Accusé d'"attouchements" sur l'actrice Adèle Haenel lorsqu'elle était adolescente, le réalisateur Christophe Ruggia a été mis en examen jeudi pour agressions sexuelles par un juge d'instruction parisien, après avoir passé deux jours en garde à vue, annonce l'AFP.
Le cinéaste de 55 ans (Les Diables (2002), Dans la tourmente (2011)) qui conteste cette mise en cause, est mis en examen pour "agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité sur la victime". Il a été placé sous contrôle judiciaire le temps que les investigations se poursuivent, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte jeudi matin. Il lui est notamment interdit de rencontrer l'actrice de 31 ans, a précisé une source proche du dossier à l'AFP.
Christophe Ruggia avait été interpellé mardi 14 janvier avant d'être interrogé à Nanterre par les enquêteurs de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP). Une confrontation avec la comédienne a également eu lieu mercredi, durant laquelle chacun a campé sur ses positions, a indiqué à l'AFP une autre source proche du dossier.
L'affaire a démarré à l'automne quand Adèle Haenel, récompensée par deux César en 2014 et 2015, a accusé le cinéaste auprès de Mediapart. Elle a dénoncé dans le journal en ligne "l'emprise" qu'il aurait exercée sur elle pendant la préparation et le tournage du film Les Diables, puis un "harcèlement sexuel permanent", des "attouchements" répétés et des "baisers forcés dans le cou", qui auraient eu lieu chez lui et lors de plusieurs festivals internationaux, le tout alors qu'elle était âgée de 12 à 15 ans.
Adèle Haenel avait dans un premier temps refusé de saisir la justice, se justifiant d'une formule lapidaire et critique sur une institution qui "condamne si peu": "La justice nous ignore, on ignore la justice". Elle avait finalement porté plainte quelques jours après l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet.
Christophe Ruggia s'est défendu à plusieurs reprises dans les médias, assurant par exemple avoir "commis l'erreur de jouer les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu'une telle posture suscite". Il demandait également à la jeune femme de lui "pardonner".
Dans Marianne, le cinéaste a affirmé en décembre dernier qu'Adèle Haenel lui était hostile car il lui avait refusé un film. "Après ce premier film, où Adèle était éblouissante, je lui avais promis d'écrire à nouveau pour elle. J'ai donc rédigé un scénario avec un rôle pour elle et un pour Vincent Rottiers, mais mon producteur ne voulait pas en entendre parler", expliquait-il. "Elle misait tout sur mon futur film. Le lendemain, je recevais une lettre d'une violence inouïe où elle racontait qu'elle stoppait le cinéma parce que je l'avais trahie et manipulée", a-t-il poursuivi.
Christophe Ruggia reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à une éventuelle condamnation.