Voulzy, en tenue de trouvère, vient conter fleurette et chanter son ode à Jeanne. Vêtu de pourpre et entouré d'un orchestre et d'un choeur en blanc pris dans les fumigènes de la scène, Laurent Voulzy offre une entrée en matière sensible et mélancolique qui permet aux arrangements et aux dispositions techniques de briller.
Avec quatre Victoires dans sa vitrine, Laurent Voulzy peine à refaire le compte : "Mais j'en suis très heureux. Ce n'est pas de la fausse modestie. Quatre ? Oui, ce doit être ça." Le copain Souchon n'est pas là, mais "Bonsoir Alain", devant ta télé.
Oyez oyez bonnes gens, un troubadour bien différent débarque : Mika, ce diable de farfadet géant, interprète son single Elle me dit, dont le clip était marqué par la participation d'une Fanny Ardant... ardente. "On croyait qu'il était anglais, on a appris qu'il était un tout petit peu français", s'ingénie Alessandra Sublet. Le trublion, avec son titre francophone amuseur et ses gimmicks, joue les animateurs malgré un plateau du Palais des Congrès vraiment compliqué à remplir avec ce numéro de soliste. Du coup, Mika s'essouffle rapidement et la justesse en pâtit. Mais l'objectif est atteint : le public, réveillé, applaudit debout.
Alessandra Sublet groupie
"Mika, j'ai envie de vous dire 'woo-hoo' ! Mika met le feu ce soir !" L'enthousiasme de la maîtresse de cérémonie est un peu forcé et juvénile, mais il ne faut pas laisser retomber le soufflé. En revanche, concernant Mika, elle préconise : "Allez reprendre votre souffle."
Des tweets avec des réactions d'internautes apparaissent en temps réel à l'écran au fil de l'émission, et Alessandra Sublet ne manque pas de nous dire qu'on lui demande de faire de la pub pour les réseaux sociaux des Victoires, grande nouveauté de cette édition côté web. L'émission progressant, la pub se transformera en remerciements, le dispositif rencontrant apparemment un certain succès.
"Il y a quelques années, il rêvait d'un autre monde, etc." Alessandra Sublet récite des paroles bien connues d'un tube de Téléphone pour annoncer Jean-Louis Aubert et sa chanson Puisses-tu ?. Il y avait sans doute mieux à inventer... Jean-Louis Aubert, auteur d'un tour de chant remarquable depuis la sortie de Roc Eclair, fait une nouvelle démonstration, guitare en bandoulière, de son talent incontestable pour faire vivre la musique sur scène, avec, pourtant, cette ballade douce-amère.
L'animatrice peine ensuite à rejoindre le chanteur, glissant sur la neige carbonique. Pieds nus (et décolleté très généreux), Camille n'a pas ce genre de problème : la plus inspirée des chanteuses françaises, reine du corps-instrument, partage son Etourderie. Et là, surprise : au beau milieu du morceau, Camille part en digression sur Wanna Be Startin' Somethin' de Michael Jackson ! Instantanément, le public réagit, tape dans les mains en rythme tandis que la chanteuse entre en transe, dansant, habitée, en avant-scène, de face, de dos, sautant, brassant l'air, et entonnant le fameux "mama se mama sa mama coo sa"... "Ouais, j'avais envie de danser", dira-t-elle après coup avec sa fraîcheur et sa spontanéité coutumières.
Alessandra et la voix off, ça chambre...
Alessandra Sublet se fait spolier par la voix off, qui préfère expliquer la manière de voter pour la Chanson originale de l'année, et propose de taper 5 "pour qu'Alessandra Sublet quitte l'aventure". C'est encore un peu tôt...
C'est l'heure de saluer les officiels, dont l'incontournable ministre de la Culture Frédéric Mitterrand. Alessandra Sublet mise à fond sur l'humour et le prouve : "Aux César, ce fayot d'Antoine de Caunes vous offrait une place à vie au Palais des Festivals. Moi je vous offre deux places à vie." Après des courbettes un peu risibles mais obligées à Jack Lang et à "Son Altesse sérénissime Bertrand Mosca, directeur général de France 2", direction les coulisses avec Thomas VDB, supposément dans la loge de Julien Clerc, saccagée : "Laisse tomber, il a tout dézingué, tout retourné. Oh le gros punk." Malgré le talent pour la loufoquerie de Thomas VDB, la séquence est un peu longuette.
