Il est souvent difficile de conjuguer le sport professionnel avec les envies d'enfant quand on est une sportive de haut niveau. Si certaines ont réussi cet exploit, notamment dans le tennis, où des athlètes comme Serena Williams sont devenues mères avant de reprendre leur activité sportive et de revenir sur les courts, il y en a certaines pour qui c'est plus compliqué. Dans son édition du jour, Le Parisien a rencontré Isabelle Yacoubou, basketteuse internationale française de 36 ans, qui évolue actuellement à Tarbes (Hautes-Pyrénées) et qui compte 147 sélections en équipe de France.
La joueuse originaire du Bénin vient de sortir un livre, Géante : les Matchs de ma vie (Editions de l'Archipel), dans lequel elle parle notamment de son rôle de mère. Elle évoque notamment l'annonce de sa maternité et l'hypothèse d'avorter à cause des difficultés liées à son métier. "Je suis née pour être maman, mais la société dans laquelle on vit nous explique qu'on ne peut pas être maman et athlète. Quand je découvre ma grossesse (...) j'ai dû dire au médecin que cela tombait mal car je venais de signer un contrat de trois ans dans un club en Italie", raconte la basketteuse, mère de deux enfants (Espoir, adopté en 2015 après presque deux ans de combat, et Lyna, née en 2019).
J'ai douté tous les jours de pouvoir redevenir la joueuse que j'étais. J'ai failli jeter l'éponge plusieurs fois
Elle revient finalement sur son idée et décide de garder son bébé. "Soit on arrête sa carrière, soit on reste athlète, mais jamais les deux en même temps. C'était ma réalité", se souvient Isabelle Yacoubou, qui a tout de même réussi à poursuivre sa carrière. "À l'époque, on disait que pratiquer un sport en étant enceinte était dangereux, que cela pouvait provoquer un avortement. On sait depuis que ce n'est pas vrai", poursuit-elle, avant de révéler les difficultés liées à la reprise après un évènement de la sorte : "Comme j'avais arrêté, la reprise a été plus compliquée. J'ai pris 32 kg pendant ma grossesse. J'ai douté tous les jours de pouvoir redevenir la joueuse que j'étais. J'ai failli jeter l'éponge plusieurs fois."
Au cours de l'accouchement, elle est en difficulté, sa fille pesant 5 kg : "J'ai refusé d'accoucher par césarienne. Je voulais le faire comme ma maman et mes aïeules. (...) Mais j'avais aussi peur des conséquences sur la suite de ma carrière. Dans ma tête, le fait de me couper les muscles de ma ceinture abdominale n'allait pas me permettre de redevenir joueuse. Alors quitte à déchirer un muscle autant que ce soit le périnée... Avec le recul, je me dis que j'aurais dû." Elle a également choisi d'allaiter, s'obligeant à transporter un congélateur pour conserver son lait tiré.
Sa fille Lyna est finalement née en 2019 et Isabelle Yacoubou a pu poursuivre sa carrière et si elle a arrêté l'équipe de France, elle mène aujourd'hui la belle vie du côté de Tarbes avec ses enfants.