Biographie
- Naissance : 23 août 1961, Paris
- Âge : 63 ans
- Signe astrologique : Vierge
- Résidence : France
Quelle personnalité du cinéma français possède, sur sa cheminée, deux Oscars, trois César, deux Baftas, deux Golden Globes, deux Grammy Awards, un Ours d'argent et à peu près 70 récompenses pour 180 nominations ? Alexandre Desplat, musicien, compositeur et talent hors pair. Avec plus de cent musiques de films, auxquelles on ajoutera les documentaires, le théâtre, les spectacles en extérieur, plus quelques musiques pour des défilés de mode, des publicités et des chansons, Alexandre Desplat aura marqué de son sceau son époque.
Alexandre Michel Gérard Desplat naît à Paris le 23 août 1961. Son père est français et sa mère grecque, tous deux s'étant rencontrés lors de leurs études respectives à l'université de Californie à Berkeley. Mariés à San Francisco, ils reviennent s'installer à Paris, où Alexandre grandit dans un environnement musical qui va du jazz au classique en passant par les musiques méditerranéennes. Il étudie en outre les musiques brésiliennes et africaines - et enregistrera plus tard avec des stars de ces genres spécifiques.
A 5 ans, il apprend le piano, puis la trompette, la flûte, l'analyse musicale au Conservatoire de Paris, et enfin l'orchestration à Los Angeles. Cinéphile, il est très tôt inspiré par les grands compositeurs du cinéma, Bernard Hertmann (Hitchcock), Nino Rota (Fellini), Maurice Jarre, Georges Delerue, mais c'est la musique épique de John Williams pour la saga Star Wars qui le décide à se consacrer à ce territoire : le grand écran.
Il compose sa première musique de film en 1985, pour Ki lo sa ? de Robert Guédigian, puis collabore avec Karl Zéro, qui a une émission sur Canal+. Il écrit des chansons pour Eric Morena, dont le tube Oh mon bateau (1987), et rapidement se voit submergé de commandes, pour le cinéma, la télévision (téléfilms et séries), mais aussi pour le théâtre et pour des spectacles nocturnes. On l'aperçoit même en pianiste de bar dans Ma vie est un enfer (1991) de Josiane Balasko.
En 1994, il débute une collaboration à long terme avec Jacques Audiard pour Regarde les hommes tomber. Du même réalisateur, Un héros très discret (1996) et Sur mes lèvres (2001) lui rapportent ses premières nominations aux César.
Rien que dans les années 1990, Alexandre Desplat aura signé vingt-huit musiques originales de films, une vingtaine d'autres pour des téléfilms, et quatre pour des séries, plus quelques spectacles musicaux et des musiques pour le théâtre.
Le cinéma français est certes riche de créativité et d'histoire, mais pour le compositeur, le ciel est la limite, et le cinéma international ne tarde pas à lui faire des appels du pied. Il compose en 2003 la musique de La Jeune fille à la perle, de Peter Webber, et se retrouve nommé aux Golden Globes ainsi qu'à plusieurs prix étrangers. Mais c'est en France qu'il reçoit sa première distinction : un premier César pour la musique du film de Jacques Audiard, De battre mon coeur s'est arrêté. Sa collaboration continue avec le réalisateur lui en rapportera un autre, en 2012, pour De rouille et d'os.
Mais le cinéma américain a pris conscience de son talent et d'une sorte d'héritage des grands compositeurs de musiques de film venus de France, comme Maurice Jarre, si bien qu'on lui demande de plus en plus de partitions pour Hollywood. Il reçoit le Golden Globe de la meilleure musique originale en 2006 pour Le Voile des illusions de John Curran. Il est plusieurs fois nommé à l'Oscar pour The Queen (2006) de Stephen Frears, L'Etrange Histoire de Benjamin Button (2008) de David Fincher, Fantastic Mr. Fox (2009) de Wes Anderson, Le Discours d'un roi (2010) de Tom Hooper, qui lui rapporte en outre un Grammy Award et un Bafta Award (les César britanniques). Il compose aussi bien pour le cinéma dit "indépendant" que pour des blockbusters comme A La croisée des mondes : La boussole d'or (2007), Twilight, chapitre II : Tentation (2009) ou Harry Potter et les reliques de la mort (2010 et 2011).
Cette carrière américaine et anglaise ne l'empêche pas de continuer à signer des musiques pour le cinéma hexagonal, établissant des liens forts avec les univers de divers réalisateurs qui font régulièrement appel à lui, de film en film. Il compose ainsi pour Alain Berbérian, Anne Fontaine, Francis Veber, Florent Emilio-Siri, Xavier Giannoli ou Daniel Auteuil.
Devenu une incontournable personnalité culturelle, Alexandre Desplat est invité à faire partie du jury du 63e Festival de Cannes en 2010, présidé par Tim Burton. Il remporte un autre César pour The Ghost Writer (2010) de Roman Polanski. Il écrit les musiques des films suivants du réalisateur polonais, dont La Venus à la fourrure (2013), qui lui vaut une huitième nomination aux César. Aux Etats-Unis, il compose pour les grands films que sont The Tree Of Life (2011) de Terrence Malick, Zero Dark Thirty (2013) de Kathryn Bigelow, Les Marches du pouvoir (2011) et Monuments Men (2014) de George Clooney, qui lui offre un petit rôle dans ce dernier film, aux côtés de Matt Damon. Il est à nouveau nommé aux Oscars pour Argo (2012) de Ben Affleck et Philomena (2013) de Stephen Frears.
En tangible "workaholic", il trouve le temps de composer sa première pièce symphonique, inspirée par le Péléas et Mélisande du poète Maurice Maeterlinck, commandée par l'Orchestre National des Pays de la Loire.
Il est ensuite le premier compositeur à présider le prestigieux festival de cinéma de Venise, la Mostra, en 2014, pour sa 71e édition.
En 2015, il réussit l'exploit à être nommé deux fois aux Oscars, à la fois pour The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, qui lui rapporte la statuette tant convoitée, et pour Imitation Game de Morten Tyldum. Il est le septième musicien français à recevoir un Oscar, après Maurice Jarre (trois fois), Francis Lai, Michel Legrand (trois fois également), George Delerue, Gabriel Yared et Ludovic Bource. Il remporte aussi un deuxième Grammy Award et un nouveau Bafta Award. Avec près de cinquante musiques de films dans les années 2000, il est désormais un des maîtres incontestés du genre, mais il doit renoncer, pour des problèmes d'agenda, à prendre la suite de John Williams pour composer la musique de Rogue One : A Star Wars Story (2015) de Gareth Edwards, ce qui aurait été un clin d'oeil épanouissant au déclenchement de sa vocation. Il se console en remportant un second Oscar et un second Golden Globe en 2018 pour La Forme de l'eau de Guillermo Del Toro.
Dans la décennie 2010, ce sont cinquante-huit musiques de films qui portent la signature d'Alexandre Desplat, achevant l'exercice avec le J'Accuse de Polanski et Les Filles du Docteur March de Greta Gerwig, avant d'entamer une nouvelle période avec The French Dispatch de Wes Anderson.
Le musicien a rencontré son épouse, la violoniste Dominique "Solrey" Lemonnier, en 1985 chez Coluche lors de l'enregistrement de l'une de ses toutes premières B.O. pour Le Souffleur. Le couple collabore souvent, pour des arrangements de cordes - elle est également sa soliste de prédilection et, parfois, sa directrice artistique.
En 2019, il écrit son premier opéra, En Silence, inspiré par le drame vécu par sa femme, que les suites d'une opération au cerveau ont privée de l'usage d'une main et donc de la pratique de son art.