Inconnue du grand public mais qualifiée de très influente par ses pairs, Sue Gray est celle sur qui tous les projecteurs sont braqués en ce 26 janvier 2022 au Royaume-Uni. C'est elle qui a été choisie pour enquêter en interne sur "le Partygate", et ses conclusions auront un impact décisif sur la vie politique du Royaume-Uni. Haute fonctionnaire, elle est chargée de mener les investigations sur les événements festifs organisés à Downing Street en plein confinement et qui pointe du doigt Boris Johnson - dernier rebondissement en date, l'organisation de son anniversaire par sa femme durant le premier confinement.
Née en 1957 ou 1958 selon les sources, cette sexagénaire est entrée dans la fonction publique dans les années 1970. Elle n'a pas fait de grandes écoles mais elle a su gravir patiemment et rigoureusement les échelons. La fonctionnaire fait désormais l'objet d'un portrait dans L'Express.
Saluée pour savoir travailler aussi bien avec les travaillistes que les conservateurs, Sue Gray a une très bonnes expériences des enquêtes sur la conduite personnelle. Décrite comme la femme qui dirige le pays, elle se fait remarquer lorsqu'elle occupe le rôle de supervision des bureaux ministériels et de l'éthique au sein du gouvernement (2012-2018). Elle a notamment dirigé l'enquête sur les allégations contre le député Damian Green qui, en 2008, est accusé de posséder des images pédopornographiques sur son ordinateur. La Britannique finira par le prouver et neuf ans plus tard, il avouera les faits et sera renvoyé de son poste au cabinet. Au total, Sue Gray met fin à la carrière de trois ministres conservateurs. En 2018, elle est nommée en Irlande du Nord en tant que secrétaire permanente du ministère des Finances de l'exécutif.
Affichant une allure discrète et classique, elle n'a toutefois pas toujours été derrière un bureau. A la fin des années 1980, elle s'est installée en Irlande avec son mari chanteur de country, Bill Colon, à Newry. Là-bas, elle a géré un bar avec son époux et servi des bières. Une parenthèse particulière qu'elle a fermée pour revenir à ses amours : les dossiers délicats du Cabinet Office dès la fin des années 1990, où elle enchaîne les postes à responsabilités.
Son rôle à présent est de "déterminer si ces réunions arrosées en plein confinement peuvent bénéficier du statut de réunion de travail", indique L'Express. Une mission qui était destinée au haut fonctionnaire britannique Simon Case mais ce dernier a dû se retirer après avoir été impliqué dans... un apéro qui aurait eu lieu dans son bureau. Plus que jamais, Boris Johnson est sur la sellette car cette enquête va permettre à la classe politique de statuer sur son maintien, ou non, au poste de Premier ministre. S'il a jusqu'à présent échappé à un vote de défiance, qui peut être déclenché à la demande de 54 (sur 359) députés de son camp, Boris Johnson est plus que jamais en position très délicate, malgré ses excuses présentées à la Reine et à la nation.