Connu et aimé du grand public pour avoir interprété le rôle du Dr. Mark Greene dans les huit premières saisons d'Urgences, Anthony Edwards (55 ans) s'est exprimé vendredi 10 novembre 2017 sur la plateforme de blog Medium pour révéler qu'il avait été agressé sexuellement au cours de son enfance.
Dans les années 1970, l'acteur américain était seulement âgé de 12 ans lorsqu'il a rencontré l'homme d'affaires Gary Goddard (alors 20 ans, aujourd'hui âgé de 63 ans), réputé à Hollywood pour avoir produit de gros spectacles à Broadway, en plus d'avoir travaillé pour la Walt Disney Company et d'avoir participé à l'élaboration de plusieurs manèges dans des parcs d'attractions. Dans une tribune bouleversante, Anthony Edwards a expliqué qu'il n'avait jamais osé parler de cette traumatisante expérience à ses parents, alors même que sa mère se doutait de quelque chose. "Lorsque j'avais 14 ans, ma mère m'a poussé à parler honnêtement des rumeurs qu'elle avait entendues au sujet de Gary Goddard (qui était mon mentor, mon enseignant et mon ami), que l'on disait pédophile. J'ai tout démenti en larmes, complètement en panique. (...) Mon père, qui avait souffert de stress post-traumatique après la Seconde Guerre mondiale, était émotionnellement indisponible. Ma vulnérabilité était exploitée. J'étais agressé sexuellement par Goddard, mon meilleur ami a été violé par lui, et cela a duré des années. Notre groupe est resté silencieux", a-t-il confié.
Les victimes se sentent souvent profondément responsables
A l'heure où les révélations sur les affaires d'agressions sexuelles pleuvent à Hollywood, et où les victimes mettent souvent des années voire des décennies avant d'oser dénoncer leurs bourreaux, Anthony Edwards joint sa parole à celle des autres pour affirmer que le sentiment de culpabilité est bien présent, contraignant les plus faibles au silence. "L'un des effets les plus tragiques liés aux abus sexuels d'enfants, c'est que les victimes se sentent souvent profondément responsables, comme si c'était quelque part leur faute. Les responsables usent souvent le mot "amour" pour définir leurs horribles actions, ce qui constitue une trahison totale de la confiance. Les dégâts qui en résultent pour le développement émotionnel d'un enfant sont profonds et impardonnables", a-t-il ajouté. En devenant adulte, Anthony Edwards est finalement parvenu à affronter sa peur pour mieux la dompter. Traité médicalement, le comédien a suivi des thérapies et a pu partager sa terrifiante expérience avec "d'autres survivants". En acceptant de s'ouvrir et d'obtenir l'aide dont il avait besoin, il a pu aller de l'avant et se reconstruire.
Dans son récit, il admet également qu'il a eu l'occasion de recroiser la route de son agresseur. "Il y a vingt-deux ans, j'ai croisé Gary Goddard dans un aéroport. J'ai été capable de lui faire part de mon indignation, par rapport à ce qu'il m'avait fait. Il m'a juré qu'il regrettait et qu'il s'était fait aider. Je me suis momentanément senti soulagé. Je dis momentanément parce que lorsque Goddard est réapparu dans la presse il y a quatre ans pour des faits supposés d'abus sexuels, ma colère a refait surface. A 51 ans, je pouvais compter sur un groupe d'amis aimants et sur l'aide d'un psychothérapeute spécialisé. En faisant face à ma colère dans un endroit sûr avec un professionnel, j'ai finalement été capable d'avoir la conversation que j'aurais voulu avoir avec ma mère lorsque j'avais 14 ans", a-t-il poursuivi. En 2013 et 2014, Gary Goddard avait effectivement fait les gros titres après avoir été accusé de viol par l'acteur Michael Egan (alors adolescent), connu pour avoir également accusé le réalisateur Bryan Singer de faits similaires. Comme ce dernier, Gary Goddard avait "catégoriquement démenti" ces accusations à l'époque.
Aujourd'hui, Anthony Edwards peut compter sur le soutien et l'amour indéfectible de ses proches et de sa famille (marié depuis 1994 à Jeanine Lobell, il est père d'un fils et de trois filles). S'il partage son récit, c'est pour encourager les autres victimes de viols et de pédophilie à parler. "J'ai beaucoup appris au cours des quatre dernières années. Plus important, j'ai appris que je n'étais pas seul. Un homme sur six a été abusé sexuellement avant d'avoir 18 ans. Le secret, la honte et la peur sont les outils de l'abus, et c'est seulement en brisant cela qu'on peut guérir, changer les comportements et créer des milieux sûrs pour nos enfants. (...) Je ne suis pas passé de victime à survivant tout seul. Personne n'y parvient. J'ai demandé de l'aide et je suis tellement reconnaissant de l'avoir fait", a-t-il conclu.