Voilà un procès qui était très attendu, celui du réalisateur Christophe Ruggia. Celui-ci s'est ouvert au tribunal judiciaire de Paris le lundi 9 décembre 2024. La journée de mardi 10 décembre a été marquée par deux événements, la perte de contrôle de l'actrice et les réquisitions du procureur. Une peine de cinq ans de prison dont deux ans ferme a en effet été requise à l'encontre du réalisateur Christophe Ruggia. Comme le précise l'AFP, la procureure a demandé que la partie ferme de cette peine soit directement aménagée sous bracelet électronique, ce qui veut dire que Christophe Ruggia n'irait pas en prison. Elle a aussi requis une inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles, une interdiction d'entrer en contact avec la victime, et une obligation de l'indemniser. L'audience doit se poursuivre avec les plaidoiries de la défense, et la décision du tribunal sera ensuite mise en délibéré.
Pour rappel, le cinéaste est poursuivi en justice par l'actrice Adèle Haenel pour "agression sexuelle sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité". Les faits dénoncés par la comédienne se seraient produits peu après le tournage du film baptisé Diables (2001), dans lequel elle tournait sous la direction du metteur en scène. À l'époque, Adèle Haenel était âgée de seulement 12 ans.
Ce mardi un autre événement a marqué l'audience, le cri du coeur de l'actrice. "Mais ferme ta gueule !" a-t-elle lancé contre le réalisateur. Adèle Haenel, 35 ans, a reparlé mardi, au deuxième jour du procès, du tournage du film Les Diables. Un tournage particulièrement difficile de l'avis des professionnels adultes, qui diront plus tard avoir été mal à l'aise face au comportement "déplacé" du réalisateur vis-à-vis de l'actrice mineure à l'époque. "Je me retrouve à faire des choses dans cette nouvelle normalité", poursuit l'actrice. Comme "retourner" tous les samedis après-midi pendant deux ans chez le réalisateur (âgé de 36 à 39 ans à l'époque). C'est là que se déroulaient les agressions, sur le canapé où il trouvait toujours un prétexte pour se serrer contre elle, passer sa main sous son t-shirt ou dans son pantalon, en l'embrassant dans le cou, en "respirant fort".
L'ex-compagne de Christophe Ruggia, Mona Achache, a aussi témoigné il y a quelques heures. Elle est revenue sur les confidences du réalisateur sur un unique "geste malencontreux" sur son sein par "accident", lors des visites du samedi après-midi. "C'était une version de l'histoire qui mettait en valeur sa vertu d'avoir retiré sa main", poursuit la témoin de 43 ans, qui assure que Christophe Ruggia lui avait dit avoir été "fou amoureux" de la jeune Adèle Haenel.
Dans l'après-midi, quand Adèle Haenel a fini de parler, le président a rappelé Christophe Ruggia à la barre. Le réalisateur, qui nie tout, a évoqué la veille une "réinterprétation" de gestes de "tendresse", ou du "pur mensonge", sur fond de nécessaire "#Metoo" en France. Christophe Ruggia a ensuite parlé du film, difficile car Adèle Haenel pourrait être "moquée" au collège à cause des scènes de sexe. "J'ai suggéré qu'elle prenne un nom d'emprunt...", a-t-il déclaré, avant d'être interrompu par le cri d'Adèle Haenel : " Ferme ta gueule !"
C'est alors qu'elle a quitté la salle, comme elle l'a fait aux César en 2020 pour dénoncer le sacre de Roman Polanski, accusé d'agressions sexuelles et de viols par plusieurs femmes. Un geste qui avait fait d'elle un symbole pour les féministes. Elle est finalement revenue 30 minutes plus tard.
Ce mardi 10 décembre signe la fin du procès Ruggia, le tribunal rendra son jugement le 3 février 2025.
Christophe Ruggia reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement de cette affaire.