Ses mots résonnent de manière étrange quand on sait qu'il les a prononcés quelques semaines avant de finir derrière les barreaux. Fin juin à Miami, le rappeur Booba rencontre un journaliste du Monde pour M Le Magazine dont il fait aujourd'hui la couverture. D'emblée, la prison est évoquée. Pourtant, à ce moment-là, Booba ne sait pas que le 3 août 2018, il entrera à Fleury-Mérogis après une bagarre avec son ex-protégé Kaaris, en plein aéroport d'Orly. Et ses propos sont lourds de sens.
"Quand ils verrouillent ta cellule, tu te sens vraiment comme une merde, déclare ainsi le célèbre rappeur. Ce sentiment d'impuissance, c'est très fort. Tu te rends compte de ce qu'est le pouvoir, que tu es au-dessous, que tu n'es rien." Cela n'empêchera pas ce père de deux enfants (Luna et Omar) de récidiver...
"Les mecs sont venus te chercher à 6h du mat' et maintenant tu es dans une cage, poursuit-il. Et puis au bout d'un moment, tu es réglé comme un animal. Tu entends la clef du maton et tu remues la queue comme un petit chien. Tu entends la clef et tu te dis 'y a parloir'. Tu l'entends et tu te dis 'y a promenade'. C'est l'échec ? Un jour j'en parlerai à mes enfants."
C'est pourtant un homme bien conscient de ses actes qui se confie. Il est notamment très lucide sur l'image du rap. "Le rap est une cour de récréation, les clashs, c'est aussi bête que ça, dit-il. D'ailleurs, en France, il n'y a pas encore eu de mort. Et de toute façon, c'est pas moi qui ai commencé." Une cour de récré, il l'a très bien dit...
Booba évoque également son attachement profond à sa mère. Une femme qu'il a toujours eu envie de protéger, quand il était gosse comme adulte lors de son premier passage en prison. "C'était dur, je ne voulais pas qu'elle me voie dans ces conditions, qu'elle entende les cris, les insultes des mecs aux fenêtres, je voulais la protéger", assure-t-il. Il n'aura donc jamais laissé sa mère lui rendre visite au parloir.
Interview et portrait à retrouver en intégralité dans M, le Magazine du Monde, N°363 du 1er septembre 2018.