La 45e cérémonie des César restera dans les mémoires. Au moment de la remise du prix de meilleur réalisateur au décrié Roman Polanski pour J'accuse – qui était nommé 12 fois –, l'actrice Adèle Haenel a quitté la scène la salle Pleyel, lâchant un "la honte", suivi d'un "vive la pédophilie" en sortant dans le couloir. Le magazine Paris Match dévoile le contexte de cette décision très critiquée.
Dans son édition du 5 mars 2020, le magazine consacre un papier aux César et a recueilli quelques mots de l'actrice du film Portrait de la jeune fille en feu. "J'étais énervée, mais je n'aurais pas pété les plombs s'il n'y avait eu ce mec derrière moi qui a crié 'Bravo Roman !' quand Polanski a gagné. Ça a été l'élément déclencheur. J'ai dit 'c'est la honte'. Céline [Sciamma, la réalisatrice, NDLR] m'a répondu 'viens, on se casse', et je me suis levée", a ainsi confié Adèle Haenel.
En se levant pour quitter la salle, suivie d'un petit groupe de personnes et alors que la maîtresse de cérémonie Florence Foresti avait elle aussi choisi de ne pas revenir sur scène pour terminer la soirée, Adèle Haenel n'imaginait sans doute pas le déferlement de commentaires qui allait s'ensuivre. Si, heureusement, elle a reçu de nombreux soutiens, elle a aussi été sévèrement taclée par des figures connues du cinéma et des médias, prouvant que le fossé se creuse entre les générations au-delà du petit monde du cinéma français... Le plus gros dérapage est venu d'un directeur de casting, Olivier Carbone, qui lui a promis "une carrière morte", alors même... qu'elle a depuis de signer un contrat à Hollywood !
Le lendemain des César, Adèle Haenel acceptait de se livrer une nouvelle fois à Mediapart ; elle s'était confiée au site pour évoquer les faits supposés d'agressions sexuelles dont elle accuse le réalisateur Christophe Ruggia, pendant son adolescence. "Ils voulaient séparer l'homme de l'artiste, ils séparent aujourd'hui les artistes du monde. Ils pensent défendre la liberté d'expression. En réalité, ils défendent leur monopole de la parole. Ce qu'ils ont fait hier soir, c'est nous renvoyer au silence, nous imposer l'obligation de nous taire", avait-elle déclaré.