Depuis qu'il est le délégué général du Festival de Cannes (2001), Thierry Frémaux a toujours oeuvré pour ouvrir les portes du mythique festival de cinéma aux genres les plus extrêmes (du genre à l'animation), aux nouveaux cinéastes, à un septième art engagé... Pour cette édition 2013, il concocte avec Gilles Jacob une sélection où la France tient une place prépondérante alors que le cinéma américain y revient en force. Il ne s'en cache pas, "la présence française à cette 66e édition est très exceptionnelle". Pour autant, "cette confrontation États-Unis/France qui marque la sélection, avec, comme coïncidence, l'hommage fait à l'Inde, prouve bien que les pays forts sont aussi ceux qui proposent le meilleur cinéma", argue-t-il au Film Français.
Pour Thierry Frémaux, l'une des forces du Festival de Cannes restent ces "films qui eux-mêmes témoignent de l'état du monde". Comme son histoire l'a prouvé à maintes reprises par le passé, "Cannes est un immense reflet : quand le cinéma est politique, le Festival l'est aussi". Sans langue de bois, et tout aussi modeste sur les choix de la sélection officielle d'où sortira une Palme d'or annoncée par le jury de Steven Spielberg le 26 mai prochain, Thierry Frémaux ne botte pas en touche lorsqu'il aborde les sujets polémiques, et notamment la place des femmes dans ses sélections. "Je suis, en tant que citoyen, attaché à la parité", commence à avancer le délégué général, qui s'empresse de qualifier cette polémique de "stérile" parce que trop souvent faite au Festival de Cannes. "Il y a toujours eu des femmes en sélection officielle [une seule en compétition cette année, Valeria Bruni-Tedeschi, NDLR] et nous n'avons pas à juger différemment les films, selon qu'ils aient été réalisés par un homme ou une femme", soutient-il.
Face à la critique et l'ultramédiatisation du Festival, Thierry Frémaux se félicite de voir chaque année la Croisette devenir le lieu de ralliement de tous les cinémas et de la presse. "Nous voulons que Cannes reste un lieu où la presse critique joue un rôle fondamental", avance le délégué général. Ce dernier, qui a par exemple eu son master grâce à un mémoire sur les débuts du magazine Positif, ne le nie pas : "J'ai appris le cinéma autant en voyant des films qu'en lisant des critiques." Et si on s'arrache une place sur la Croisette pour y présenter son film, les grands studios n'y ont pas forcément un ticket d'entrée sans faire la queue. Avec le sourire, Thierry Frémaux évoque par exemple la Warner, qui "vient avec Gatsby mais pas avec Very Bad Trip 3, [qu'il aurai] volontiers montré." "Mais à part ça, les rapports avec les studios sont excellents", s'empresse-t-il d'ajouter.
Après douze ans d'un fidèle dévouement, Thierry Frémaux pourra bien prendre le relais laissé par le président du Festival, Gilles Jacob, 82 ans. Ce dernier, à qui il a succédé en 2001, prendra sa retraite après l'édition 2014.