Biographie
- Naissance : 17 février 1988
- Âge : 36 ans
- Signe astrologique : Verseau
- Résidence : Autriche
3096. C'est le nombre de jours que l'Autrichienne Natascha Kampusch a passés, enfermée dans une cave, aux mains d'un ravisseur qui l'aura gardée huit années sous son emprise. L'affaire Natascha Kampusch est restée l'un des faits divers marquants des années 2000, en Europe.
Natascha Maria Kampusch naît à Vienne, en Autriche, le 17 février 1988. Le 2 mars 1998, sa vie se met sur pause. Ce matin-là, la jeune Autrichienne s'est à nouveau disputée avec sa mère. Ses parents ne s'entendent plus guère et l'ambiance familiale est constamment tendue. Sur le chemin de l'école, dans le quartier de Donaustadt, un van blanc s'arrête à côté d'elle et, selon un témoin de 12 ans lui aussi sur le chemin de l'école, elle est forcée à monter dedans. Ce témoin est la dernière personne à voir Natascha Kampusch avant des années.
Natascha Kampusch vient de se faire enlever par Wolfgang Priklopil, un technicien des communications d'origine tchèque, qui l'emmène alors chez lui, à une demi-heure de Vienne, dans la petite ville de Strasshof an der Nordbahn, en Basse-Autriche. Dans une rue pavillonnaire, il a là une maison ordinaire, entourée d'un jardin. Au sous-sol de cette maison, son père avait construit un abri anti-atomique dans les années 60 : une pièce de 5 mètres carrés seulement, creusée à 2,5 mètres sous le sol et fermée par une porte en acier doublée de béton. Le seul accès est une autre porte cachée dans une armoire, dans le garage du ravisseur.
Si les enquêteurs vont un temps se poser des questions sur la situation familiale de la petite fille, ils vont lancer des recherches qui dureront des années et commencent par l'inspection de 776 vans blancs recensés dans la région, dont celui de Priklopil. Exempt de tout casier judiciaire, le ravisseur répond aux enquêteurs qu'il utilise sa camionnette pour transporter des matériaux nécessaires à des travaux qu'il effectue à son domicile et n'est pas inquiété.
Commence alors une captivité interminable pour la pré-adolescente. Durant les deux premières années, elle reste enfermée dans cette cache, seulement dotée d'un matelas pneumatique. Au fil du temps, elle obtiendra un lit, une commode, une télévision, des livres, une étagère et un bureau. Elle pourra ensuite, toujours sous la surveillance de son geôlier, profiter des autres pièces de la maison et, à partir de 2005, du jardin.
Le ravisseur la menace de mort si elle tente de s'enfuir, il la bat et la prive souvent de nourriture. Il l'autorise cependant à lire et même à acquérir un semblant d'éducation à travers ces livres et des émissions culturelles qu'elle écoute à la radio. Après quelques années, il semble établir une sorte de relation "de couple" avec sa victime et va à plusieurs reprises l'emmener en voiture dans Vienne, pour l'utiliser comme esclave dans la réfection d'un appartement. Il va aussi la forcer à l'accompagner à deux séjours au ski, en la frappant pour qu'elle accepte de l'y suivre. Mais ces expéditions sont fermement encadrées, si bien qu'il lui est impossible alors de s'évader.
L'évasion a finalement lieu le 23 août 2006. Ce jour-là, Priklopil fait nettoyer, dans le garage, sa BMW 850i par Natascha Kampusch. A 12h53, il reçoit un coup de téléphone sur son portable. Il s'éloigne alors pour ne pas être gêné par le bruit de l'aspirateur. L'adolescente en profite pour s'enfuir et va frapper à la porte d'une voisine de 71 ans en lui donnant son nom. La vieille dame refuse d'ouvrir mais appelle la police qui arrive sur les lieux en quelques minutes. Identifiée par une cicatrice connue et un test ADN, son passeport retrouvé dans la maison, Natascha Kampusch est donc libre, après huit ans de captivité et d'esclavage aux mains d'un psychopathe qui, le jour même, en fuite, se suicide en se jetant sous un train de banlieue, près de la gare de Praterstren, avant que d'être capturé par la police.
Natascha Kampusch ne pèse que 38 kilos quand elle est libérée. Commence pour elle une nouvelle épreuve, celle de l'après-captivité, et sa pression médiatique. Elle refuse de confirmer qu'elle a été violée durant sa captivité, en réclamant le droit à la protection de son intimité, mais les enquêteurs sont persuadés qu'elle l'a été, ce qu'après quelques années elle finira par admettre. Elle a été torturée, physiquement et mentalement. Forcément sollicitée de toutes parts, elle accepte de donner un entretien à l'ORF, la télévision publique, qui le revendra par la suite dans 120 pays. Le produit de cette vente sera reversé par Natascha Kampush à des associations d'aide aux femmes africaines et mexicaines. Elle accepte ensuite deux interviews, pour un quotidien et un magazine, contre un dédommagement qui lui permet de financer son logement et ses études. Elle commence à y révéler les brutalités qu'elle a subies, et les angoisses, insomnies et autres séquelles qu'elle en retient.
En juin 2008, elle donne une autre interview en profondeur au quotidien britannique The Times, puis en septembre 2010 sort son livre, 3096 jours, qu'elle a rédigé avec l'aide de deux journalistes. Le film 3096, librement adapté du livre, sort en 2013. Elle le commente en disant s'y être reconnue, mais aussi que la réalité était bien pire et que si elle avait dû être montrée dans sa véracité, le film aurait été un film d'horreur.
En 2016, elle publie un second livre, 10 ans de liberté. D'autres livres ont été écrits sur son histoire, dont un par sa mère. L'affaire Kampusch a donné lieu également à plusieurs documentaires et inspiré d'autres films. La jeune Autrichienne a également eu son propre talk-show, à la télévision autrichienne, qui n'a duré que trois épisodes. Quant à la maison du drame, elle appartient depuis 2008 à... Natascha Kampusch, qui l'a reçue en dédommagement - et pour éviter qu'elle ne fasse l'objet d'un culte macabre ou soit démolie - et en a fait murer le sous-sol. Inhabitée, la maison est parfois visitée par celle qui y fut détenue durant huit années.
D'autres affaires du même type ont été recensées. En Autriche, encore, Joseph Fritzl a tenu en captivité sa propre fille durant 24 ans, la violant et la mettant enceinte à plusieurs reprises. En Californie, c'est un couple qui a kidnappé et retenu Jaycee Dugard durant 18 ans, depuis l'âge de 11 ans, et lui a fait deux enfants.
Dans une interview donnée à un magazine allemand à l'automne 2019, Natascha Kampusch, qui vit désormais de ses droits d'auteur et d'une collection de bijoux qu'elle a lancée, raconte que des années après son calvaire, elle est régulièrement moquée, insultée, agressée sur les réseaux sociaux, qu'elle est l'objet de blagues, de mensonges et d'insinuations, des groupes Facebook ayant même été créés pour être alimentés en plaisanteries sur son destin.