Quelques heures après le dépôt de sa plainte choc contre le réalisateur et producteur Bryan Singer (X-Men), accusé d'avoir abusé d'un mineur en 1999 à l'occasion de "soirées sordides", le plaignant est sorti de son silence. Michael Egan, un ancien acteur aujourd'hui âgé de 31 ans, s'est exprimé devant la presse américaine ce jeudi 17 avril.
Devant les micros, le visage marqué et les mots lui venant parfois difficilement pour décrire ce qu'il dit avoir vécu, Michael F. Egan continuait ses effroyables révélations. Âgé à l'époque des faits de 15 ans, Michael F. Egan avait pris part à ces soirées, qu'il qualifie aujourd'hui de "cauchemars", notamment dans la "maison du diable" (celle d'Encino en Californie, où Bryan Singer aurait abusé de lui). "J'ai été violé plusieurs fois dans cette maison, par plusieurs individus", lâche l'ancien comédien. Il pensait être au milieu de vedettes hollywoodiennes capables de propulser sa carrière, mais il va vivre l'enfer. Commentant quelques jours plus tôt la plainte qui implique notamment Bryan Singer, l'avocat de Michael Egan ne s'était pas gêné pour taper dans la fourmilière, affirmant qu'"Hollywood [avait] un problème avec l'exploitation sexuelle des enfants".
"Nous contrôlons Hollywood, nous pouvons t'éliminer"
Après avoir relaté dans sa plainte les détails de ses relations sexuelles – non consenties – avec Bryan Singer et son complice Marc Collins-Rector, Michael Egan s'est exprimé devant la presse et donne de nouveaux détails sordides : "Il lui (Collins-Rector) est arrivé de me mettre un pistolet dans la bouche pour me forcer à faire des choses que je ne voulais pas faire, lorsque je tentais de me débattre. On voit les choses différemment en devenant adulte, mais lorsque que vous avez quelqu'un qui vous insère un pistolet dans la bouche et qui vous menace d'appuyer sur la gâchette à n'importe quel moment, ne suivez-vous pas ses directives ?"
Le plaignant a également évoqué des menaces explicites émanant de ces personnalités, dont certaines restent encore anonymes. "Ils me disaient : 'Si tu ne continues pas à rendre l'un des membres de ce groupe heureux, nous contrôlons Hollywood, nous pouvons t'éliminer et nous le ferons'", a-t-il raconté à la presse. L'intéresse ne mâche pas ses mots : "J'étais comme un morceau de viande pour ces gens."
De ces soirées qui se déroulaient entre Hawaï et Los Angeles, Michael Egan garde des souvenirs relativement frais. La tentation est grande de se demander pourquoi le jeune homme a mis autant de temps avant de déposer sa plainte et de rendre l'affaire publique, mais il s'en explique d'une manière très cohérente. En révélant au passage que sa mère avait déposé une plainte au FBI en 2000 alors qu'Egan avait 17 ans ("C'est comme si c'était tombé dans les oreilles d'un sourd", lâche-t-il), le jeune homme va enfouir ces horribles souvenirs et suivre une longue thérapie.
Un prédateur sexuel mis en cause
Autre détail qui semble avoir son importance dans la suite des événements, la présence de Marc Collins-Rector et de son associé et compagnon de l'époque, Chad Shackley. Connu dans le business pour avoir été le patron de DEN (Digital Entertainment Network), Marc Collins-Rector est également connu de la justice. Au début des années 2000, le businessman fuit les accusations selon lesquelles il aurait attiré plusieurs adolescents en vue de relations sexuelles. En 2002, à Marbella en Espagne, où il vit avec son compagnon, Marc Collins-Rector est arrêté par Interpol. Après son extradition, il plaide coupable pour avoir transporté quatre adolescents d'un État à un autre dans le but de commettre des actes sexuels illégaux avec eux, mais il évite les dix ans de prison prévus pour les charges qui l'incriminaient. Il n'ira derrière les barreaux que quelques mois (après avoir passé deux ans dans une prison espagnole pour lutter contre son extradition), avant d'être classé comme prédateur sexuel en 2007 par la cour de Floride.
Du côté de Bryan Singer, son avocat Martin Singer a prévu la riposte. Évoquant une histoire "complètement fabriquée", l'avocat croit savoir que l'action de son confrère ne ressemble à rien d'autre qu'à celle d'un "avocat cherchant à avoir ses 15 minutes de célébrité" en organisant une conférence de presse avec le plaignant. Martin Singer prévoit même de répliquer avec une plainte contre Michael Egan. L'affaire ne devrait donc pas s'arrêter de faire des vagues...