Alessandra-Gaga ouh là là !
Arrivé sur la scène du Palais des Congrès, l'amuseur se retrouve "en carafe" : "Pour des raisons techniques, une femme enceinte étant obligée de s'absenter, Alessandra Sublet ne sera pas en mesure de présenter la catégorie suivante", annonce la voix off. La maîtresse de cérémonie revient pourtant illico : elle était partie se déguiser en Lady Gaga et débarque déguisée en... chou vert. "Ben oui, moi je suis végétarienne", explique-t-elle en référence à la robe faite de 23 kilos de viande crue qu'avait portée la Monster Gaga. Un coup d'humour qui laisse le public relativement perplexe... Elle est chou, quand même !
Trêve de pot-au-feu, place au live avec les artistes en lice pour la Victoire du concert de l'année. Catherine Ringer effectue son passage, puis se retrouve face à Alessandra Sublet qui croule toujours chou, eux : sous les choux. L'hilarité est surtout du côté de l'animatrice de C à vous. "J'aime, j'ai presque envie de goûter, direct. J'adore le chou, c'est très bon pour la santé", concède tout de même, complice, Catherine Ringer.
Stromae efface les sourires en venant interpréter Putain putain, son brûlot électro-politique, dans une version abrasive avec Arno. Alessandra Sublet s'est entretemps changée à nouveau et réapparaît dans sa combi noire pour annoncer, avec un brin de condescendance, le "trop rare" Hubert-Félix Thiéfaine.
Hubert-Félix Thiéfaine, qui s'est abondamment et étonnamment livré sur la dépression et ses passages à vide à l'occasion de la sortie de son dernier album Suppléments de mensonge, vient prouver en live sa bonne forme. Il interprète avec ses musiciens La Ruelle des Morts sur la scène supérieure.
Les 27e Victoires de la Musique ayant décidé de se passer de remettants de prix, c'est à Alessandra Sublet qu'il incombe d'ouvrir toutes les enveloppes. Elle peste car le sceau n'a pas été décacheté comme elle l'avait demandé, ce qui entraîne un échange de "blagues à deux balles" avec la voix off, avant d'annoncer Jean-Louis Aubert vainqueur.
L'issue de la catégorie Clip de l'année arrive beaucoup plus rapidement, et La Seine, extrait du film d'animation Un Monstre à Paris et chanson interprétée par Matthieu Chedid (Francoeur) et Vanessa Paradis (Lucille), est désigné gagnant. Mal assistée, Alessandra Sublet se fait avoir, pensant avoir face à elle le réalisateur Bibo Bergeron ; il ne s'agit que d'un représentant : "Je ne suis pas Bibo Bergeron, il ne peut pas être là ce soir. Merci à Matthieu Chedid et Vanessa Paradis sans qui ce clip n'existerait pas. Et merci pour Bibo." La maîtresse de cérémonie se reprend : "Vous êtes gâté, vous repartez avec deux Victoires" et "C'est bien ce soir, c'est concis, les remerciements".Hommage à Dalida... et à Bérénice Bejo
C'est l'un des poncifs des soirées des Victoires : les hommages en medley vidéo... Alessandra y glisse une petite blague ("Je chantais sous ma douche" - "oui ben heureusement" répond la voix off), puis une "pensée pour Orlando".
Et là, paf, guerre du PAF : "On me dit, donne tout ce que t'as, c'est la pub sur TF1". Elle va effecivement donner tout ce qu'elle a, pastichant Bérénice Bejo dans The Artist : métamorphosée en sosie de Peppy Miller, elle danse au milieu d'un ballet de claquettes restitué en noir et blanc à l'écran, et finit essoufflée. On lui apporte une chaise : "C'est toujours la pub sur TF1. On a gagné quelques milliers de téléspectateurs." Bel effort.
Brigitte, loseuses-winneuses !
