Eliane Bernard a 71 ans, et comme beaucoup elle souffrait du dos. Un chirurgien spécialisé exerçant à l'hôpital de Gap, le docteur Gilles Norotte, lui promet alors de lui ôter tous ses maux avec une nouvelle technique, la cimentoplastie discale, qui consiste à injecter du ciment dans les disques de la colonne vertébrale. Elle se fait opérer le 9 janvier 2017 mais découvre après, comme une centaine d'autres patient, que le résultat est désastreux.
"Il m'a cimenté cinq disques. Dès mars des douleurs sont apparues. Sur les conseils de mon fils Alain, je suis allée voir un autre chirurgien à Béziers, qui a été obligé de me réopérer le 20 novembre 2017, car une fuite de ciment comprimait un nerf, relate la maman d'Alain Bernard au Parisien, ce lundi 22 février 2021. Aujourd'hui, il doit y avoir d'autres fuites, car j'ai toujours des problèmes, c'est une souffrance quotidienne. J'ai des douleurs la nuit, le matin au réveil. Pour me lever c'est compliqué. Quand je marche, dès que ça monte, je suis obligée de m'arrêter. C'est un gros handicap."
Il a agi sans mon consentement
Pour Eliane Bernard, il ne fait aucun doute qu'elle a été le "cobaye pour ce chirurgien" qui a exercé entre 2015 et 2017 à l'hôpital de Gap. Jamais la patiente n'a été avertie de la nouvelle technique utilisée par le spécialiste. "A aucun moment il ne m'a précisé qu'il allait utiliser une nouvelle technique chirurgicale. Je n'ai jamais signé aucun document dans ce sens. Il a agi sans mon consentement", s'indigne Eliane Bernard. "C'est seulement en octobre dernier, dans la presse, que j'ai découvert qu'il avait utilisé cette technique. Je suis en colère", martèle-t-elle.
A ce jour, le procureur de Gap a ouvert une enquête préliminaire et le docteur Gilles Norotte a été suspendu par les autorités médicales. Des experts ont jugé sa nouvelle technique "non conforme" et "non validée en France". De son côté, le chirurgien défend que sa technique est tout à fait valide et qu'il est victime d'une campagne diffamatoire.
Champion olympique en 2008 aux Jeux de Pékin, sur 100m nage libre, Alain Bernard soutient sa maman dans cette terrible épreuve de vie. "Ma maman, je luis dois tout. C'est elle qui m'a accompagne tout petit pour apprendre à nager pour disputer des compétitions. C'est grâce à elle que j'ai pu pratiquer mon sport et vivre de ma passion, confie l'ancien champion, aujourd'hui âgé de 37 ans, au Parisien. Il est donc insoutenable pour moi de la voir souffrir comme ça. Et surtout de ne pas avoir de solutions pour la soulager, à part une nouvelle opération. Mais à son âge, avec les risques du Covid dans les hôpitaux, les cliniques, c'est hyper-anxiogène."
Alain Bernard, qui peut sans aucun doute compter sur le soutien de sa femme Faustine (qu'il a épousée l'été dernier) appelle toutes les autres victimes du chirurgien qui s'est occupé de sa mère à faire entendre leur voix et se joindre au collectif, à contacter via cette adresse mail : collectif.cimentoplastie@gmail.com