A l'aube de la grande soirée des NRJ Music Awards, à Cannes, Yannick Noah qui y participera mais pas physiquement, a rencontré les lecteurs du journal Nice Matin. Il a répondu sans concession aux questions que ses fans lui posaient, le 20 janvier 2011. Ils ont parlé tennis, un peu musique, mais très vite la discussion a viré politique. Il n'y échappe jamais. Tant son discours est anti-politique, celui que l'on accuse d'avoir quitté la France pour New York afin de ne plus payer d'impôts, devient expert pour parler de (non-)politique. Des réflexions intéressantes.
Lorsqu'un jeune homme lui demande pour la énième fois pourquoi il n'entre pas en politique, alors qu'il est la personnalité préférée des Français, Yannick Noah l'ancien champion de tennis devenu chanteur n'y va pas par quatre chemins : "Moi, je suis bien là où je suis. Je pense que se lancer en politique, c'est vendre son âme. La motivation première des hommes politiques est plutôt saine, mais ils sont obligés à tellement de compromissions pour arriver au pouvoir ! Moi, j'ai fait un peu de théâtre et de sophro, et quand je regarde un de ces mecs dans les yeux, je sens qu'il m'embrouille. Je n'ai pas envie de faire partie de cette bande de voleurs. Je suis déjà assez fier, avec maman, d'avoir participé à améliorer la vie de certains enfants. Quand je vois d'anciens sportifs qui se sont lancés en politique, je suis affligé. Quand ils entrent dans un ministère, ce ne sont plus les mêmes. Moi, j'ai pas envie qu'un jour mes copains disent de moi : "putain, il a changé"."
Et quand on lui demande quel candidat il soutiendra aux présidentielles de 2012, Yannick Noah préfère ne pas s'avancer : "Une chose est sûre, je suis contre ce qui se passe actuellement. Ensuite, je vais voir pour qui je vais voter car je ne sais pas encore qui se présente, mais j'espère que je ne porte pas la poisse (rires). Moi, je ne suis pas de gauche, je ne suis pas droite, mais ça fait vingt ans que je vote à gauche. Ça va mieux avec ce que je suis et ce que je fais. Moi, je vois ceux qui me donnent pour mes associations ou pas. Pour moi, c'est l'action, c'est le terrain qui parle."
Le Front National et la droite sarkoziste lui déplaisent. Souvenez-vous, il promettait de quitter la France si Nicolas Sarkozy devenait Président de la République, pour autant il est toujours là. "J'ai dit : Si Sarkozy passe, j'me casse, c'était une expression. A ma grande tristesse, il est passé. Je me suis quand même cassé après, à New York, mais pour d'autres raisons. Partir, ça ne veut rien dire. J'ai quand même une responsabilité vis à vis de mes associations. La vérité, c'est que je ne suis pas parti payer mes impôts aux Etats-Unis, je les ai toujours payés ici. Et je reviens bosser en France avec toujours les mêmes convictions, face à la confirmation de ce que je craignais. Marine Le Pen existe, le FN remonte, c'est marrant. Mais en même temps, la création d'un ministère de l'Identité Nationale et nous imposer un débat là-dessus, fallait quand même le faire ! Alors quoi ? En démocratie, je peux pas buter les gens ? Je vais donc voter, et je vais m'exprimer."
Voilà, il est énervé, direct, cash. Il est pourtant venu pour parler de musique, enregistrer sa prestation, pour repartir direction Rennes, là où il donnera un concert samedi 22 janvier.