C'est une histoire qui a ébranlé l'Autriche. Et le reste du monde. Le 6 septembre 2006, tout le pays découvrait son visage à la télévision. Cheveux blonds recouverts d'un foulard violet, traits poupins, innocents... Natascha Kampusch racontait son histoire sur la chaîne ORF 2, celle d'une écolière qui avait été kidnappée à l'âge de 10 ans et avait été séquestrée pendant 8 ans, subissant les pires sévices, jusqu'à ce qu'elle ne trouve une porte de sortie et ne prenne la fuite.
Durant les dernières années de sa captivité, Natascha Kampusch avait rédigé quelques carnets, décrivant dans ses pages son calvaire. C'est à l'aide de ces écrits qu'elle a pu dévoiler une version complète de cette longue et abominable période dans un livre autobiographique intitulé 3096 jours, titre correspondant à tout ce temps passé chez son ravisseur. Natascha Kampusch avait été kidnappée sur le chemin de l'école en 1998. "Tout s'est passé en un seul mouvement, comme si la scène avait été chorégraphiée. Une chorégraphie de la terreur, écrivait-elle. Ai-je crié ? Je ne crois pas. Tout en moi, pourtant, n'était qu'un seul cri."
C'était une tentative désespérée
Wolfgang Priklopil, son ravisseur, était un ingénieur social. Il avait d'abord enfermé Natascha Kampusch dans un cachot de cinq mètres carrés, puis il l'avait autorisée à remonter à la surface, dans sa maison située en banlieue viennoise. Il avait alors fait d'elle son esclave, la frappait, la privait de nourriture, l'obligeait parfois à dormir ligotée à lui ou à faire le ménage à demi-nue. Au bout de deux ans, elle avait eu le droit de sortir dans le jardin. C'est lors d'une de ces rares sorties qu'elle avait trouvé une brèche pour s'enfuir, au bout de 8 ans de cauchemar.
Aujourd'hui, Natascha Kampusch a 35 ans. Elle a fait quelques apparitions médiatiques et a animé un talk-show. Son histoire a été adaptée au cinéma par Sherry Hormann en 2013. Abusée sexuellement et psychologiquement, elle explique avoir régressé à l'époque à l'âge mental de 4 ou 5 ans pour parvenir à s'en sortir. "C'était une tentative désespérée pour créer un petit refuge dans une situation sans espoir, assure-t-elle. Je lui demandais même de m'embrasser pour me souhaiter bonne nuit, comme le faisait ma mère. Je faisais n'importe quoi pour préserver l'illusion de la normalité..."