Cofondateur et moitié du duo jazz-rock Steely Dan, qui connut le succès (Do It Again, Reelin' in the Years, Rikki Don't Lose That Number) dans les années 1970 aux États-Unis et, reformé en 1993, continuait à se produire, Walter Becker est mort à l'âge de 67 ans le 3 septembre 2017, vraisemblablement des suites d'une maladie dont la nature n'a pas été divulguée.
Sur le site officiel personnel du guitariste, songwriter et producteur new-yorkais, une notice nécrologique des plus sobres a fait son apparition : sous ses dates de naissance et de décès, une photo d'enfance et une photo récente se répondent...
En revanche, son complice de toujours, Donald Fagen, qui avait eu en 1967 un coup de foudre musical pour lui en l'entendant jouer de la guitare électrique dans un café, a transmis aux médias un long communiqué pour partager son émotion : "Walter Becker était mon ami, mon partenaire d'écriture et mon partenaire de groupe depuis notre rencontre, alors que nous étions étudiants, au Bard College en 1967. Nous commençâmes à écrire des petites mélodies débiles sur un piano droit dans un petit salon du Ward Manor, une vieille bâtisse au bord de l'Hudson River qui tombait en ruines et que la fac utilisait comme dortoir. Nous aimions les mêmes choses : le jazz (des années 1920 au milieu des années 1960), W.C. Fields, les Marx Brothers, la science-fiction, Nabokov, Kurt Vonnegut, Thomas Berger et les films de Robert Altman me viennent en tête. Et aussi la soul et le blues de Chicago."
Ses addictions nous avaient séparés
Il poursuit : "Walter avait eu une enfance très difficile, je vous passe les détails [il avait été élevé par son père et sa grand-mère après la séparation de ses parents et le retour de sa mère au Royaume-Uni, ndlr]. Mais par chance, il était malin comme un singe, c'était un excellent guitariste et un grand songwriter. Il était perplexe devant la nature de l'Homme, y compris la sienne, et hystériquement drôle. Comme bien des enfants issus de familles brisées, il avait un truc pour l'imitation créative, décryptant la psychologie cachée des gens et transformant ce qu'il voyait en un art pétillant et incisif. Il avait coutume d'écrire des lettres (pas destinées à être envoyées) dans le style singulier de ma femme Libby et cela nous faisait nous tordre de rire tous les trois. Ses addictions avaient pris le dessus sur lui à la fin des années 1970 et nous perdîmes le contact pendant un temps. Dans les années 1980, nous nous sommes retrouvés, nous avons reformé Steely Dan et développé un autre groupe terrible. J'ai l'intention de continuer à faire vivre la musique que nous avons créée ensemble tant que je le pourrai avec le groupe Steely Dan."
Après la reformation, Steely Dan avait récolté en 2000 quatre Grammy Awards pour l'album Two Against Nature, dont le prix de l'album de l'année. L'année suivante, le duo était intronisé au Rock and Roll Hall of Fame. Parallèlement, Walter Becker avait fait paraître deux albums au succès très confidentiel – 11 Tracks of Whack (1994) et Circus Money (2008). Dans les années 2000, il avait aussi écrit pour la chanteuse de jazz Madeleine Peyroux.
Les derniers concerts de Steely Dan avec Walter Becker remontent au printemps. En juillet, il n'avait pas pris part à deux concerts au stade des Dodgers pour raisons médicales...