Skip The Use débarque avec une foule d'enfants en uniforme d'écoliers et des fans issus d'un concours sur Internet. Alessandra, pas encore remise de ses frasques chorégraphiques, accuse un petit trou de mémoire sur la catégorie. Puis vient un petit couac au moment du passage d'Imany sur la scène supérieure. La maîtresse de cérémonie se veut transparente et pédagogue, comme le furent en 2011 celles qui remplissaient la même mission et avaient connu le même genre d'aléas. Pour meubler, gouailleuse, elle continue à se tancer avec la voix off. Vient le tour du duo Brigitte : Sylvie et Aurélie, mystérieuses, entrent en scène dans des manteaux de cérémonie, capuchées, pour interpréter Battez-vous. Mais c'est divinement scintillantes, dans des robes rouges à strass signées Alexis Mabille, que les Brigitte finiront leur numéro génial. Alexis HK, lui, calme les ardeurs avec son passage de mafieux à la sauce reggae.
Les Brigitte s'imposent dans la catégorie Révélation scène, et Sylvie fait la maligne en dédiant cette Victoire... aux losers : "On a longtemps été des loseuses, alors on dédie cette Victoire aux losers." Et d'en oublier son trophée sur le pupitre !
La Victoire du DVD musical de l'année est vite expédiée, Laurent Thessier venant récupérer son trophée pour la captation des Saisons de passage de M, avec au passage un bon mot : "C'est très émouvant ce qui se passe là, c'est possible d'avoir un petit document écrit "a gagné contre Jacques Audiard"?" Jacques Audiard, qui était en lice avec la captation du concert de Raphaël.Alessandra Sublet profite de sa sortie : "Je pars avec vous, j'ai envie de faire une petite pause." Un prétexte pour lancer un magnéto avec une nouvelle guest star : François-Xavier Demaison. "T'as pensé quoi de ma prestation ?", lui demande-t-elle comme si la scène avait lieu au moment même. Lui, gêné : "Ouais." "Oh, ça me soulage !" Et FXD de craquer : "Ecoute, je suis ton ami, je vais te le dire. T'es pathétique. Le côté femme enceinte, on présente pas une cérémonie comme ça, enceinte. Et puis tes blagues... Et ton rire, là, c'est pas possible." Ce passage au second degré contient une vérité au premier degré : la grossesse d'Alessandra Sublet est très utilisée... L'intéressée ressurgit alors en... sumo. Bon, au moins, on ne peut plus prétendre remarquer sa grossesse.
Mathilde Seigner, sors de ce corps !
"Va falloir m'aider parce que j'ai plus de fiches", demande Alessandra Sublet au moment d'attaquer la catégorie Musiques urbaines. Orelsan l'emporte face à Booba, La Fouine et JoeyStarr. "C'est le moment où je dois faire un discours. L'occasion de remercier les gens qui me soutiennent depuis le début. En fait, il y a un million de gens que j'aimerais remercier, mais, comme l'a dit Jean-Louis Aubert, ce serait trop long. Je reste sur la citation de Jean-Louis Aubert." Mais on n'en restera pas là, car Thomas VDB débarque et appelle "Didou". Il veut que "Didier" (Morville, alias JoeyStarr) monte sur scène et clame qu'il mérite plus la Victoire qu'Orelsan. Une grosse parodie culottée de la boulette de Mathilde Seigner aux César, qui avait spolié le triomphe de Michel Blanc en clamant que JoeyStarr méritait le César pour son rôle dans Polisse. Une allusion que le public des Victoires a semblé apprécier.
Orelsan fête sa Victoire en interprétant La Terre est ronde, qui s'achève sur une pluie de confetti/neige carbonique, et Alessandra Sublet manque de glisser : "J'ai failli avoir un bêtisier pour le reste de mes jours. Elle est pas bonne là ? Hop. C'est un peu Fort Boyard ce soir."
Alessandra Sublet et Coeur de Pirate, deux futures mamans qui copinent
Le passage de la Blonde (album en lice dans la catégorie Album de chansons de l'année) Coeur de pirate est l'occasion de parler entre filles... et futures mamans : la Québécoise, fiancée, vient de révéler sa grossesse, et Alessandra Sublet, à demi-mot, effleure le sujet, malicieuse !
