Après l'immensité Bleu pétrole, Alain Bashung, vaincu par le cancer, a laissé ses nombreux adeptes et amis face à un noir désert. Parmi eux, le chanteur écorché de Noir Désir, Bertrand Cantat : le 20 mars 2009, les obsèques de celui à qui toute une génération de rock et de conscience résistante est redevable avaient motivé la première apparition publique de Cantat depuis sa libération en octobre 2007, au terme d'une peine de huit ans de prison pour le meurtre de sa compagne Marie Trintignant.
Lorsqu'il était en prison, Bertrand Cantat avait reçu une commande de textes d'Alain Bashung, qu'il avait déclinée en raison de sa détresse psychologique du moment. A défaut d'avoir prêté ses mots au regretté Alain, Bertrand s'appropriera les siens, signant avec Noir Désir une reprise de l'intense et étourdissant Aucun express, une de ces magies que Bashung élabora avec son complice de plume Jean Fauque sur l'album désormais légendaire Fantaisie Militaire (1998).
Cette version revisitée, forcément en haute fidélité, de Aucun express, on la découvrira à la rentrée sur un album de reprises de Bashung en hommage au dandy rockeur, initié par le label Barclay - maison de disques conjointe de Bashung et Noir Dés', qu'on avait vus et entendus associés en 2000 pour une reprise de Volontaire (clip ci-dessus) parue sur la compilation Climax.
De quoi fournir aux transis du groupe aquitain de rock amer un nouvel os à ronger en attendant son retour concret aux affaires : depuis la libération de Bertrand Cantat, Noir Désir a soufflé le chaud et le froid concernant un successeur à Des visages des figures, son dernier album... publié en 2001. Outre les rares témoignages de ses membres (essentiellement Serge Teyssot-Gay), seuls l'inédit Gagnants/Perdants et la reprise du Temps des cerises, publiés fin 2008, ont témoigné de l'activité du groupe.
"Aucun valhalla ne vaut le détour", chantait Bashung, et chantera Cantat. Deux habitués des "transports" plutôt par "les contre-allées" que par "les grands axes".
Guillaume Joffroy