À la barre, Gisèle Pélicot a décidé de dédier son combat "à toutes les personnes, femmes et hommes, dans le monde, qui sont victimes de violences sexuelles". Cette affaire ignoble choque, sidère et ébranle les Français depuis des semaines. Quelques minutes avant la suspension du procès des viols de Mazan en l'absence du principal accusé Dominique Pelicot, son ex-épouse a pris la parole devant la salle pour s'adresser aux femmes et aux hommes qui se sont rassemblés ce week-end pour dénoncer les violences sexuelles et la soumission chimique.
Sur BFMTV, c'est Giulia Foïs, autrice (Ce que le féminisme m'a fait, NLDR), journaliste et soeur de Marina Foïs, qui s'est exprimée afin de pousser un coup de gueule contre la culture du viol. En acceptant que le procès de son mari (et des cinquante hommes recrutés par ce dernier sur internet pour la violer alors qu'elle était inconsciente) soit public, Gisèle Pélicot a fait un geste des plus forts. Que Giulia Foïs a voulu honorer. "Elle n'a aucune responsabilité, surtout qu'on lui foute la paix. Elle est libre de faire absolument ce qu'elle veut, comme elle l'entend, au rythme qu'elle veut", a-t-elle fait savoir ce lundi 16 septembre.
À propos de son geste d'ouvrir ce procès, refusant le huit-clos, Giulia Foïs a expliqué : "C'est d'un courage, je dirais presque inqualifiable tellement il est immense donc merci et bravo à elle." Elle s'est également adressée à Madame Pélicot : "Nous, on vous doit quelque chose. On vous doit ce procès. On va pouvoir entrer dans une deuxième phase. Le procès d'Aix-en-Provence, mené par Gisèle Halimi, était celui du viol. Grâce à ce procès-là, le viol est entré dans le code pénal tel qu'il est entré aujourd'hui. Je souhaite de tout mon coeur et de toutes mes forces, et je suis loin d'être la seule à le souhaiter, qu'avec cette affaire sordide, dégueulasse, j'espère véritablement qu'on puisse enfin faire le procès de la culture du viol. De tout ce qui permet, favorise, et encourage un viol toutes les 7 minutes en France."
Pour rappel, Dominique Pelicot, 71 ans, est accusé d'avoir pendant dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020, drogué sa femme aux anxiolytiques pour ensuite la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes recrutés sur Internet. Il a reconnu les faits. Ce sont, à ses côtés, 50 hommes, âgés de 26 à 74 ans, qui sont jugés à Avignon. Ils encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.