Retour à la réalité musicale des Victoires avec le sacre de Hubert-Félix Thiéfaine, qui reçoit à 63 ans sa première Victoire, celle de l'album de chansons de l'année : "C'est toujours délicat de parler de ses chansons, surtout quand on les écrit pour ne pas avoir à parler." JP Nataf, Armand Méliès, Ludéal, La Casa, Dominique Dalcan, Edith Fambuena et Jean-Louis Piérot sont remerciés, ainsi que Yann Orhan, "qui m'a fait poser en chippendale pour la pochette". Le taiseux Thiéfaine profite de cette mise en lumière tardive, savoure les projecteurs : "Je suis un peu long, mais j'en profite, j'ai les caméras sur ma tronche, j'ai passé trente ans derrière. Quand j'avais 17 ans, j'écoutais en boucle les albums de Bob Dylan et Johnny Cash, et je regardais le logo de Columbia, et je me disais peut-être... Columbia, 1er label créé au monde en 1880, du vivant de Rimbaud, de Brahms, Tchaikovsky, Mahler... Donc j'aimerais remercier toutes les personnes de Columbia qui ont travaillé avec énergie sur cet album." La fin de la dédicace de HF Thiéfainea le don d'égarer un peu Alessandra Sublet, qui n'a pas tout suivi.
Hommage à Barbara, tapage d'Izia
Raphaël et Zaz forment un tandem inattendu pour un hommage à Barbara. Alessandra Sublet s'est à nouveau changé, portant un T-Shirt fun pour annoncer la catégorie Album rock de l'année. Izia, qui remporte cette Victoire, monte sur scène, essoufflée : "C'est incroyable, c'est la troisième, c'est dingue. Je remercie Sébastien Hoog, mon âme soeur musicale. Je remercie aussi Valery Zeitoun, tu peux m'appeler, on ira boire un verre ça fait longtemps." Avant de livrer une version tapageuse de So much trouble, single-titre de son album.
Une revue brésilienne surgit en même temps qu'une Alessandra Sublet qui s'est encore changée et porte une tunique bleue. "Vous vous dites : l'ambiance va retomber ?", demande-t-elle après le numéro d'Izia. Les beautés latines maintiennent la température jusqu'à ce que Jehro soit appelé pour recevoir la Victoire de l'album de musiques du monde, pour Cantina Paradise. "Je vais remercier tous les gens qui ont cru en ce projet. Je remercie le public d'avoir soutenu ces chansons", déclare le Marseillais. La transition avant son tour de chant est manquée, le plateau n'est pas prêt, et Alessandra Sublet se trouve le bec dans l'eau avec sa voix off, qui meuble péniblement : "vos dernières vacances c'était où ?", "Y a un mec en t shirt derrière vous", "On n'a plus rien à ce dire, là ?". Gênant.
L'inévitable magnéto "ils nous ont quittés" arrive ensuite, mais notre hôtesse et ses acolytes ont tout prévu pour ne pas plomber l'ambiance, et redémarrent en humour : "Y a plus personne, là, en régie, il est 23 heures, tout le monde s'est barré", annonce la voix off, avant de plonger la salle dans le noir. Un peu facile...
Emotion ensuite, avec Pedro Winter qui vient récupérer au nom de Justice la Victoire de l'album de musiques électroniques de l'année pour Audio, Video, Disco, et adresse une pensée au regretté DJ Mehdi, décédé en septembre dernier : "Les garçons ne sont pas là, ils sont en tournée, ce soir, en Suède. Je me fais un plaisir de récupérer cette victoire pour eux, la deuxième. Je suis venu voir ici Chantal Goya y a 30 ans avec ma mère, donc ça fait un peu bizarre. Je voulais partager ça avec DJ Mehdi, qui nous manque." Justice intervient alors en duplex via Skype.
Nolwenn inaugure l'hommage à Michel Berger en entonnant Quelques mots d'amour depuis la salle, relayée par Julien Clerc, Alain Chamfort, Amel Bent, Isabelle Boulay ou encore Corneille.
