Avec l'autobiographie Dans mes yeux, écrite avec la collaboration de la romancière Amanda Sthers, Johnny Hallyday a provoqué un tourbillon médiatique. Le Taulier qui se confie, c'est déjà un événement, mais dans ces pages, il relate ses souvenirs qui, parfois, impliquent d'autres protagonistes. Parmi ces gens qui figurent dans le livre, il y a Adeline Blondieau, son ex-femme, qu'il épousa en 1990, puis une nouvelle fois en 1994. Le célèbre chanteur dresse un portrait au vitriol de la comédienne aujourd'hui âgée de 42 ans et mère de deux enfants, Aïtor, 13 ans et demi, dont le père est Sergio Tampororelli, et Wilona, 1 an, qu'elle a eue avec son compagnon Laurent Hubert. Elle a décidé de réagir, pas par le biais d'interviews pour s'expliquer, mais par une plainte pour diffamation et désormais une lettre ouverte à celle qui a aidé à l'écriture du livre, Amanda Sthers, lettre publiée sur le site du magazine Gala.
Adeline Blondieau apparaissait rayonnante lors du Festival de Luchon le 14 février pour la promotion de Sous le soleil de Saint-Tropez qui débute le 2 mars sur TMC, mais son visage cache une colère immense. Elle ne veut pas d'interview pour s'expliquer sur ce que dit d'elle le chanteur dans son livre. A la différence d'autres personnalités citées dans l'ouvrage, elle ne veut pas utiliser la voie de presse pour s'expliquer, mais les voies judiciaire et juridique. Voilà qu'elle dévoile sa lettre ouverte à l'écrivain, s'estimant gravement atteinte par les pages qui lui sont consacrées dans l'autobiographie. Défendue par Alexandre Blondieau, son frère avocat qui va bien porter plainte pour diffamation contre les co-auteurs et l'éditeur Plon, la vedette réagit contre ceux qui ont voulu lui "nuire en public". Elle s'adresse à Amanda Sthers et l'interroge sur les conséquences de leurs mots sur une femme et mère de famille.
Lettre ouverte à Madame Amanda Sthers
Chère Madame,
Jamais je n'aurais cru devoir un jour vous écrire publiquement pour parler littérature. Mais les circonstances en ont décidé autrement. Vous vous faites, aujourd'hui, d'une plume assez gracieuse d'ailleurs, la porte-parole des "souvenirs" de Johnny. Vous me donnez dans cet ouvrage une place particulière, tant par la violence des passages qui me sont consacrés que par l'espace que j'y occupe, presque deux pages édifiantes. Quant à ma place dans vos bonnes feuilles, j'y fais à mes yeux figure d'intrus parmi de grandes personnalités... C'est beaucoup d'importance finalement. Mais ces mots, "ses mots" sont-ils la vérité? Vous n'en avez manifestement cure. "Qu'importe", écrivez-vous d'ailleurs dans la préface de cet ouvrage. Qu'importe? Avez-vous mesuré, Madame, en écrivant, la violence de la description que vous vous permettez de faire de moi? Avez-vous réfléchi au mal qu'ils pouvaient nous faire, à mes enfants, ma famille et à moi-même?
Je reprends vos mots: "elle débarquait chaque nuit pour jouer avec le feu que j'étais". Savez-vous, Madame, que vous évoquez ici une adolescente de quatorze ans, qui naïvement avait pris pour un amour fou, un amour extraordinaire, le jeu d'un adulte de quarante-trois ans. Vous êtes-vous demandé qui de lui ou de moi rejoignait l'autre dans le silence de la nuit quand l'alcool avait fait son effet? Ce n'était pas moi. A quatorze ans, encore vierge, je ne représentais à mon avis pas un grand danger pour un homme ayant vécu sa vie. Dès cette époque, il me parlait de notre amour fou et c'est parce qu'il ne pouvait en être autrement que quelques années plus tard, l'été de mes dix-huit ans, j'ai accepté sa demande en mariage. J'ai aimé cet homme plus que tout, au point de croire que je le sortirai du démon de la boisson. Naïve, oui vraiment! Qui des deux, entre une star du rock telle que lui et une jeune bachelière qui se préparait à entrer à la Sorbonne, devrait-on prendre pour le plus manipulateur? C'est à la fois prêter une bien grande maturité à la jeune fille amoureuse que j'étais et un talent pour la manipulation que je ne pense pas avoir confirmé par la suite.
Pourtant je reste persuadée encore aujourd'hui qu'il y a eu un amour réciproque, même si hors norme certainement. On n'épouse pas deux fois "un serpent"... Depuis mon second divorce d'avec Johnny, je me suis reconstruite. J'ai cicatrisé. J'ai mené une vie qui n'a pas fait trop de vagues. Je ne suis pas une habituée des scandales et préfère la discrétion. Je crois n'avoir jamais manqué de respect à mon ex-mari, ces histoires-là, à mon goût, ne regardaient que nous.
Je sais, Madame, que vous écrivez aussi pour les enfants, vous leur avez consacré quelques ouvrages, traitant notamment des peines et douleurs comme la séparation des parents. Je sais, pour les avoir lus, que vous avez écrit ces textes en pensant à vos propres enfants. En écrirez-vous un, Madame, pour consoler les miens du mal que peut leur faire une telle salissure? C'est donc à l'auteure, à la femme et à la mère de famille que je m'adresse ici.
A l'auteure, parce que, à l'inverse du roman, les mémoires ne peuvent se permettre la désinvolture et l'approximation, surtout quand il s'agit de choses aussi graves. A la femme, car je crois savoir que l'adultère et la perversion ne sont pas des sujets qui vous font rire et qu'entre femmes, ou ex-femmes de personnes publiques, nous pouvions nous attendre à un peu plus de solidarité. A la mère enfin, car je ne peux croire qu'une mère ne soit pas sensible à la peine d'un enfant. Sachez, Madame, que les miens auront toujours du mal à subir un tel acharnement. Si comme le mien, vos fils rentraient un jour de l'école en vous disant qu'on les a traités de fils de pute, qu'on les a menacés et qu'ils ont peur d'y retourner, comment le vivriez-vous ? Pour ma part, je le vis mal. Comment expliquer à mon fils qu'il faut serrer les dents et attendre que cela passe ? Et que dirais-je à ma petite fille quand elle sera en âge de comprendre? Qu'on a finalement le droit de bafouer l'honneur d'une mère sans se soucier des répercussions que cela aura sur ses enfants?
Alors je leur dirai qu'il y a des rencontres merveilleuses et d'autres qui vous laissent un goût amer pour la vie. Je leur dirai encore qu'il faut se méfier des gens et que certaines malveillances sont tenaces et destructrices. Je leur dirai enfin que parfois les gens se réinventent leur histoire pour avoir le bon rôle.
La notoriété donne un immense pouvoir (de nuisance en l'occurrence). Elle donne aussi des responsabilités. On ne peut impunément ignorer l'impact de tels propos (les insultes des fans qui prennent tous ses mots pour parole d'évangile, le regard de tous ces Français dont il est à jamais l'idole) et laisser ensuite les gens se débrouiller avec les conséquences de sa propre inconséquence.