Le 6 mai dernier, un jour après avoir fêté son 89ème anniversaire, Bernard Pivot s’éteignait à Neuilly sur Seine. Avec lui s’en allait l’un des plus grands défenseurs de la langue française et de la littérature que son émission Apostrophes contribuait à faire rayonner et à populariser.
Depuis sa mort, sa mémoire est entretenue avec ferveur par Cécile et Agnès, ses deux filles éplorées. C’est ainsi qu’elles ont décidé de publier un ouvrage en son hommage. Intitulé Le Goût des autres et publié aux éditions Calmann Lévy, le livre rassemble notamment des photographies inédites et nous dévoile qui Pivot était vraiment. Cécile, sa fille, raconte ainsi que pour le réaliser, elle a "lu des dizaines d’articles, revu ses émissions. Je voulais qu’aux photos sélectionnées, piochées dans ses albums, soient associés des documents écrits, citations, témoignages, interviews, extraits de livres, tweets… précise-t-elle sur le site de Calmann-Levy, où il est édité. Rendre compte du formidable journaliste littéraire qu’il fut, mais pas seulement. Il était un amateur passionné de football et de vin, et un fin connaisseur, du breuvage comme du ballon rond".
Alors que Cécile évoque dans les colonnes du Parisien ce dimanche 22 décembre cet ouvrage qui salue la mémoire du grand homme des lettres, elle en dit plus sur le père qu’il était et sur les derniers jours qu’il a vécus. «Même s’il n’était pas très présent car il travaillait énormément, cela ne nous a pas empêchées de bâtir une relation très forte avec lui. Grâce aux livres, j’ai noué une très grande complicité. Nous avons eu une enfance géniale. Il était très proche de ses filles» raconte la sœur d’Agnès en relatant des anecdotes précises, notamment ces bijoux qu’il offrait à ses enfants pour Noël et qu’il allait chercher dans une boutique des puces de Clignancourt.
Ce père dont sa fille parle avec un amour non dissimulé -et qui ne vivait pas avec sa dernière compagne- lui manque aujourd’hui. C’est ainsi qu’après avoir expliqué qu’elle avait beaucoup pleuré durant la rédaction de l’ouvrage, elle confie : «Le 22 novembre, c’était la Sainte-Cécile et c’était la première fois qu’il ne me l’a pas fêtée. Ce silence était douloureux.» Un silence tombé sur le foyer en mai dernier, survenu après des années difficiles pour le journaliste littéraire, ainsi que le rapporte encore sa fille Cécile dans cette même interview : «Ces quatre dernières années, il était dans la grande vieillesse avec la perte d’autonomie, et ce n’était pas drôle pour lui. Il a été merveilleux, ne s’est jamais plaint. Au contraire, il ne cessait de nous remercier, de dire qu’il avait de la chance d’être entouré.»
C’est pour que le public connaisse encore mieux cet homme rempli de gentillesse que ses filles choisissent aujourd’hui de l’honorer en librairie, comme une déclaration d’amour posthume.