La polémique née de la sélection vendredi de Bastien Chalureau en équipe de France pour le Mondial de rugby ne faiblit pas, à tel point que le deuxième ligne de Montpellier a pris la parole ce lundi 4 septembre 2023 en fin de journée. Le rugbyman a été condamné en 2020 par le tribunal correctionnel de Toulouse à six mois de prison avec sursis pour des "faits de violence avec la circonstance que ces derniers ont été commis en raison de la race ou de l'ethnie de la victime". Il a fait appel de ce jugement.
Lors de la conférence de presse, le rugbyman de 31 ans a répondu à toutes les questions des journalistes, répétant à plusieurs reprises ne pas être raciste. A la question de savoir s'il avait songé à quitter le groupe, Bastien Chalureau a prôné l'unité du collectif dans lequel il évolue depuis plusieurs années. "On a discuté avec le staff de l'équipe de France, ils le savaient depuis le début. La procédure est ancienne et connue par beaucoup de personnes. J'ai voulu m'exprimer devant vous pour m'adresser à tous mes coéquipiers, à ma famille", a répondu le joueur du XV de France avant d'être submergé par l'émotion. "Ca ne touche pas que moi, ça touche ma famille, et c'est pour ça que j'ai voulu parler devant vous, pour totalement clarifier la situation et dire que je ne suis pas un raciste. Je suis un fédérateur, le rugby est un sport avec l'union de beaucoup de communautés. C'est ce qui fait la beauté du sport, avec des caractères différents.", a-t-il ajouté, avant de poser le micro et quitter la conférence de presse.
World Rugby, l'instance suprême du rugby mondial, a également pris position lundi. "Le racisme n'a pas sa place dans le rugby", a réagi le directeur général de World Rugby, Alan Gilpin, tout en rappelant qu'il existait en France un principe judiciaire, celui de la présomption d'innocence.
A ce titre, contacté par l'AFP, Me Mendel, l'avocat de Bastien Chalureau, a précisé lundi que l'audience en appel aurait lieu en novembre à Toulouse, se refusant à tout autre commentaire.
La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra avait estimé dimanche que "dans l'attente de la décision de justice définitive, chacun doit laisser la justice faire sereinement son travail, dans le respect de la présomption d'innocence".
"La ministre a pu s'entretenir avec Florian Grill, président de la Fédération française de rugby, et avec Raphaël Ibanez, manager général des Bleus, qui lui a confirmé qu'un échange avait pu avoir lieu sur le sujet entre Bastien Chalureau et le staff du XV de France", ajoutait un communiqué du ministère transmis à l'AFP. "La ministre a pu s'assurer à cette occasion que le joueur, qui a fait appel de sa condamnation en première instance, maintient sa version des faits et nie toujours formellement avoir tenu des propos racistes, raison pour laquelle il a procédé à cet appel".
Interrogé en conférence de presse dimanche, le capitaine des Bleus Antoine Dupont a affirmé que le "groupe n'était pas affecté" par la polémique et que Bastien Chalureau avait "toujours eu une attitude exemplaire, sur et en dehors du terrain".
Les faits remontent à fin janvier 2020. Bastien Chalureau est accusé par deux anciens joueurs de rugby de les avoir agressés après une soirée à Toulouse.
"On allait descendre dans le parking Jean-Jaurès. J'ai entendu une personne qui criait +ça va les bougnoules ?+ Je me suis retourné et j'ai aperçu un gars costaud (...) Il continuait sans cesse ses insultes racistes. J'ai voulu me retourner et il m'a décroché un coup de poing de toutes ses forces dans la mâchoire", avait raconté l'un d'eux, Yannick Larguet, dans les colonnes du quotidien régional La Dépêche du Midi.
Né près de Cazères-sur-Garonne (Haute-Garonne) où il a débuté le rugby, Bastien Chalureau jouait au moment de l'agression au Stade toulousain. A la suite de cette rixe, il avait été mis à pied par le Stade toulousain et recruté par Montpellier, où il a confirmé les espoirs placés en lui en conquérant son premier titre, le Challenge européen, en juin 2021, puis celui de champion de France en 2022. Des performances qui lui ont ouvert les portes du XV de France, où il compte six sélections depuis novembre 2022.