Des larmes et des armes. Cela pourrait être le titre d'un film ou d'un roman, mais non. Armes et larmes. Deux mots qui résument l'émouvant discours de Barack Obama à la Maison Blanche mardi 5 janvier lors de l'annonce de toute une série de mesures visant à mieux contrôler les armes sur le territoire des États-Unis. Une annonce qui a fait couler des larmes sur le visage du président lorsqu'il a évoqué la tuerie de l'école primaire de Sandy Hook en 2012.
Plus symboliques que contraignantes, les mesures annoncées par Barack Obama sur le contrôle des armes aux États-Unis ont provoqué la colère des républicains, majoritaires au Congrès et acquis à la NRA, la National Rifle Association, le lobby pro-armes. "Le lobby des armes a peut-être pris le Congrès en otage, mais il ne peut prendre l'Amérique en otage", a expliqué le président, évoquant "l'urgence absolue" à agir alors que 30 000 personnes trouvent la mort chaque année sur territoire américain du fait des armes à feu. "Nous n'avons plus à accepter ça", a-t-il ajouté, expliquant que si les États-Unis étaient capables d'empêcher un enfant d'ouvrir un tube d'aspirine, ils devaient être capables de l'empêcher d'appuyer sur la détente.
"Le temps des excuses pour justifier l'inaction est révolu", a poursuivi Barack Obama devant des familles de victimes de tueries, notamment des parents d'enfants abattus lors de la tuerie de l'école primaire de Sandy Hook, qui a provoqué la mort de 26 personnes dont 20 enfants âgés de 6 et 7 ans. Père de deux adolescentes, Malia et Sasha (17 et 14 ans), le président n'a pu retenir ses larmes en évoquant ces innocents fauchés par la folie d'un homme : "A chaque fois que je pense à ces enfants, ça me met en colère."
En prenant des décrets visant à mieux contrôler les antécédents judiciaires et psychiatriques des acheteurs d'armes, Barack Obama court-circuite ainsi le Congrès, à majorité républicaine, qui refuse de légiférer sur le sujet, estimant qu'il va à l'encontre du second amendement, selon lequel tout citoyen américain a le droit de porter une arme.
Soutenu par le puissant lobby des armes, le parti républicain a déjà annoncé qu'il ferait tout pour empêcher ces mesures de passer. Un débat sans fin résumé par un édito du New York Times, lapidaire : "Aucune des décisions n'aura un impact majeur sur l'épidémie de violence par les armes en Amérique. Mais c'est parce que M. Obama, seul, a une marge de manoeuvre limitée."