Moment attendu de pied ferme, la lecture du rapport interne de l'influente Sue Gray sur le Partygate, scandale impliquant le Premier ministre Boris Johnson dans différents événements organisés à Downing Street alors que le pays était confiné. Il a réagi ce 31 janvier 2022 rapporte l'AFP, présentant ses excuses devant les députés à la Chambre des communes et tirant les leçons de cette grave affaire politique, tout en refusant de démissionner, même si sa popularité s'est effondrée.
"Je suis désolé pour les choses que nous n'avons tout simplement pas bien faites", a déclaré le chef du gouvernement conservateur, tentant de sauver la situation face au scandale. Également visé par une enquête de police pour ces événements, Boris Johnson, 57 ans et père de sept enfants, a fait un nouveau mea culpa après celui à la reine Elizabeth II , assurant "comprendre la colère" des Britanniques. "Je comprends et je vais y remédier. Je veux dire aux habitants de ce pays que je sais quel est le problème", a poursuivi le Premier ministre. "Vous !", lui ont rétorqué des députés travaillistes, dans une ambiance houleuse.
Dans le rapport rédigé par la haute fonctionnaire Sue Gray, il est toujours plus accablé : elle dénonce "des erreurs de leadership et de jugement" à Downing Street où "un certain nombre de ces rassemblements n'auraient pas dû être autorisés". A une période où les Britanniques étaient contraints de limiter drastiquement leurs interactions sociales en pleine pandémie de Covid-19, "certains des comportements liés à ces rassemblements sont difficiles à justifier", a-t-elle pointé du doigt. Elle déplore notamment une "consommation excessive d'alcool" et souligne que le jardin de la résidence du Premier ministre a été utilisé pour "des rassemblements sans autorisation claire ou sans surveillance", ce qui "n'était pas approprié".
Outre le rapport de la haute fonctionnaire, qui s'est penchée sur seize événements - pots de départ, garden parties, fêtes de Noël ou d'anniversaire - organisés en 2020 et 2021 à la résidence du Premier ministre, la police doit rendre ses conclusions sur plusieurs de ces fêtes, potentiellement les plus dommageables. La police métropolitaine de Londres (la "Met") enquête sur des événements qui se seraient produits à huit dates, entre mai 2020 et avril 2021. Parmi ceux-ci, un rassemblement le 20 mai 2020 dans les jardins de la résidence du Premier ministre - qui avait reconnu y avoir participé tout en affirmant penser qu'il s'agissait d'une réunion de travail - et une fête d'anniversaire surprise en son honneur menée par sa propre épouse la jeune Carrie Johnson, le 19 juin 2020. La Met a dit dans un communiqué avoir reçu plus de 300 images et 500 pages d'informations.
Pour ne pas compromettre cette enquête qui pourrait durer des mois, Sue Gray a expliqué qu'elle n'avait pu faire qu'"une référence minimale" à ces rassemblements. Son rapport a donc été expurgé d'éléments clés, ce qui a provoqué l'indignation. Un porte-parole de Downing Street a assuré qu'"à la fin du processus, le Premier ministre demandera à Sue Gray d'actualiser son travail à la lumière de ce qui sera établi". Ces conclusions finales seront déterminantes pour Boris Johnson.
Le critiquant pour son refus de démissionner, le chef du parti travailliste, Keir Starmer a appelé les membres du parti conservateur à "mettre fin à cette farce" en déclenchant un vote de défiance. Des députés conservateurs ont déjà publiquement appelé leur leader à la démission. D'autres attendaient la publication du rapport Gray pour se décider. L'ancienne cheffe du gouvernement conservatrice à qui Boris Johnson a succédé en 2019, Theresa May, a elle-même sèchement critiqué son successeur, lui demandant s'il "n'avait pas lu les règles, s'il ne comprenait pas ce qu'elles signifiaient ou s'il pensait que les règles ne s'appliquait pas à Downing Street".