Comment 45 millions d'euros ont-ils pu ainsi se volatiliser ? C'est la question qui anime depuis cette semaine la presse espagnole ainsi que la presse sportive internationale, après les révélations fracassantes de l'ancienne championne de tennis Arantxa Sanchez, 40 ans, qui accuse dans sa récente autobiographie - ¡Vamos! Memorias de una vida, una lucha y una mujer (Vamos ! Mémoires d'une vie, d'une lutte, d'une femme), parue mardi 7 février - ses parents d'avoir dilapidé ses gains amassés sur le circuit WTA. Un paquet de linge sale jeté sur la scène publique alors que l'ancienne numéro un mondial, mariée à José Santacana depuis septembre 2008 et mère de deux enfants (Arantxa, 3 ans ce mois-ci, et Leo, né en octobre 2011), vient d'être nommée en décembre 2011 capitaine de l'équipe d'Espagne de Fed Cup, épreuve qu'elle remporta à cinq reprises en tant que joueuse. Et aujourd'hui, elle est ruinée et endettée, condamnée en décembre 2009 par la cour suprême à payer près de 3,5 millions d'euros au Trésor public espagnol en réparation d'une évasion fiscale de 1989 à 1993.
Difficile de croire que l'ancienne star de la terre battue, trois fois sacrée à Roland-Garros, ait pu être aveugle à ce point. Pourtant, décrivant comment ses parents Emilio et Marisa exerçaient un contrôle absolu sur ses activités de tenniswoman (sa mère allant jusqu'à choisir ses coiffures, ses tenues...), elle raconte qu'elle percevait un salaire mensuel versé par son père et lui faisait confiance pour gérer le reste : "Je n'ai jamais eu le moindre doute sur le fait que mon père gérait ma fortune au mieux de mes intérêts", écrit-elle. Ce n'est qu'après sa retraite sportive en 2002 et après avoir coupé les ponts avec ses parents et ses frères qu'elle a eu "la surprise" : "La surprise, puis la déception. La surprise de me retrouver sans ressources après une carrière pleine de succès et, par conséquent, de gains." Une émancipation bien tardive pour l'ancienne joueuse, créditée de 29 tournois remportés en simple (72% de victoires sur plus de 1 000 matchs !) et 69 en double au cours d'une carrière professionnelle de 17 ans, de 1985 à 2002.
Arantxa Sanchez dresse un bilan sans concession : "Ils m'ont laissée sans rien, je suis endettée et dois de l'argent au Trésor public, et mes possessions sont de loin à celles dont dispose par exemple mon frère Javier, qui a gagné beaucoup moins d'argent que moi au cours de sa vie (...) Est-ce que je peux accepter cet abus et me taire ? Ce n'est pas ce que je compte faire. J'ai été une victime, j'ai été volée."
Suite à la publication des "meilleures" feuilles de cette autobiographie dans El Mundo le week-end dernier, la mère d'Arantxa Sanchez, Marisa, a réagi par le biais d'une lettre ouverte dans les médias. Se disant choquée et évoquant les problèmes de santé de son mari Emilio (cancer, Alzheimer), elle écrit : "C'est avec une grande surprise mais aussi une grande douleur que je vois que ma fille a franchi un pas de plus dans sa volonté de nous humilier. Avec son père, nous avons sacrifié 20 ans de notre vie pour la soutenir . Je l'ai accompagnée personnellement à tous ses tournois, délaissant mon mari et mes fils. Mon époux en a fait de même quelques années plus tard. Il est évident que ces accusations sont mensongères et qu'Arantxa n'est pas ruinée." Dur de savoir où est la vérité et... où sont les millions disparus ! Or, le Trésor espagnol attend son dû.