Bruno Retailleau fait partie des poids lourds du gouvernement choisi par son nouveau chef post-dissolution, Michel Barnier. Il a en effet hérité du porte-feuille du ministère de l'Intérieur, précédemment occupé par Gérald Darmanin et n'échappe pas aux casseroles qu'on déniche sur lui. L'homme politique de 63 ans affilié au groupe Les Républicains en possède un qui avait fait grand bruit à la fin des années 1990 et qui concerne une émission de télévision mythique : Intervilles.
Bruno Retailleau faisait partie d'une vaste affaire de triche dans le jeu télévisé Intervilles diffusé sur TF1 en 1997, le 2 juillet précisément. A cette époque, le futur ministre, proche de Philippe de Villiers, rencontré au Puy du Fou alors qu'il officiait bénévolement comme cavalier dans la Cinéscénie, fait partie de l'équipe des "intellectuels" lors du quiz de culture générale d'Intervilles. Il est alors vice-présidence du conseil général de la Vendée et récent ex-député. Tandis que Jean-Pierre Foucault pose les questions, son collègue Olivier Chiabodo fait clairement le signe 3 avec sa main pour identifier la bonne réponse. Pour la deuxième question, on ne voit pas l'animateur dans le champ mais l'équipe répond par un chiffre - alors que Jean-Pierre Foucault demande l'intitulé de la réponse. Et c'est la victoire pour leur équipe. L'association du Puy du fou estimait elle qu'il était plutôt question d'un règlement de compte entre le producteur Gérard Louvin et TF1.
Le Canard enchaîné avait rapidement épinglé Olivier Chiabodo en 1997 et Arrêt sur images en fait un long reportage dans son émission au moment de l'affaire. Outre le rôle de l'animateur controversé, Bruno Retailleau aurait déclaré - selon ce qu'on lit sur ses lèvres - "deux, c'est la deux". Checknews de Libération rapporte la suite de l'affaire : "TF1 s'attelle à un visionnage de soixante-dix heures de cassettes d'Intervilles, histoire de s'assurer que les soupçons de triche visant Olivier Chiabodo sont avérés. La conclusion est affirmative. La Une dépose une plainte contre X, classée sans suite par le parquet." Olivier Chiabodo estime avoir été victime d'un système et d'avoir répondu à des ordres qui lui seraient parvenues dans l'oreillette pour favoriser le Puy du Fou.
Bruno Retailleau avait réagi sur France Inter en 2017, en riant généreusement à la chronique de l'humoriste Charline Vanhoenacker qui citait les frasques de "Balkany, Guéant, Woerth et toutes les affaires" en lui lançant : "vous n'avez pas un peu honte, vous, avec votre histoire de triche à Intervilles ?"
Au regard de l'attitude de Bruno Retailleau, il semble que la page soit définitivement tournée. Et cela ne l'a pas empêché d'atteindre un des ministères les plus puissants de France en cette année 2024.