"Y a le ministre qui pique du nez"Alessandra se lance dans une tirade ronflante, interrompue par la voix off, de plus en plus potache : "y a le ministre qui pique du nez, le patron de France Télé qui s'ennuie, moi j'ai mes potes qui m'attendent..." Ca s'essouffle. D'autant qu'un nouveau délai technique empêche Nolwenn de commencer à chanter : les remerciements aux musiciens et techniciens ayant oeuvré sur l'émission sont de fait avancés !
Après les performances de Nolwenn avec Tri Martolod et Zaz avec Eblouie par la nuit, c'est Catherine Ringer qui est appelée pour recevoir la Victoire de l'artiste féminine de l'année, après son album Ring n'Roll et son Ring n'Roll Tour à succès. Très émue, elle a ces mots touchants : "Je suis vrailent très heureuse d'être avec tout le monde ce soir. De compter encore pour vous, d'être utile, de faire des chansons qui servent à quelque chose, qui sont écoutées. Je voudrais remercier Fred Chichin, qui m'a appris tant de choses, Marc Platti, qui m'a intimé de faire cet album. Je voudrais remercier surtout le public pour ce bel échange qu'on a depuis longtemps." Et de s'en aller triomphalement, brandissant sa Victoire et se dandinant dans son cuir de bikeuse.
Alessandra Sublet tient ensuite à confier le plaisir qu'elle a à animer cette soirée, et un bref hommage à Cloclo est balancé comme un cheveu sur la soupe. Soit.
"Il y a des moments où tout réussit, ne vous effrayez pas, ça passe. Je l'ai lu dans une papillote."
Julien Clerc, qui "a la particularité de ne pas vieillir", vient chanter Le Temps d'aimer, suivi par Thomas Dutronc et son impertinent Turlututu. En sueur, il lance : "On la refait ?" Avant de faire le mariole dans le dos de la maîtresse de cérémonie. Incorrigible ! On adore.
Hubert-Félix Thiéfaine est appelé à nouveau : la Victoire de l'artiste masculin lui revient, ce qui lui vaut un "wouh-ouh" de groupie d'Alessandra Sublet, qui piaille d'impatience comme une midinette - "Alors alors alors." On se calme. Thiéfaine, lui, fait preuve d'un aplomb magistral malgré l'excitation de sa voisine : "Je vais être court. Jules Renard a écrit : il y a des moments où tout réussit, ne vous effrayez pas, ça passe. Je suis un peu désolé d'étaler ma culture, mais j'avoue que c'est une citation que j'ai trouvée au soir de Noël dans une papillote."
L, en smoking blanc pour Petite, et Inna Modja en robe sexy pour French Cancan, investissent la scène, avant qu'Orelsan s'adjuge leur catégorie, celle de la Révélation du public. Sa deuxième Victoire de la soirée : "c'est pas très original, mais c'est la révélation du public, alors merci aux gens aux concerts, sur les réseaux sociaux, sur la route."
La 27e cérémonie des Victoires de la Musique s'achève comme elle a commencé : Laurent Voulzy, qui avait ouvert le bal en chantant Jeanne, voit sa chanson élue par le public Chanson originale de l'année. Un honneur qu'il accepte avec beaucoup d'humilité, tout chamboulé : "Merci beaucoup. Je vous le dis très sincèrement, je n'ai rien préparé. Les gens qui me connaissent savent que c'est vrai. Jean-Louis Aubert... oh, j'aurais dû citer Camille en premier, qui est une femme exceptionnelle, Jean-Louis Aubert, Mika, qui est l'idole de mon fils et un passionné de musique, que je connais depuis peu et qui est un garçon vraiment charmant." Et de poursuivre : "Je vis dans deux pays, je veux saluer mon épouse, Mirella [sa femme depuis le 4 juin 2010, NDLR], pour sa patience, car je ne suis pas souvent là. Je remercie les gens qui aiment cette chanson. C'est bizarre, on fait des chansons, et il y a en a de temps en temps une qui s'envole. Je dis souvent que les chansons, c'est comme les enfants : on les élève, et elles prennent leur envol. Jeanne a trouvé le coeur des gens... J'allais oublier mon frère de coeur Alain Souchon, sans qui, évidemment, cette chanson n'aurait pas vu le jour." Et qui clôt la nuit des Victoires.