C’est une liste qui risque d’être scrutée avec attention par les journalistes et par le monde du rugby français. Ce mercredi 15 janvier, Fabien Galthié va annoncer les 42 joueurs qu’il a choisi de retenir pour participer au premier match du Tournoi des Six Nations face au Pays de Galle. Si certains noms sont des évidences, à l’image d’Antoine Dupont ou son coéquipier au Stade toulousain Thomas Ramos, d’autres risquent de faire parler, à l’image d’Hugo Auradou et Oscar Jégou, qui devraient en être également. “Nous faisons confiance à la justice argentine, il y a eu non-lieu, ils sont sélectionnables”, a répondu froidement le sélectionneur, invité du Super Moscato Show, sur RMC, ce lundi.
Il faut dire que les deux rugbymen de 21 ans ont énormément fait parler d’eux ces derniers mois. Accusés de viol aggravé par une femme de 39 ans lors de la tournée d’été en Argentine, les sportifs ont été au cœur d’une enquête très médiatique. Enfin fixés sur leur sort, Hugo Auradou et Oscar Jégou ont pu rentrer en France et reprendre leur vie normale, mais l’affaire continue de marquer les esprits. Ce mardi 14 janvier, Le Parisien est allé voir d’anciens sélectionneurs du XV de France pour avoir leur avis sur la sélection des deux joueurs, qui évoluent respectivement avec la Section paloise et le Stade rochelais. “La justice est passée, il n’y a rien. Alors on ne va pas bouffer leur jeunesse”, tranche Bernard Laporte.
Même son de cloche du côté de Guy Novès concernant les rugbymen Hugo Auradou et Oscar Jégou, dont l’affaire n’est pas encore terminée. “À partir du moment où ils sont jugés non coupables, ils reviennent dans la société. S’ils méritent d’être sur le terrain avec le maillot de l’équipe de France, alors il faut qu’ils y soient”, estime-t-il. Si certains sont donc favorables à leur retour, d’autres sont beaucoup plus partagés sur la question. “C’est compliqué, j’ai du mal à me positionner de façon tranchée. Il faut à un moment tourner la page. (...) Un sélectionneur est parfois confronté à ce genre de dilemme et, dans une vie de groupe, c’est autant voire plus la qualité de l’homme qu’il faut regarder que celle du sportif…”, explique Pierre Berbizier, sélectionneur de 1991 à 1995.
Pour Pierre Villepreux, à la tête des Bleus de 1997 à 1999, impossible d’avoir un avis tranché sur la question. “Je ne sais pas trop, je ne penche ni d’un côté ni de l’autre”, répond-il, tandis que son homologue Jean-Claude Skrela se positionne plus concrètement. “Pour ma part, j’attendrais que l’affaire soit terminée pour de bon, que tout cela soit derrière nous. Cela me semble prématuré. Il y a encore un appel qui court. Ils ont été blanchis pour le moment mais je pense aussi à l’image du rugby. Cette histoire a beaucoup fait parler, elle est très présente encore dans les esprits. Alors pourquoi se précipiter ?”, s’interroge-t-il, avant d’aller plus loin : “On pourrait éviter de récompenser immédiatement Hugo Auradou et Oscar Jégou. On devrait leur laisser le temps de se rattraper, en termes de comportement. S’ils le démontrent au fil du temps, on les reprend, sinon tant pis. Si Fabien Galthié les sélectionne, je crois que ce sera un problème.”
De son côté, Philippe Saint-André estime également que “c’est trop tôt” pour faire revenir les deux joueurs chez les Bleus. Si Fabien Galthié a tranché dans le vif sur les cas Hugo Auradou et Oscar Jégou, ce dernier estime que l’image du rugby français pourrait être écornée par cette décision. “Que va-t-il se passer si l’appel est retenu le 10 février, en plein Tournoi ? On va les renvoyer le 11 ? Est-ce qu’on s’imagine ce que cela provoquerait, ce que cela renverrait comme image du rugby alors que l’on prône désormais l’exemplarité ?”, se demande celui qui a dirigé les Bleus de 2011 à 2015.