La journaliste et réalisatrice Audrey Diwan en a assez, tout comme les 12 autres femmes qui témoignent dans les pages de Causette, du tabou qui entoure l'avortement. Pourtant, en 2019, 217 291 Françaises auraient eu recours à une IVG selon l'INED. C'est donc avec l'envie d'ouvrir le dialogue et d'élever les voix de ses femmes qu'Audrey Diwan a adapté à l'écran le livre d'Annie Ernaux, L'Évènement, qui sort ce 24 novembre au au cinéma. Et à l'occasion de la sortie du film, 13 femmes issues du monde de la musique, du cinéma, des médias et de la politique ont partagé leurs vécus. L'actrice Anna Mouglalis fait partie de ses briseuses de silence.
Celle qui incarne Madame Rivière dans le long-métrage a dû avorter à deux reprises. "La première fois, j'avais pris la pilule du lendemain. Après coup, j'ai bien senti que j'avais des sensations étranges, j'ai mis ça sur le compte du médicament. Mais ça n'a pas marché. J'ai donc dû avorter. Je n'ai prévenu personne", raconte l'ex-compagne de Samuel Benchetrit, avec qui elle a eu une fille nommée Saül (14 ans).
Quelques jours après l'opération, Anna Mouglalis doit faire face à son père, qui l'a invitée à dîner pour fêter ses 20 ans. "Je ressentais encore des effets de l'anesthésie générale. Comme il est médecin, il a vu que quelque chose n'allait pas et s'est inquiété. Je l'ai rassuré : 'Je ne suis pas malade, c'est parce que je sors d'une anesthésie, j'ai avorté.' Il a quitté la table et m'a plantée seule au resto", a confié la comédienne de 47 ans.
Malheureusement, celle qui a interprété Coco Chanel au cinéma a dû avorter une seconde fois au cours de sa vie. Et encore une fois, certains membres de son entourage ont violemment réagi. "Pour mon deuxième avortement, j'avais dépassé le délai légal (...) Grâce à un réseau militant, une gynéco géniale a accepté de me prescrire un avortement médicamenteux hors délai. Le mec avec qui j'étais mariée (l'homme d'affaires australien Vincent Rae, ndlr) a voulu utiliser ça pendant notre divorce. Il a demandé à l'avocat d'en parler en disant que j'aurais agi sans son consentement. C'est quelqu'un qui m'aurait envoyée en taule avant la législation.... C'est hallucinant !", s'est-elle souvenue.
Anna Mouglalis a évoqué le soutien de ses proches durant cette épreuve. "Un truc de sororité s'est mis en place (...) La douleur était présente mais j'ai eu la chance que ça se passe bien".
Enora Malagré, Barbara Pravi, Valérie Damidot, Corinne Masiero ont également partagé leurs témoignages dans le nouveau numéro de Causette.