Homme d'affaires, des médias, patron sportif, ancien ministre, comédien... Bernard Tapie a eu plusieurs vies dans la sienne. Après avoir vaillamment lutté contre le cancer durant de longs mois, il est mort le 3 octobre 2021 à l'âge de 78 ans. Son décès a été rendu officiel par La Provence.
"Dominique Tapie et ses enfants ont l'infinie douleur de faire part du décès de son mari et de leur père, Bernard Tapie, ce dimanche 3 octobre à 8 h 40, des suites d'un cancer. Il est parti paisiblement, entouré de sa femme, ses enfants, ses petits-enfants et son frère, présents à son chevet. Il a fait part de son souhait d'être inhumé à Marseille, sa ville de coeur", a annoncé sa famille.
En septembre 2019, sa femme Dominique était celle qui avait annoncé son cancer de l'estomac avec extension à l'oesophage à l'AFP. "Bernard souffre d'un cancer de l'estomac avec extension sur le bas de l'oesophage. Il est traité par le service d'oncologie de l'hôpital Saint-Louis, à Paris, par un programme de chimiothérapie adapté. On espère une intervention chirurgicale possible avant la fin de l'année", avait-elle déclaré dans un communiqué. Mais le combat s'est annoncé bien plus difficile que prévu.
Lors d'un long entretien qu'il avait accordé à Laurent Delahousse au mois de novembre (pour son émission 19h le dimanche diffusée sur France 2), Bernard Tapie avait raconté le jour où son cancer lui avait été annoncé. C'était durant l'été : "Quand on vous apprend que vous avez un cancer, c'est comme si on vous mettait une batte de base-ball dans la tête. (...) J'avais d'autant plus aucune raison de craindre ça, je n'avais jamais eu de symptôme, je picole pas, je fume pas." Bernard Tapie était alors engagé dans une chimiothérapie "très très dure".
Bien qu'effrayé par la maladie, Bernard Tapie avait décidé de stopper tous ses traitements, pour ne pas perdre sa lucidité lors du volet pénal du litige l'opposant au Crédit lyonnais et qui avait conduit le parquet de Paris a requérir cinq ans de prison ferme contre lui. C'était en avril 2019. Quelques semaines plus tard, Bernard Tapie avait annoncé la rechute de son cancer. La maladie a fini par toucher les poumons. Malgré son état de santé, extrêmement fragile, Bernard Tapie avait quand même l'envie de remonter sur les planches, dans la pièce Vol au-dessus d'un nid de coucou. Son retour avait finalement été repoussé.
Marié depuis 1987 à Dominique, Bernard Tapie a eu une fille, Sophie, et un fils, Laurent, de cette union. Il laisse également deux autres enfants derrière lui, Nathalie et Stéphane, nés de son premier mariage avec Michèle Layec.
Né le 26 janvier 1943 dans le 20e arrondissement de Paris, Bernard Tapie a eu un parcours hors norme.
Sa carrière d'entrepreneur débute à la fin des années 60, lorsqu'il se lance dans la vente de téléviseurs. L'affaire prospère, il créée son propre magasin qu'il revend. Il se spécialise ensuite dans le rachat de sociétés, puis leurs reventes, avec plus ou moins de succès (Teraillon, La vie claire...)
Dans les années 90, il rachète Adidas alors que l'entreprise allemande, numéro 1 mondial de l'équipement et du textile mondial, est alors en perdition. Bernard Tapie est alors l'une des 20 plus grosses fortunes de France. Lorsqu'Adidas devient à nouveau rentable, il décide revendre, alors qu'il est ministre de la Ville.
En 2012, Bernard Tapie devient actionnaire à 50 % du groupe Hersant Média (GHM), premier groupe de presse de la région PACA. Il s'implique notamment dans la restructuration de La Provence en recrutant Olivier Mazerolle comme directeur de la rédaction.
Puis vient sa période sportive. D'abord avec le cyclisme. Bernard Tapie utilise sa fortune acquise dans les années 1980 pour constituer une équipe cycliste autour de Bernard Hinault. Le coureur remporte son 5e Tour de France en 1985.
Intéressé par le monde du football, il rachète l'Olympique de Marseille en 1986, pour lui donner un nouveau souffle. Il engage des nouveaux joueurs qui deviendront des stars du ballon rond : Jean-Pierre Papin, Eric Cantona, Basile Boli, Didier Deschamps, Marcel Dessailly, Fabien Barthez... L'Olympique de Marseille remporte quatre titres de Champion de France consécutifs de 1989 à 1992 et remporte la Ligue des champions en 1993 face au Milan AC. Mais ce succès fulgurant cachait des arrangements obscures organisés dès 1988-1989.
Suite à l'affaire VA-OM survenue en 1993, l'Olympique de Marseille fait faillite.
D'abord engagé au niveau local à Marseille, Bernard Tapie devient l'un des ministres de François Mitterrand après s'être rapproché de lui. Il est le ministre de la Ville durant un mois en 1992 puis durant trois mois, de décembre 1992 à mars 1993. Il devient ensuite député dans la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône durant trois ans à deux reprises, de 1989 à 1992 puis de 1993 à 1996. Il a également été député européen de 1994 à 1997 et conseiller des Bouches-du-Rhône en 1994-1995.
L'affaire Adidas l'opposant au Crédit lyonnais débute en 1992. Alors ministre de la Ville, Bernard Tapie souhaite vendre Adidas pour éviter tout conflit d'intérêt, comme le réclame François Mitterrand. Il confie un mandat de vente à la SDBO, filiale du Crédit lyonnais. Mais Bernard Tapie est mis en faillite par le Crédit lyonnais en 1994 et l'accord qui avait été passé s'effondre. S'ensuit alors un long feuilleton judiciaire toujours pas conclu à ce jour.
L'affaire VA-OM (pour Valenciennes-Olympique de Marseille) démarre en 1993. Le club nordiste révèle une tentative de corruption a été mise sur pied pour que les Marseillais soient protégés lors du match de championnat opposant Valenciennes à l'OM le 22 mai 1993, soit six jours avant la finale de Ligue des Champions contre le Milan AC.
Le procès VA-OM se déroule en première instance en mars 1995. Il est condamné le 15 mai 1995 à deux ans de prison dont un ferme, peine ramenée en appel en novembre 1995 à deux ans de prison, dont huit mois ferme, et une inéligibilité de trois ans. C'est la peine la plus sévère jamais prononcée en France relative à une affaire de football.
Ses ennuis judiciaires vont mettre un terme à sa carrière politique.
Bernard Tapie perce dans l'audiovisuel dans les années 80 avec son franc-parler. Il créée l'émission Ambitions qu'il anime de 1986 à 1987.
Au milieu des années 90, alors qu'il est inéligible et qu'il est interdit de fonction dans le monde du football, il fait ses premiers pas au cinéma et décroche le rôle principal dans Hommes, femmes : mode d'emploi, film de Claude Lelouch, avec Fabrice Luchini, sorti en 1996.
En 2002, il anime À tort ou à raison, une émission de débats diffusée en deuxième partie de soirée sur TF1. En 2004, il s'essaie au rôle de consultant sportif sur TF1.
En 2005 et 2006, il fait partie des invités permanents de l'émission On refait le match, présentée par Eugène Saccomano et diffusée sur RTL en radio et sur LCI à la télévision. En 2006, il anime l'émission Rien à cacher sur RTL9. De 2001 à 2008, il tient le rôle principal de téléfilms policiers sur TF1 : Cazas en 2001, puis douze épisodes de la série Commissaire Valence diffusés entre 2003 et 2008.