American Gods : Viré, Orlando Jones (Anansi) crie au racisme et accuse

Jouer un dieu ne garantit pas l'immortalité dans une série, Orlando Jones l'a appris à ses dépens : l'acteur américain, qui a tenu pendant deux saisons le rôle de Mr. Nancy, alias le dieu farceur afro-caribéen Anansi, dans la fascinante série American Gods (Starz, disponible sur Amazon), a été évincé alors qu'une troisième saison du show est attendue. Sur les réseaux sociaux, l'acteur de 51 ans crie au racisme.

"Vous pensiez que j'avais oublié ? Voyons...", teasait vendredi 13 décembre 2019 Orlando Jones sur son compte Instagram. Et le lendemain, près de trois mois après avoir été viré d'American Gods, "#boom" : il y publiait deux vidéos dans lesquelles il s'exprime avec véhémence sur son renvoi, incriminant explicitement le nouveau showrunner de la série, Charles Eglee, en charge du pilotage de la saison 3. Selon lui, le nouvel homme fort estimerait que l'attitude de son personnage, en colère, vindicatif et péremptoire, n'enverrait pas un bon signal à la communauté afro-américaine. "Oh c'est vrai, cet homme blanc est assis dans le fauteuil de celui qui décide. Et je suis certain qu'il a plein de super amis noirs qui le conseillent et qui lui ont bien fait comprendre que s'ils ne se débarrassaient pas de ce dieu furieux de Mr. Nancy, il risquait de lancer une insurrection façon Denmark Vesey [leader d'une révolte d'esclaves sanglante au XIXe siècle, NDLR] dans ce pays", accuse-t-il.

Dans la saison 2 d'American Gods, Mr. Nancy/Anansi s'emporte contre Ibis (le dieu égyptien Thot, incarné par l'acteur Demore Barnes) et Bilquis (une déesse de l'amour apparentée à la Reine de Saba, jouée par l'actrice d'origine nigériane Yetide Badaki), furieux que ces derniers restent neutres dans la guerre entre anciens et nouveaux dieux, alors que, selon lui, les dieux africains devraient être solidaires et se battre ensemble étant donné que personne ne se battra pour eux. Un motif de l'intrigue auquel ses accusations concernant son éviction font aujourd'hui écho...

En légende de la seconde publication de sa vidéo sur son compte Instagram, Orlando Jones implique d'ailleurs plusieurs stars (afro-américaines ou non) pour étayer ses allégations visant aussi Fremantle Media, société de production d'American Gods et de programmes télé comme America's Got Talent : "J'ai été viré d'American Gods le 10 septembre 2019. Tout comme Gabrielle Union, Mel B, Nick Cannon, Heidi Klum, qui ont tous dit que travailler avec Fremantle est un cauchemar absolu", écrit-il. Révolté de se faire traiter comme un "citoyen de seconde classe", l'acteur promet d'autres révélations à venir : "Je dirai toute la vérité, rien que la vérité", signale-t-il, donnant avec cette formule de cour de justice un tour procédural à son réquisitoire. En revanche, il n'oublie pas d'adresser ses remerciements aux showrunners des deux premières saisons (Neil Gaiman, auteur du roman fantastique dont la série est l'adaptation, et Bryan Fuller et Michael Green, les créateurs), qui lui ont aussi permis d'être scénariste et producteur sur le projet.

Du côté de la production d'American Gods, les accusations d'Orlando Jones ne sont pas restées sans réponse. Un porte-parole a démenti que son éviction ait le moindre lien avec des considérations politiques ou raciales, indiquant que tout était une question de scénario : "Les intrigues d'American Gods n'ont pas cessé de changer et d'évoluer afin de refléter la mythologie complexe du matériel d'origine. Le rôle de M. Jones n'a pas été retenu parce que Mr. Nancy, tout comme d'autres personnages, ne figure pas dans la portion du roman sur laquelle se base la saison 3. Plusieurs nouveaux personnages, dont la plupart ont déjà été annoncés, feront leur apparition dans le monde de Shadow Moon [le héros, joué par Ricky Whittle, NDLR] pour continuer à faire de la série l'une des plus diversifiées à la télévision", a fait savoir ce représentant.

Pas sûr que ces objections aient convaincu le principal intéressé. Après s'être refusé à nommer le showrunner qu'il visait, se contentant dans un tweet de le désigner comme "né dans le Connecticut et passé par Yale", Orlando Jones a reposé sur Instagram une vidéo de soutien raillant Charles Eglee pour la récupération de codes afro-américains.