"Fuck Domenech et Fuck la France", voilà comment Booba ouvrira son nouvel album, le cinquième en solo, qui s'appellera Lunatic (le nom de son premier groupe de rap avec Ali), et qui sortira le 22 novembre. Cet opus s'annonce comme une révolution dans le rap français, comme à chaque fois que Booba entreprend quoi que ce soit. Pour le magazine Snatch, le rappeur de 33 ans et originaire des Hauts-de-Seine, mais qui vit maintenant à Miami s'est confié sur sa vie, ses peines, et sa musique.
Son premier single Caesar Palace a été tourné à Las Vegas, plus américain c'est impossible. Super violent dans les textes, mais très réaliste en même temps, il se joue des codes instaurés par son milieu et invente son propre mode de fonctionnement. Vendredi 1er octobre sortait le deuxième extrait de l'album, la chanson Ma Couleur, sur laquelle il chante d'ailleurs le refrain, un peu aidé par l'autotune.
Un morceau magnifique qui accompagne une vérité : Booba a beau être métis, il est pour certains, un noir. "Ça n'a rien à voir avec un choix, c'est comme ça que je me sens et que je me suis toujours senti. Et ce n'est pas moi qui ai volontairement évacué mon côté blanc : cette partie de moi, on me l'a enlevée. On m'a toujours traité de sale Noir et pas de sale Blanc ou de sale métisse. On m'a fait me sentir Noir. Aux Etats-Unis, quand je prends une amende pour un excès de vitesse, la police coche la case "Black" sur le procès verbal."
Une réalité, une souffrance aussi, qui a guidé la vie de Booba et donc sa musique : "Ça m'est arrivé de ne pas pouvoir aller chez un copain parce que les parents ne voulaient pas de moi. Ils ne voulaient pas d'un petit Noir chez eux. C'est pas évident. Quand tu es issu de deux cultures différentes, tu ressens ce rejet de manière en plus forte. Il y a une partie de toi qui est blanche mais certains ont décidé de refuser son existence et tu ne peux rien faire. Un jour mon grand-père, le père de ma mère, qui est blanc donc, devait me garder et il a raconté que j'étais le fils du concierge. C'est mon frère qui m'a rappelé cet épisode."
Aujourd'hui millionnaire, Booba a connu des moments difficiles par le passé, notamment la prison à trois reprises. A 19 ans, il est condamné à 18 mois ferme, pour le braquage de deux taxis : "Ouais, c'étaient des vols avec arme comme ils ont dit. Mais ce n'était pas pour faire le casse du siècle hein ; c'était une connerie à 200 francs comme j'en faisais plein avec mes potes à cette époque. Ce soir-là, on avait besoin d'argent et tout ce qu'on a trouvé pour en récupérer, c'était ça."
Lunatic, sortie le 22 novembre.