Si on connaissait Raphaël Mezrahi pour ses carrières d'humoriste, d'acteur et de réalisateur français mais aussi pour ses interviews décalées, on ne le savait pas collectionneur. Celui qui a débuté sa carrière en se faisant passer pour un journaliste maladroit en déstabilisant ses invités avec des questions improbables s'est lancé dans la restauration de 500 bandes magnétiques abîmées de producteurs privés où l'on peut retrouver les premiers shows de Dany Boon, Élie Kakou, Sylvie Joly… "Les effluves d’alcool, de papiers et de poussières parfois vieilles de plus d’un siècle chatouillent le nez. Un étroit chemin sinueux permet d’avancer au milieu des piles de bobines, bandes magnétiques, cassettes vidéo, magnétoscopes, écrans, scanners et agrandisseurs en tout genre. Un scalpel traîne sur un clavier. Derrière les portes de ce hangar de la vallée de Chevreuse se cache un paradis pour mystiques du son et de l’image", détaillent nos confrères du Figaro. À ces derniers, Raphaël Mezrahi a lancé taquin : "Jean Dujardin, son rêve était de jouer Zorro, moi c’est Colombo".
Et de reprendre sur ses faits d'arme à l'heure actuelle : "J’en ai déjà sauvé une dizaine dont ceux de Dany Boon, Elie Kakou, Michel Boujenah et un numéro du 'Tribunal des flagrants délires', l’émission culte de France Inter avec Pierre Desproges et Luis Rego. On peut les voir sur myCanal dans l’onglet 'Les Trésors de Raphaël Mezrahi'". L'humoriste a tenu à rappeler l'urgence de sa démarche car "Ces bandes se meurent". En effet, il a expliqué : "Il faut faire vite. D’ici à quinze ans, leur contenu disparaîtra à jamais. Il faut trois mois de restauration et de 5000 à 20 000 euros avant de découvrir ce qu’il y a dessus. Quels que soient le format de la bande et son âge, des têtes de lecture aux agrandisseurs, j’ai toute la logistique. J’ai une démarche de taré, je suis capable de faire 1000 bornes pour récupérer du matériel dans une zone industrielle". Parmi les pépites que l'on peut retrouver dans ses archives ? "Je possède l’archive pas du tout #MeToo de Serge Gainsbourg que tout le monde cherche. Au micro de Carbone 14, il réclame deux filles pour faire l’amour en direct", a-t-il révélé sans détour.
Il a d'ailleurs dévoilé comment il était parvenu à se le procurer et disons qu'il ne s'est pas trop foulé. "Au début des années 1970, il installe une antenne ampli sur le toit de la maison familiale à Troyes pour capter le réseau de Reims", raconte Le Figaro. Puis le principal intéressé d'apporter quelques détails : "J’étais le seul de la région à regarder Casimir et L’Île aux enfants en couleur et à choper FIP en modulation de fréquence. J’ai toutes les cassettes de Radio France de l’époque et trente ans de messages vocaux sur mon répondeur. Ceux qui veulent réécouter leurs proches décédés viennent me voir. (…) Tout cela, c’est ma vie". S'il fait ce travail dans son "coin, sans aucune aide publique. La chaîne Comédie ! a été la première à [l']aider pour la restauration".
"Heureusement, François Bayrou a maintenu Rachida Dati comme ministre de la Culture. Elle connaît par cœur tout ce que je fais. Elle est autant convaincue que moi de l’importance de sauver ce patrimoine. Ces bandes représentent toute une époque. À la rentrée, elle va me présenter les bonnes personnes, si je peux aider à mon tout petit niveau, c’est bien volontiers", a-t-il raconté reconnaissant. Dany Boon, le fils d’Alex Métayer, la fille de Sylvie Joly tout comme la sœur d’Élie Kakou l'ont remercié pour son dévouement. "Raphaël Mezrahi fait un travail extraordinaire", a confié Brigitte Kakou. Et Raphaël Mezrahi de conclure : "J’aime pas les artistes, je suis amoureux d’eux. Mon vrai nom, c’est service public. Je vis dans le présent, 40 ans plus tard".