La vie de Yannick Alléno et de toute sa famille a basculé une nuit du mois de mai. Alors qu'il était arrêté à un feu rouge en plein Paris, après avoir terminé son service du soir à son restaurant Burger Père & Fils situé dans le 7e arrondissement de Paris, Antoine Alléno a été violemment percuté par un chauffard ivre, récidiviste, qui venait de voler une Audi RS6. Sur son scooter, avec une passagère derrière lui qui n'a souffert que de blessures, le fils de Yannick Alléno est décédé. Il n'avait que 24 ans et un très bel avenir devant lui. Bien que l'homme qui lui a ôté la vie ait été mis en examen pour homicide et blessures aggravées involontaires et qu'il ait été placé en détention provisoire, Yannick Alléno est toujours en colère.
Quatre mois après le drame, le célèbre chef multi-étoilé de 53 ans, entouré de son ex-femme Isabelle et de leur fils Thomas, accorde une longue interview au Journal du dimanche. Comme Yannick Alléno l'avait annoncé peu de temps après la mort d'Antoine, il a créé l'association Antoine Alléno pour aider les proches de jeunes victimes de violences, projet lancé mardi prochain.
Tu vois ton môme derrière une vitre
Malgré son statut de grand chef connu dans le monde entier et sa très grande notoriété, Yannick Alléno a été confronté à la même réalité que les autres familles endeuillées. Aujourd'hui il raconte toute de cette nuit d'horreur, celle au cours de laquelle on lui a appris la mort de son fils, sans aucune humanité. "La nuit du drame, nous sommes arrivés à l'hôpital l'Hôtel-Dieu, à Paris. Une pièce glauque, avec une chaise déglinguée, se souvient celui qui officie notamment au Pavillon Ledoyen dans le 8e arrondissement de Paris. On nous a tendu un bout de papier, le contact d'une personne au cas où on aurait besoin de soutien psychologique. Et puis c'est tout. Même pas un verre d'eau. A 3 heures du matin, on est tous les trois repartis chacun de notre côté."
Sous le choc, Yannick Alléno, son ex-épouse et leur fils Thomas ont suivi le processus en se rendant là où reposait Antoine. "Le lendemain, vous voulez voir votre enfant. Ça se passe à l'institut médico-légal d'un bâtiment sordide derrière la gare de Lyon. Tu vois ton môme derrière une vitre", se remémore le chef auprès du JDD. Fort heureusement, une personne a alors fait preuve d'un peu plus d'humanité. "On a rencontré une dame formidable de gentillesse et d'écoute. Quelqu'un d'humain et ça nous a fait du bien parce qu'à l'hôpital nous étions seuls. Sans rien", confie Isabelle, la maman d'Antoine. Cette "dame formidable" leur a alors expliqué qu'ils venaient de devenir des "paranges". "Elle a eu une expression assez jolie. Il n'existe pas de mot dans le dictionnaire pour qualifier les parents qui perdent un enfant. Elle nous a dit : 'Désormais, vous êtes des 'paranges'. Des parents avec un ange", partage Yannick Alléno. Trente-six heures après la mort de leur fils, son corps leur a été restitué, quand certains parents doivent attendre jusqu'à trois semaines...
"Ce n'est pas possible. On a pris conscience d'un monde inconnu et on s'est demandé comment accompagner les proches de ces jeunes victimes, explique Yannick Alléno. Je veux mettre ma notoriété au service du bien commun. Dans ce combat on a besoin de tout le monde."
L'interview de Yannick Alléno, son ex-femme Isabelle et de leur fils Thomas est à retrouver en intégralité dans le numéro du 18 septembre 2022 du Journal du dimanche.